Le 31 décembre 2015 les droits d'auteur de l'édition originale de Mein Kampf tomberont dans le domaine public. A cette échéance, des rééditions néo-nazies du manifeste hitlérien seront théoriquement possibles.
Le Land de Bavière, qui détient les droits de Mein Kampf, et les représentants juifs et tziganes des survivants du génocide de la seconde guerre mondiale se demandent s'il faut autoriser la réédition du manifeste raciste rédigé par Hitler entre 1923 et 1924. Le Conseil central des Juifs allemands a fait savoir à plusieurs reprises qu'il était favorable à une édition critique à but historique et éducatif, et qu'il était prêt à participer à la rédaction de l'appareil critique. Le secrétaire général de ce Conseil, Stefan Kramer, s'est prononcé cette semaine encore pour "une édition critique, scientifique, érudite". Il y a un mois, Wolfgang Heubisch, le Ministre des Sciences, de la Recherche et des Arts de Bavière, a lui aussi envisagé favorablement cette réédition.
En Allemagne, une décision de la cour fédérale de justice de 1979 définit le cadre légal de la possession et publication de Mein Kampf: la possession des seuls livres anciens est autorisée, ainsi que la publication de longs extraits dans des livres historiques. En 2006 un professeur d'université, Olaf Simons, s'est vu menacer d'un procès s'il persévérait dans sa distribution de photocopies du texte, qu'il avait entreprise pour permettre à ses élèves de travailler plus facilement. En 1999, comme l'ouvrage était la troisième meilleure vente d'Amazon en anglais en Allemagne, son envoi à des adresses postales allemandes a été interdit.
Préparer une réédition: une mesure de prudence
D'après Stéphane Kramer, autoriser une édition critique de Mein Kampf présente plusieurs avantages: d'abord, prendre de vitesse de futures rééditions malintentionnées, mais légales. Ensuite, ôter au livre son parfum d'interdit et son côté mythique. Le livre a déjà été largemment diffusé en Allemagne: plus de 10 millions d'exemplaires auraient été distribués sous le régime nazi. Qui plus est, le texte est disponible sur Internet, rappelle le secrétaire général. Et une approche libre et rationnelle ferait perdre au texte beaucoup de son intérêt.
En France, la vente de la traduction française de 1934 est autorisée, pourvu que le texte soit précédé de quelques pages rappelant les crimes nazis et l'interdiction de l'incitation à la haine raciale.
"Il est sensé et important de publier ce livre, et d'avoir à disposition une édition commentée qui pourra être utilisée, par exemple, pour être expliquée aux élèves et aux jeunes gens pendant les cours d'histoire", insiste Stefan Kramer.
Des réticences compréhensibles
Malgré les accords de principe donnés par certaines des parties concernées, malgré l'intérêt manifesté par les historiens allemands de l'Institut d'Histoire contemporaine de Münich, les réticences sont nombreuses.
La position de la Bavière est délicate. Elle possède les droits d'auteur et d'exploitation de Mein Kampf depuis que ceux-ci lui ont été confiés par les Alliés dans le cadre de la dénazification. Par égard pour la mémoire des disparus et la sensibilité des survivants, la publication du livre est interdite depuis en Allemagne. Autoriser sa réédition est une lourde responsabilité. Dans le monde, la Bavière se sert de ses droits pour tenter de faire interdire la publication de Mein Kampf. Elle a ainsi fait des procès en Argentine, au Danemark, en Grèce, au Japon, au Portugal, en Suède, ou encore en Italie, contre la maison d'édition de gauche Pegaso qui sortait pourtant une édition à portée éducative et historique. Elle a gagné certains d'entre eux, comme en Turquie en 2005.
La présidente du Conseil central des Juifs allemands, Charlotte Knobloch, a déclaré récemment que, bien qu'elle ne soit pas personnellement opposée à une nouvelle publication, une grande partie des survivants l'était. Le président du conseil central Sinti et Roma, représentant les Tziganes allemands, Romani Rose, s'est aussi exprimé en ce sens. La Bavière rappelle que, même après 2015, il sera toujours interdit d'exprimer des opinions nazies en Allemagne et qu'une édition non-critique de Mein Kampf pourra être poursuivie à ce titre.
