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Voyage à bord de l'autorail Béjaïa-Alger

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  • Voyage à bord de l'autorail Béjaïa-Alger



    En dépit du prix relativement élevé et de certaines insuffisances liées notamment à l’organisation, les voyageurs ont fini par adopter le nouvel autorail.

    Trois mois, jour pour jour, après son exploitation, le nouvel autorail assurant la liaison entre la ville de Béjaïa et la capitale connaît une forte fréquentation. Il fait le plein à chacune de ses navettes. Il nécessite présentement qu’on lui raccorde un autre wagon pour répondre à une demande en nette augmentation. Mais on parle déjà d’une seconde rotation qui prendra le départ d’Alger et un retour dans l’après-midi à partir de Béjaïa.

    Béjaïa, 6h10’: la gare grouille de monde. Bien que nous soyons en milieu de semaine, les voyageurs en partance vers la capitale sont nombreux. Des familles attendent l’ouverture de l’accès au quai, pendant que l’unique guichetier se démène comme un fou pour satisfaire la demande en billets. Une chaîne d’environ 40 personnes était toujours en place à dix minutes du départ du train. Derrière le guichetier, Aâmi Saïd, le contrôleur s’affaire à régler les dernières retouches avant de rejoindre le train. Nous sollicitons, le billet aller-retour Béjaïa-Alger.

    «Désolé Monsieur, le billet aller-retour est suspendu provisoirement», répond gentiment Aâmi Saïd. Première inconséquence du jour. Un aller-retour se paie à plein tarif. «Nous avons eu beaucoup de difficultés avec les voyageurs au retour. Très souvent ils arrivent en retard et trouvent le train complet», expliquait-il sans même qu’on lui pose la question. La direction a pris la mesure de suspension provisoire en attendant d’étudier le meilleur moyen de remédier à cette situation.

    Entre- temps, le chef de gare arrive pour nous remettre le ticket qui donne droit à un accès au train où se fera par la suite le paiement et la remise du billet. Encore une charge pour Aâmi Saïd. Hier, il a dû délivrer pas moins d’une trentaine de billets dans le train en plus du contrôle des voyageurs. A l’intérieur, les sièges sont flambant neufs, une climatisation adéquate, bref des conditions de voyage convenables, comme en témoigneront par la suite de nombreux voyageurs et voyageuses. 6 heures 25’:le machiniste annonce le départ. Alors que le train s’ébranle vers Alger, nous atteignons la cabine de commande. Hakim, qui fait ses premiers pas sur l’autorail, est aux commandes. Djillali, ancien de la boîte, tout en donnant les instructions, nous explique les différences avec les anciens trains et la locomotive. A peine parcouru quelques kilomètres, nous prenons conscience de toute la concentration que nécessite la conduite d’un autorail. Assis sur un siège confortable, ses deux mains sont constamment occupées sur la manette de klaxon et l’autre sur celle d’accélération et de freinage. Le pied gauche doit constamment répondre à l’allumage du voyant bleu sur lequel est indiqué «Homme mort».
    «Si je n’appuie pas sur la pédale dès que le voyant s’allume, le train s’arrêtera automatiquement», explique Hakim tout en restant concentré sur la voie. Une mesure de sécurité en fait, que quoi qu’il arrive au conducteur, le train s’arrête dans les trois minutes qui suivent.

    Le problème de la distribution de billets

    Dans les cabines, les voyageurs font le va-et-vient. Certains n’arrivent pas encore à trouver leurs sièges. Aâmi Saïd est là, secondé par d’autres employés de la société, à aider et faire face aux énervements en conséquence. Alors qu’on n’a pas fini d’installer les voyageurs de Béjaïa que d’autres problèmes surgiront à la gare de Sidi Aïch. En effet, les voyageurs embarqués au cours de cet arrêt découvriront amèrement que leurs places ont été déjà vendues à Béjaïa. Une défaillance du système informatique de distribution de billets. Il a fallu tout l’art du contrôleur et du chef du convoi pour installer tout le monde. «J’ai réservé pour moi et mes enfants et sur le train je constate que qu’on va voyager séparément, c’est pas normal», constate cette dame qui voyage pour la première fois depuis le lancement de ce train. Aâmi Saïd explique cet impondérable et assure que tout rentrera dans l’ordre.

    «Le système de réservation connaît ses limites» affirme-t-il précisant que ce genre de soucis est quasi quotidien. La répartition des places se fait en fonction de l’importance des gares, avons-nous appris. Aussi, au départ à Béjaïa, seulement 149 places sont vendues. Le reste est réservé pour les gares de Sidi Aïch, Akbou, Tazmalt et Bouira. Une opticienne, installée dans la capitale, dit tout le bien de l’autorail, «En dehors de quelques petits soucis qu’il faut bien éliminer un jour, le trajet est des plus agréables», déclare-t-elle. Plus loin un père de famille regrette qu’il n’ait pas pu voyager avec tous les membres de sa famille. Encore une inconséquence de la distribution de billets. «C’est à croire que le service commercial ne maîtrise pas l’organisation des sièges», fait-il remarquer. La climatisation fait parfois défaut. Un dérèglement qui suffoque les voyageurs. La débrouille algérienne trouve la solution. On éteint et on rallume et tout rentre dans l’ordre.

