[Aps 12/8/09] ALGER - Voici l'interview accordée à l'APS par le ministre des Finances, M. Karim Djoudi, dans laquelle il répond aux questions relatives à la teneur et aux objectifs de la Loi de finances complémentaire 2009 et apporte des clarifications sur les principales dispositions de ce texte.
QUESTION: Monsieur le Ministre, certaines dispositions de la LFC pour 2009 ont suscité des inquiétudes et de la confusion dans les milieux des affaires et médiatiques, pourriez-vous nous la présenter de nouveau ainsi que le contexte de son élaboration?
REPONSE: D'abord, je vous remercie de me permettre de m'exprimer sur votre fil d'informations. Afin d'éclairer l'opinion publique sur les motivations des décisions contenues dans cette ordonnance, il convient de rappeler le contexte caractérisé par une évolution défavorable d'un certain nombre d'indicateurs financiers d'une part, atténuée heureusement par le maintien de fondamentaux économiques qui restent solides.
En effet, au plan externe, nos revenus à l'exportation par rapport au premier semestre 2008 ont diminué de moitié. Par contre, nos importations ont été stabilisées à 19 milliards de dollars grâce aux mesures engagées dans les Lois de Finances précédentes. Ceci fait que notre balance commerciale sur le premier semestre de cette année affiche un excédent d'un peu plus d'un milliard de dollars contre 20 milliards de dollars sur le premier semestre de l'année 2008.
Les réserves de change se sont stabilisées et correspondent à quatre années d'importation. Au plan budgétaire, les recettes fiscales pétrolières ont connu une baisse sensible, soit 50%. Malgré cela, l'Etat a pu stabiliser le Fonds de régulation des recettes à un niveau de 4.280 milliards de DA. La croissance projetée pour l'exercice 2009 est estimée à 4% avec une croissance hors hydrocarbure de 6,4%.
L'inflation, malgré la poussée constatée en début d'année, enregistre une baisse et devrait se stabiliser autour de 4%.
QUESTION: Quelles sont les enjeux portés par cette LFC ?
REPONSE: L'enjeu majeur pour l'économie algérienne, compte tenu que 97% de nos recettes d'exportation et 70% des recettes fiscales proviennent des hydrocarbures, est de diversifier les sources de revenus internes et externes.
L'autre enjeu majeur concerne l'emploi. L'Etat ne peut plus être l'unique pourvoyeur de ces emplois et il devient indispensable que la sphère de production privée y soit associée.
Vous savez que l'Etat est un intervenant multiple et omniprésent sur le marché de l'emploi. Il en crée directement, finance la création d'emplois d'attente, stimule la création d'emplois par l'expansion de la demande publique particulièrement dans le bâtiment, les travaux publics et les services. Le défi est que ces créations d'emplois soient des postes d'emplois structurels et non conjoncturels, dans un marché de l'emploi mieux organisé et offrant plus d'opportunités.
Notre vision est réaliste. Elle privilégie une approche pragmatique pour affronter les fortes contraintes qui s'amplifient avec le temps en termes de postes d'emplois à créer. Aussi est-il absolument indispensable que, dans un délai relativement court, notre économie se transforme de façon à assurer une diversification des revenus externes et internes et que des acteurs économiques autre que l'Etat, c'est-à-dire de la sphère privée, émergent et génèrent de plus en plus d'emplois et de revenus au bénéfice de toute la nation.
QUESTION: Au vu de ces contraintes et de ce contexte contraignant, quels seraient les risques pour l'économie nationale ?
REPONSE: Vous savez que consécutivement aux ajustements structurels opérés dans un contexte d'ouverture tous azimuts au commerce extérieur, une grande partie de nos entreprises ont été déstructurées et n'ont pu procéder à la mise à niveau de leur production. Il en résulte qu'une grande partie de la demande globale, publique ou privée, est satisfaite par l'offre d'importation.
En d'autres termes, ce sont des avantages relatifs qui sont données ainsi au commerce au détriment de la production.
Notre réaction, en sus de la mise à niveau du système productif local pour améliorer sa compétitivité, est notamment d'orienter les Investissements Directs
Etrangers vers le développement de niches d'exportation variées ou de substitution à l'importation, plutôt que de capter des bénéfices issus des opérations du commerce extérieur.
Laisser l'économie évoluer sur son régime actuel sans mettre en avant le primat de la production ne peut qu'emballer les demandes de dépenses d'importation auxquelles il sera difficile de faire face à terme, faute d'une disponibilité des ressources nécessaires pour couvrir ces dépenses.
Et ceci est d'autant plus vrai que le marché algérien est, aujourd'hui, un marché attractif à tout point de vue, disposant de liquidités et porteur d'une forte demande dans un contexte international de déprime globale sur les marchés internationaux.
