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    Bon voisinage
    par El-Guellil
    Nuit d'été. Il est onze heures le soir et des poussières. Beaucoup de poussières. Il ne peut pas fermer les fenêtres qui donnent sur l'avenue-piste qui attend le goudron comme on attend «El-mehdi el-mountadhar».

    C'est qu'il fait très chaud. La clim, il ne peut pas se la payer. Donc el-broud de moulana est la seule alternative. Mais voilà, il n'est pas le seul à étouffer dans son trois-pièces à quatre sous, payé les yeux de la tête, qu'il partage avec toute la smala et les diaf. Des jeunes sont en bas de l'immeuble. Eux aussi ont fui la chaleur et l'exiguïté de leur maison. Ça parle doucement, ça fume durement et ça s'accompagne sûrement de musique à fond les baffles. Il les comprend ces jeunots. Ils n'ont rien. Aucun loisir. Ils se les créent.

    Mais voilà, lui il doit se réveiller tôt le matin et en pleine forme pour garantir le petit pain quotidien. Malgré les ouf et les comptages de moutons, qu'il aurait aimé posséder, le sommeil le boude. En plus, les moustiques n'arrangent pas les choses. Ces bestioles deviennent résistantes à tous les insecticides. De temps en temps, il sort la tête de sa fenêtre pour tenter un «chuuuut» en direction du groupe de jeunes, qui diminuent le son de la musique un moment, avant de récidiver quand c'est le dernier tube de Cheb Taliani qui crache sa poésie approximative. Trop c'est trop. Le seuil de l'immeuble se transforme en sale des fêtes. Les jeunes en transe accompagnent le tempo. On tape des mains. On crie. Des envolées verbales indignes du voisinage et... il n'en peut plus.

    - Chachra, la musique d'accord, mais au moins ne «tombez pas les mots». Pas de vulgarité, on est en famille !

    - De quelle vulgarité tu parles, sahbi ? On déconne, c'est tout. Maintenant, si ça vous dérange, déménagez. Sur les journaux, il y a plein de villas haut standing proposées à la vente dans les quartiers résiduels (l'universitaire du groupe voulait dire résidentiels).

    Au petit jour, les jeunes désertent le seuil de l'immeuble. Lui ne trouve pas le sommeil. Il descend au seuil de l'immeuble et met à fond sa musique, sa chanson préférée «Wahran Wahran, rohti khsara». Mais c'est l'appel à la prière.

    Va-t-il, par respect, arrêter la musique ? Je ne sais pas ! Je me suis endormi...


    LE Quotidien d'Oran .
    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "
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