    L’autorail devant rallier Béjaïa-Alger en 3 heures 55 minutes accuse toujours un retard d’au moins 20 minutes. L’état de la voie ferrée, les passages à niveau gardés ou non et les divers obstacles humains et animaux ralentissent considérablement l’avancée du train. Hakim reste constamment concentré sur ses commandes. «La prudence est de mise sur certaines sections de la voie,» dit-il pour expliquer ces gestes répétés. En notre présence, il a dû ralentir des centaines de fois à la vue d’une personne sur la voie, un animal ou encore à l’arrivée au niveau de certaines sections signalées dans sur une feuille remise dans certaines gares. «Jusqu’à Thénia, la vitesse est limitée à 70/80 km/h en raison de la nature de la voie» commente-t-il. Soudain, silence, seul l’avertisseur sonore résonne Des automobilistes s’aventurent à traverser la voie même en voyant le train tout près, explique Djillali qui a eu durant sa carrière à faire à ce genre de comportements relevant de l’inconscience des gens.
    La voie ferrée appartient à tout le monde en Algérie. On y circule à pied, on en fait un raccourci pour rejoindre un point de la ville, on s’y repose et on y consomme de l’alcool, on s’y suicide. Bref, le train n’est jamais seul sur la voie. Les jets de pierre sont l’autre fâcheuse manière de saluer le train. Certains enfants s’amusent à rester sur la voie jusqu’à la dernière minute en dépit des klaxons assourdissants. «Quoi qu’on fasse, on est obligé de ralentir pour éviter le pire», dit Djllali. Le conducteur du train est traîné dans les tribunaux pour le moindre incident avec une prise de sang. Les machinistes ont la vie dure. «S’il arrive que vous percutiez un passager à pied ou à bord d’un véhicule, on prend votre sang pour l’analyser et vous êtes convoqué pour un procès», souligne notre machiniste qui ironise aussi: «On vous fait une prise du sang et on vous autorise à poursuivre la conduite du train. C’est quant même paradoxal!» Au total, l’autorail ralentit 84 fois sans compter les arrêts dans les gares et d’autres ralentissement dus aux faits humains à l’image de ce pneu au milieu de la voie, d’une autre prière sur les rails. Sur les 84 passages à niveau, seuls 12 sont gardés.

    Des travaux et des souvenirs douloureux

    Hamid Bradaï, ingénieur chargé des voies ferrées et tous les travaux inhérents aux gares, nous rejoint à Béni Mansour, une grande gare carrefour, où l’autorail change de sens de circulation. De nouvelles consignes sont données au machiniste. Il est prévu pas moins de sept ralentissements jusqu’au terminus. L’autorail sera amené à rouler à 15km/h. Hamid et son équipe sont chargés d’inspecter la voie au quotidien et d’en relever les insuffisances pour y remédier par la suite. Selon lui, l’Etat veut réhabiliter le train et des efforts sont faits dans ce sens. La rampe, l’inclinaison, les courbes, tout est pris en considération pour améliorer la sécurité des voyageurs et le temps de parcours.
    «La vitesse est déterminée en fonction de l’inclinaison et de la courbe», fait constater notre ingénier.

    A certains endroits, la vitesse est fortement réduite. C’est le cas au niveau du tunnel de Lakhdaria qui a connu un drame le 28 février 2008. Un silence est observé comme pour rendre hommage aux deux victimes. M.Talbi Md Amokrane, un machiniste originaire de Tazmalt y a laissé la vie au cours d’une collision entre le train 173 et une machine. Son fils a été recruté par l’entreprise. D’autres souvenirs refont surface à Souk El Had, théâtre d’un attentat terroriste. Les carcasses de wagons s’y trouvent encore aujourd’hui comme pour rappeler la tragédie nationale. Chemin faisant, les discussions entre les employés tournaient beaucoup autour de leur situation socioprofessionnelle. L’augmentation de leurs salaires ne sera connue qu’au mois de septembre. C’est pourquoi on en parle. Selon un syndicaliste qui était du voyage, l’augmentation varierait entre 3000 et 7000 dinars. La société est classée au 52e rang en matière de salaire. Le salaire de base d’un machiniste qui a 28 ans de service ne dépasse pas 14.500 dinars algériens. Le salaire n’est conséquent que grâce aux primes. C’est pourquoi beaucoup de cheminots sacrifient leurs vacances pour maintenir leurs salaires à un bon niveau.

    Arezki SLIMANI (L'Expression)
    Dernière modification par mendz, 09 août 2009, 20h45.

  • #2
    L’autorail devant rallier Béjaïa-Alger en 3 heures 55 minutes accuse toujours un retard d’au moins 20 minutes
    je me souviens de l epoque ou on mettait 8 heures quand on avait de la chance
    et se farcir par des petits malins des casse-dalles au savon de marseille
    ont ils prevu un wagon avec service de restauration
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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