Mais on se doit de renforcer ces atouts en développant sur le marché national des biens et services la part de l'offre interne par rapport à celle provenant des importations.
[Aps 12/8/09]
QUESTION: Monsieur le Ministre, certaines dispositions de la LFC pour 2009 ont suscité des inquiétudes et de la confusion dans les milieux des affaires et médiatiques, pourriez-vous nous la présenter de nouveau ainsi que le contexte de son élaboration?
REPONSE: D'abord, je vous remercie de me permettre de m'exprimer sur votre fil d'informations. Afin d'éclairer l'opinion publique sur les motivations des décisions contenues dans cette ordonnance, il convient de rappeler le contexte caractérisé par une évolution défavorable d'un certain nombre d'indicateurs financiers d'une part, atténuée heureusement par le maintien de fondamentaux économiques qui restent solides.
En effet, au plan externe, nos revenus à l'exportation par rapport au premier semestre 2008 ont diminué de moitié. Par contre, nos importations ont été stabilisées à 19 milliards de dollars grâce aux mesures engagées dans les Lois de Finances précédentes. Ceci fait que notre balance commerciale sur le premier semestre de cette année affiche un excédent d'un peu plus d'un milliard de dollars contre 20 milliards de dollars sur le premier semestre de l'année 2008.
Les réserves de change se sont stabilisées et correspondent à quatre années d'importation. Au plan budgétaire, les recettes fiscales pétrolières ont connu une baisse sensible, soit 50%. Malgré cela, l'Etat a pu stabiliser le Fonds de régulation des recettes à un niveau de 4.280 milliards de DA. La croissance projetée pour l'exercice 2009 est estimée à 4% avec une croissance hors hydrocarbure de 6,4%.
L'inflation, malgré la poussée constatée en début d'année, enregistre une baisse et devrait se stabiliser autour de 4%.
QUESTION: Quelles sont les enjeux portés par cette LFC ?
REPONSE: L'enjeu majeur pour l'économie algérienne, compte tenu que 97% de nos recettes d'exportation et 70% des recettes fiscales proviennent des hydrocarbures, est de diversifier les sources de revenus internes et externes.
L'autre enjeu majeur concerne l'emploi. L'Etat ne peut plus être l'unique pourvoyeur de ces emplois et il devient indispensable que la sphère de production privée y soit associée.
Vous savez que l'Etat est un intervenant multiple et omniprésent sur le marché de l'emploi. Il en crée directement, finance la création d'emplois d'attente, stimule la création d'emplois par l'expansion de la demande publique particulièrement dans le bâtiment, les travaux publics et les services. Le défi est que ces créations d'emplois soient des postes d'emplois structurels et non conjoncturels, dans un marché de l'emploi mieux organisé et offrant plus d'opportunités.
Notre vision est réaliste. Elle privilégie une approche pragmatique pour affronter les fortes contraintes qui s'amplifient avec le temps en termes de postes d'emplois à créer. Aussi est-il absolument indispensable que, dans un délai relativement court, notre économie se transforme de façon à assurer une diversification des revenus externes et internes et que des acteurs économiques autre que l'Etat, c'est-à-dire de la sphère privée, émergent et génèrent de plus en plus d'emplois et de revenus au bénéfice de toute la nation.
QUESTION: Au vu de ces contraintes et de ce contexte contraignant, quels seraient les risques pour l'économie nationale ?
REPONSE: Vous savez que consécutivement aux ajustements structurels opérés dans un contexte d'ouverture tous azimuts au commerce extérieur, une grande partie de nos entreprises ont été déstructurées et n'ont pu procéder à la mise à niveau de leur production. Il en résulte qu'une grande partie de la demande globale, publique ou privée, est satisfaite par l'offre d'importation.
En d'autres termes, ce sont des avantages relatifs qui sont données ainsi au commerce au détriment de la production.
Notre réaction, en sus de la mise à niveau du système productif local pour améliorer sa compétitivité, est notamment d'orienter les Investissements Directs
Etrangers vers le développement de niches d'exportation variées ou de substitution à l'importation, plutôt que de capter des bénéfices issus des opérations du commerce extérieur.
Laisser l'économie évoluer sur son régime actuel sans mettre en avant le primat de la production ne peut qu'emballer les demandes de dépenses d'importation auxquelles il sera difficile de faire face à terme, faute d'une disponibilité des ressources nécessaires pour couvrir ces dépenses.
Et ceci est d'autant plus vrai que le marché algérien est, aujourd'hui, un marché attractif à tout point de vue, disposant de liquidités et porteur d'une forte demande dans un contexte international de déprime globale sur les marchés internationaux.
Mais on se doit de renforcer ces atouts en développant sur le marché national des biens et services la part de l'offre interne par rapport à celle provenant des importations.
[Aps 12/8/09]
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