Maroc : Ce n’est plus un roi, c’est bon Dieu
lundi 10 août 2009
On ne doit pas porter de jugement sur le roi ni sur ses actions, même si ces appréciations sont positives. Pour n’avoir pas compris cela, l’hebdomadaire TelQuel et sa version arabe Nichane ont vu leur édition du samedi 1er août 2009 saisie (dès l’imprimerie et non à la sortie) et détruite sur ordre des autorités marocaines.
Dans la livraison incriminée, les deux canards qui ont caqueté plus que de raison, au goût de Rabat, devaient publier, en collaboration avec Le Monde, un sondage sur le bilan de Mohamed VI qui fêtait ces jours-ci le dixième anniversaire de son accession au trône.
Il est vrai qu’une telle initiative n’avait pas de précédent dans le royaume chérifien mais dans cette enquête d’opinion, M6 avait au moins l’heur de recueillir 91% d’avis favorables. De quoi faire rêver de nombreux dirigeants à travers le monde. C’est tout juste s’il y a un bémol concernant, par exemple, la lutte contre la pauvreté et les droits des femmes. Qu’importe ! "La monarchie ne peut faire l’objet au Maroc d’un débat, même par voie de sondage", tranche, Khalid Naciri, ministre de la Communication mais néanmoins grand baïllonneur.
Dites donc, il a beau être le Commandeur des croyants, on pensait avoir affaire à un monarque, mais là, c’est carrément bon Dieu en personne dont l’image est érigée au statut de dogme, et malheur aux impies qui ne le respecteraient pas. Peut-être nos malheureux confrères auraient-ils dû graver cela dans le marbe de leur charte rédactionnelle et de leur ligne éditoriale au lieu de blasphémer de la sorte.
Plus sérieusement, y a-t-il vraiment lieu de sanctifier ce qui n’a pas lieu de l’être ? Pour dire vrai, cette atteinte à la liberté de presse et d’expression (bien entendu, dans le strict respect de la loi) aura été la tache sombre de la commémoration au cours de laquelle les journalistes, observateurs et autres analystes plus ou moins avisés n’auront pas été avares en dithyrambes ni en superlatifs. Las ! On avait découvert, il y a dix ans, un jeune souverain beau, moderne, quand même plus ouvert que son défunt père Hassan II, sous lequel régnait une dictature de velours, là où on découvre que la royauté chérifienne traine encore des scories dont elle gagnerait à se débarrasser. Surtout s’il s’agit de donner des coups d’épée dans l’eau.
Car avec l’avènement d’Internet, ces saisies sont devenues tellement vaines que ce qui est interdit sur support papier peut très bien circuler à la vitesse du son sur la toile. Et dans le cas d’espèce, l’inanité de l’oukase est d’autant plus sonore que Le Monde, partenaire de l’opération, a été diffusé partout dans... le monde, sauf au Maroc bien sûr où ses exemplaires ont connu le même sort que ceux de ses deux complices. Comme quoi, il ne faut pas gâter son nom pour rien, surtout qu’on fait, du même coup, une grosse publicité pour quelque chose qui serait peut-être retombé rapidement tel un soufflé. Le fruit interdit n’a-t-il pas, de tout temps, été l’objet de toutes les convoitises ? Il en va autant du canard.
L’Observateur Paalga
lundi 10 août 2009
On ne doit pas porter de jugement sur le roi ni sur ses actions, même si ces appréciations sont positives. Pour n’avoir pas compris cela, l’hebdomadaire TelQuel et sa version arabe Nichane ont vu leur édition du samedi 1er août 2009 saisie (dès l’imprimerie et non à la sortie) et détruite sur ordre des autorités marocaines.
Dans la livraison incriminée, les deux canards qui ont caqueté plus que de raison, au goût de Rabat, devaient publier, en collaboration avec Le Monde, un sondage sur le bilan de Mohamed VI qui fêtait ces jours-ci le dixième anniversaire de son accession au trône.
Il est vrai qu’une telle initiative n’avait pas de précédent dans le royaume chérifien mais dans cette enquête d’opinion, M6 avait au moins l’heur de recueillir 91% d’avis favorables. De quoi faire rêver de nombreux dirigeants à travers le monde. C’est tout juste s’il y a un bémol concernant, par exemple, la lutte contre la pauvreté et les droits des femmes. Qu’importe ! "La monarchie ne peut faire l’objet au Maroc d’un débat, même par voie de sondage", tranche, Khalid Naciri, ministre de la Communication mais néanmoins grand baïllonneur.
Dites donc, il a beau être le Commandeur des croyants, on pensait avoir affaire à un monarque, mais là, c’est carrément bon Dieu en personne dont l’image est érigée au statut de dogme, et malheur aux impies qui ne le respecteraient pas. Peut-être nos malheureux confrères auraient-ils dû graver cela dans le marbe de leur charte rédactionnelle et de leur ligne éditoriale au lieu de blasphémer de la sorte.
Plus sérieusement, y a-t-il vraiment lieu de sanctifier ce qui n’a pas lieu de l’être ? Pour dire vrai, cette atteinte à la liberté de presse et d’expression (bien entendu, dans le strict respect de la loi) aura été la tache sombre de la commémoration au cours de laquelle les journalistes, observateurs et autres analystes plus ou moins avisés n’auront pas été avares en dithyrambes ni en superlatifs. Las ! On avait découvert, il y a dix ans, un jeune souverain beau, moderne, quand même plus ouvert que son défunt père Hassan II, sous lequel régnait une dictature de velours, là où on découvre que la royauté chérifienne traine encore des scories dont elle gagnerait à se débarrasser. Surtout s’il s’agit de donner des coups d’épée dans l’eau.
Car avec l’avènement d’Internet, ces saisies sont devenues tellement vaines que ce qui est interdit sur support papier peut très bien circuler à la vitesse du son sur la toile. Et dans le cas d’espèce, l’inanité de l’oukase est d’autant plus sonore que Le Monde, partenaire de l’opération, a été diffusé partout dans... le monde, sauf au Maroc bien sûr où ses exemplaires ont connu le même sort que ceux de ses deux complices. Comme quoi, il ne faut pas gâter son nom pour rien, surtout qu’on fait, du même coup, une grosse publicité pour quelque chose qui serait peut-être retombé rapidement tel un soufflé. Le fruit interdit n’a-t-il pas, de tout temps, été l’objet de toutes les convoitises ? Il en va autant du canard.
L’Observateur Paalga
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