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La loi de finances complémentaire insulte les opérateurs économiques en Algérie

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  • La loi de finances complémentaire insulte les opérateurs économiques en Algérie

    En Algérie La loi de finances complémentaire 2009 fraîchement promulguée a soulevé un tollé général auprès des opérateurs économiques du pays, dont ceux ayant choisi d’investir en Kabylie, et, parmi eux M. Aberkane à la tête de deux sociétés implantées dans les deux importantes wilayas de cette région. Le patron d’Alexo a accepté de nous livrer ses appréciations.

    La Dépêche de Kabylie : En tant qu’investisseur et opérateur économique, quelles sont vos observations sur les dispositions de la nouvelle loi de finances complémentaire 2009 ?


    M. Aberkane : Ma colère est incommensurable comme beaucoup d’opérateurs dans la situation de désarroi actuel. Je regrette amèrement l’incohérence de notre gouvernement. Je considère que les dispositions de la LFC 2009 sont une insulte directe à l’endroit des opérateurs économiques de notre pays. Il n’y a pas d’autre interprétation à faire dès lors que vous n’êtes pas consulté notamment pour des questions à caractère économique de cette importance. La LFC 2009 fait un mouvement à 360° en plein milieu de l’année. Ce que ne peut faire l’entreprise la plus agile soit-elle. Mais dans quel pays cela s’est-il déjà produit ? Seulement en Algérie d’après mes recherches. C’est le monde de Walt Disney.

    Pense-t-on réellement, au gouvernement, que les articles 66 et 67 peuvent être raisonnablement acceptés et appliqués par les opérateurs ? Pour rappel, voici ce qui est contenu dans les articles 66 et 67 : “Art - 66 (LFC) : il est fait obligation aux banque afférentes aux opérations d’importation, la présence du titulaire du regitre de commerce ou du gérant de la société importatrice. “Art - 67 (LFC) : Il est précisé que l’accomplissement de la formalité de domiciliation bancaire des opérations d’importation doit être préalable à la réalisation de celles-ci, à leurs règlements financiers ainsi qu’à leur dédouanement.” Voici la démonstration d’un manque de respect flagrant de la part de fonctionnaires de l’Etat en déconnexion totale avec le vrai monde du travail et de l’industrie. Cela revient à dire que nos services et directions financières dans nos entreprises n’ont pas lieu d’exister, cela veut dire que nous devrons faire la queue auprès des guichets des agences bancaires pour domicilier nos transaction commerciales, tout comme cela supposera que le transitaire ne servira plus à rien et que nous devrons nous présenter devant l’agent des douanes pour accomplir les formalités de dédouanement etc. Mais dans quel monde vivons-nous ? C’est surréaliste ! Quelle sera donc la part de temps que nous consacrerons au développement de notre outil de production, de notre marché et partant de notre pays.

    Vous savez bien que nul n’ignore que le gouvernement trace son objectif de réduire le flux des importations qui frôlent les 40 milliards de dollars, et en passant par ce type de restrictions réglementaires. Croyez-vous que cela pourrait entraîner la réduction des importations tant espérée ?

    Le montant de la facture des importations tourne autour de 37 milliards de dollars. Cependant, permettez-moi d’abord de souligner que je défends ici les opérateurs et producteurs qui exercent leurs activités dans un cadre légal et dans la sphère réelle de notre économie. Ce n’est pas en sanctionnant tous les secteurs d’activités et toutes les branches que cela apportera un allègement aux importations inutiles. Le gouvernement s’est trompé de cible en procédant ainsi. A savoir, sans distinction entre ceux qui activent dans l’ombre de la loi et ceux qui s’inscrivent dans le cadre de l’activité de production qui est un cycle long et complexe. Notre environnement, soulignons-le, est néfaste à plus d’un titre, mais là n’est pas le sujet. Nos fonctionnaires doivent descendre de leurs bureaux climatisés et venir prendre la mesure de la réalité sur le terrain.

    Pour ce qui est de l’inquiétude des pouvoirs publics à propos des importations, il faut savoir que l’Algérie affiche un programme ambitieux sur les 5 prochaines années, et que pour le réaliser il faut y mettre les moyens adéquats. Si nous devons éclater les différents postes de dépenses de nos importations, il conviendra de souligner que près de 9 milliards de dollars reviennent aux équipements de tous types. Ce qui atteste bien que l’Algérie souhaite réellement se développer ; car un équipement est censé créer de la valeur travail et donc une plus-value dans le développement d’une manière générale. C’est un coût à supporter au départ qui doit bien évidemment revenir sous forme d’investissement productif et rentable pour le pays. Et actuellement, il se trouve que l’Algérie peut se le permettre avec certes, beaucoup de prudence dans l’option des choix stratégiques qu’elle entend mener. Cependant pour réduire la facture des importations, le gouvernement doit recourir à d’autres leviers.

    Lesquels selon vous, auriez-vous des prépositions concrètes à suggérer ?

    Pour reprendre votre formule, nul n’ignore que notre pays est gangrené par la corruption et parfois à des niveaux inquiétants. Tout comme nul n’ignore que ce phénomène peut conduire un pays tout entier à la dérive, et il existe des exemples dans le monde. Lorsqu’un gouvernement recourt à la mise en place de dispositions réglementaires telles que celles citées, cela exprime une véritable pénurie d’idées et de visibilité à court et moyen terme. Sinon pourquoi craindre de s’attaquer directement aux véritables causes qui dopent la croissance des importations. Fatalement, tout le monde paye l’addition d’une réaction comme celle que nous constatons à travers la LFC 2009 même si dans l’esprit il serait bien légitime de comprendre les préoccupations des pouvoirs publics.