Le Land de Bavière, qui détient les droits de Mein Kampf, et les représentants juifs et tziganes des survivants du génocide de la seconde guerre mondiale se demandent s'il faut autoriser la réédition du manifeste raciste rédigé par Hitler entre 1923 et 1924. Le Conseil central des Juifs allemands a fait savoir à plusieurs reprises qu'il était favorable à une édition critique à but historique et éducatif, et qu'il était prêt à participer à la rédaction de l'appareil critique. Le secrétaire général de ce Conseil, Stefan Kramer, s'est prononcé cette semaine encore pour "une édition critique, scientifique, érudite". Il y a un mois, Wolfgang Heubisch, le Ministre des Sciences, de la Recherche et des Arts de Bavière, a lui aussi envisagé favorablement cette réédition.
En Allemagne, une décision de la cour fédérale de justice de 1979 définit le cadre légal de la possession et publication de Mein Kampf: la possession des seuls livres anciens est autorisée, ainsi que la publication de longs extraits dans des livres historiques. En 2006 un professeur d'université, Olaf Simons, s'est vu menacer d'un procès s'il persévérait dans sa distribution de photocopies du texte, qu'il avait entreprise pour permettre à ses élèves de travailler plus facilement. En 1999, comme l'ouvrage était la troisième meilleure vente d'Amazon en anglais en Allemagne, son envoi à des adresses postales allemandes a été interdit.
Préparer une réédition: une mesure de prudence
D'après Stéphane Kramer, autoriser une édition critique de Mein Kampf présente plusieurs avantages: d'abord, prendre de vitesse de futures rééditions malintentionnées, mais légales. Ensuite, ôter au livre son parfum d'interdit et son côté mythique. Le livre a déjà été largemment diffusé en Allemagne: plus de 10 millions d'exemplaires auraient été distribués sous le régime nazi. Qui plus est, le texte est disponible sur Internet, rappelle le secrétaire général. Et une approche libre et rationnelle ferait perdre au texte beaucoup de son intérêt.
En France, la vente de la traduction française de 1934 est autorisée, pourvu que le texte soit précédé de quelques pages rappelant les crimes nazis et l'interdiction de l'incitation à la haine raciale.
"Il est sensé et important de publier ce livre, et d'avoir à disposition une édition commentée qui pourra être utilisée, par exemple, pour être expliquée aux élèves et aux jeunes gens pendant les cours d'histoire", insiste Stefan Kramer.
Des réticences compréhensibles
Malgré les accords de principe donnés par certaines des parties concernées, malgré l'intérêt manifesté par les historiens allemands de l'Institut d'Histoire contemporaine de Münich, les réticences sont nombreuses.
La position de la Bavière est délicate. Elle possède les droits d'auteur et d'exploitation de Mein Kampf depuis que ceux-ci lui ont été confiés par les Alliés dans le cadre de la dénazification. Par égard pour la mémoire des disparus et la sensibilité des survivants, la publication du livre est interdite depuis en Allemagne. Autoriser sa réédition est une lourde responsabilité. Dans le monde, la Bavière se sert de ses droits pour tenter de faire interdire la publication de Mein Kampf. Elle a ainsi fait des procès en Argentine, au Danemark, en Grèce, au Japon, au Portugal, en Suède, ou encore en Italie, contre la maison d'édition de gauche Pegaso qui sortait pourtant une édition à portée éducative et historique. Elle a gagné certains d'entre eux, comme en Turquie en 2005.
La présidente du Conseil central des Juifs allemands, Charlotte Knobloch, a déclaré récemment que, bien qu'elle ne soit pas personnellement opposée à une nouvelle publication, une grande partie des survivants l'était. Le président du conseil central Sinti et Roma, représentant les Tziganes allemands, Romani Rose, s'est aussi exprimé en ce sens. La Bavière rappelle que, même après 2015, il sera toujours interdit d'exprimer des opinions nazies en Allemagne et qu'une édition non-critique de Mein Kampf pourra être poursuivie à ce titre.
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