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Journal d'une sphère .

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    Journal d'une Sphère
    par Kamel Daoud
    Comme le journal d'un Cube d'un confrère à la perspicacité légendaire, l'idée serait d'écrire le journal d'une Sphère. Une Sphère politique dont on devine le centre mais dont on ne peut dessiner la circonférence exacte. Il faut en effet une longue pratique de journalisme pour découvrir que certains mots n'existent pas, comme certaines femmes pour les pauvres ou certains virages dans la vie d'une ligne droite, ou certaines réalités sans chèques. L'expression « sphère politique » en fait partie. Quelle est la forme d'une sphère politique ? Qui en est le centre ? Où finit son axe radial ? Questions tangentes mais pas suffisantes.

    « Le propre du Pouvoir politique en Algérie est qu'il est un pouvoir autoritaire faible », expliquera un politologue au chroniqueur. Comprendre: un Pouvoir pris en otage par des « sous-pouvoirs » qui ont besoin de lui comme siège social et capital. Dans ce sens, un chef de brigade ou un chef de daïra dans une commune hors connexion universelle, située dans un appel en absence cosmique, peuvent avoir plus d'autorité et de femmes qu'un colonel ou un ministre à Alger, tout en dépendant de leurs hiérarchies. D'où la question: qu'est-ce qu'une sphère politique ? Réponse possible: c'est un point de rencontre étanche entre plusieurs personnes intervenant sous forme de personnalités, pour un projet commun de pression sur une pyramide de décisions. Une vraie définition qui est totalement fausse.

    La sphère politique en Algérie est aujourd'hui plus régionaliste qu'idéologique. Plus proche du commerce de comptoir que de la rédaction du Manifeste. S'il existe, en effet, des sphères politiques en Algérie, elles sont plates, ne fonctionnent pas en Lobby mais en association. Ce n'est pas une sphère mais un cercle car à ce genre de groupes politiques, il manquera toujours la fameuse 3ème dimension: cet axe géométrique en profondeur, preuve de l'assise sociale. D'où donc la première correction d'optique: en Algérie, il n'y a pas de sphères, mais des cercles. La seconde correction est connue de certains qui ont essayé de décrypter l'architecture des idées politiques en Algérie et les mécaniques de la Prise de décision: il n'existe pas en Algérie un Pouvoir avec une opposition, mais un Pouvoir composé du statu quo d'oppositions endogènes qui en assurent à la fois la reproduction et la surveillance. D'où ce second constat géométrique: les sphères sont des cercles qui sont des roues sur le chemin de l'Etat-national qui va du maquis au Palais.

    Selon la belle profonde expression d'un ancien très haut cadre, rencontré récemment, « rien n'explique mieux l'Etat algérien que la théorie du train sans but: c'est-à-dire un train qui roule tant qu'il y a des rails et dont le projet est de poser des rails pour s'en servir même sans but ». Une théorie proche du Bouddhisme tibétain du nord et de la réincarnation ferroviaire sans fin.

    Le Quotidien d'Oran .
    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "
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