    Selon moi le mal naît au niveau de la délivrance d’un registre du commerce. Ce document est délivré parfois à des personnes qui ne savent pas écrire leur nom. Est-ce bien sérieux ? L’on délivre aussi des registres du commerce à des personnes dépourvues de capacité physique pour exercer une activité notamment d’import-import, c’est-à-dire celle qui cause le plus de mal à notre pays. Est-ce bien sérieux ? Voici un point hypersensible à examiner avec minutie. Car c’est à partir de là que l’on assiste à toutes les imaginations scabreuses telles que la location du registre du commerce ou même de son leasing. N’est pas importateur qui veut, il faut des qualifications tel qu’exigé dans d’autres pays.

    Voici une première proposition. Il faut noter que dans notre pays il existe des zones de non-droit et elles sont connues. Pourquoi les pouvoirs publics n’agissent-ils pas sur ce phénomène localisé ? Aujourd’hui, l’absence de facturation dans les transactions commerciales dans ces zones de non-droit est érigée en règle inaliénable au mépris des lois de la République ! Voici une piste connue. Il y a lieu de mettre en place un fichier national des producteurs et des véritables investisseurs. Ceci afin de les distinguer des autres secteurs d’activité économique.

    Le but est de ne pas décourager cette catégorie d’opérateurs par des dispositions réglementaires restrictives pouvant entraîner des désarticulations fâcheuses de leur plan d’action et de leur équilibre. C’est à mon sens une philosophie sage. Bien entendu, je souhaite une facilitation absolue pour cette catégorie d’opérateur/producteur avec la mise en place d’un contrôle a posteriori. Voici une suggestion supplémentaire.

    Par ailleurs, si l’on est disposé à affiner la mise en place d’un dispositif de filtrage des importations, je suggère que soit dressée une liste complète dans laquelle seront contenues toutes les matières premières et tous les intrants nécessaires à l’outil de production algérien. La position tarifaire (douane) présente le meilleur élément identificateur du produit à importer. Bien entendu, cette option nécessitera une large concertation avec les opérateurs car chacun aura son avis à donner là-dessus.

    L’observation des normes universellement admises pour la question de la qualité ne doit en aucun cas être occultée. Je propose par ailleurs la mise en place d’une homologation des entreprises pour être éligibles à l’accès aux opérations de commerce extérieur. La reédition et la publication des comptes sociaux pourraient être parmi les conditions exigibles. Quand on sait que seules 47% des sociétés commerciales enregistrées au CNRC ont souscrit à l’obligation du dépôt des comptes sociaux exigée par la loi, ce manquement renseigne sur le niveau de culture économique dans notre pays. Mais la permissivité outrageante des pouvoirs publics se rend complice du désastre.

  • #2
    Que pensez-vous de la formule de payement unique (crédit documentaire) introduit dans l’article 69 de la LFC 2009 tout en sachant que son but est surtout de lutter contre les transferts abusifs de devises qui, très souvent, atterrissent ailleurs que chez le fournisseur ?

    Nous subissons actuellement les fortes chaleurs de la saison estivale et les pouvoirs publics ne trouvent pas mieux que de jouer aux pyromanes sur des sujets aussi sensibles. C’est le résultat d’une absence totale de concertation. Et là, voyez-vous, la loi met dans le même sac ceux qui agissent dans la sphère réelle et la mafia de l’import-import qui agit en toute impunité. C’est encore regrettable. Je vais rentrer de suite dans le sujet et poser une question aux fonctionnaires de l’Etat : “Si l’une de nos usines devait subir une panne technique en raison d’une micro-coupure de courant ayant entraîné la dégradation d’un variateur de courant, devrais-je ouvrir une lettre de crédit pour acheter une pièce de rechange qui coûte 349 euros ? Et combien de temps vais-je attendre avant de redémarrer la chaîne de production ?” Voici de quoi méditer. Cependant, je salue le bien-fondé de toute disposition qui consiste à protéger notre pays et je partage sans réserve les préoccupations légitimes tendant à contenir le flux des importations excessives et inutiles. La recherche obsessionnelle de l’équibre de la balance des paiements ne doit pas cependant devenir la cause des conséquences graves qui découleraient de l’application de cette loi de finances complémentaire que je ne considère pas comme une réponse appropriée.

    Il convient de comprendre que lorsqu’un opérateur obtient l’avantage d’un paiement par remise documentaire à vue ou à terme, c’est en réalité un crédit qu’il obtient pour l’Algérie et sans frais. Lorsque nous importons nos matières premières Par remise documentaire, il est très important de noter que nous faisons inéluctablement l’économie de charges financières. Sans oublier que les différés de paiement négociés avec nos fournisseurs vont directement au cœur du financement de l’économie nationale. Le risque Algérie a baissé et la dette extérieure est quasi nulle, pourquoi nous impose-t-on une obligation de paiement lourde alors que la confiance est bâtie sur des principes forts de partenariat avec nos fournisseurs?

    Je dois conclure par dire ceci : faisons en sorte de ne pas briser ce qui a mis du temps à se reconstruire. Je fais allusion au courage et à la bonne volonté de nos opérateurs mais aussi à l’abnégation du gouvernement à rechercher les meilleures solutions pour l’intérêt suprême de notre pays. En tout cas, il pourra toujours compter sur nous.

    Par la Dépêche de Kabylie

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