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L'hystérie gagne les Etats-Unis à cause du plan santé d'Obama

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  • L'hystérie gagne les Etats-Unis à cause du plan santé d'Obama

    Avec les congés viennent les «devoirs de vacances» pour les élus démocrates. Faute d’avoir voté la réforme du système de santé, les alliés de Barack Obama sont chargés d’aller convaincre leurs administrés du bien-fondé de ce projet, décrié tant par les républicains que par les démocrates conservateurs. A chacun sa liste de Town Hall meetings, ces fameuses «questions-réponses» avec le public, devenus depuis deux semaines le théâtre d’un débat houleux, virant souvent au pugilat retransmis en direct par les télés. Partout, les parlementaires démocrates sont hués et chahutés par des partisans républicains ou des membres de groupes de pression, souvent financés par l’industrie de la santé.

    A l’origine de ce grand tumulte, un texte visant à donner une alternative publique à l’assurance-maladie privée, jugée pourtant trop coûteuse et inadéquate par plus de la moitié de la population. Chaque jour, rappelle Obama, 14 000 Américains perdent leur assurance. Ils sont aujourd’hui plus de 47 millions sans aucune couverture santé. L’objectif, insiste le Président, est d’améliorer la qualité des soins des citoyens déjà couverts et d’offrir une assurance à ceux qui n’en ont pas.

    Croix gammée

    Mais, dans la bouche des conservateurs, l’objectif de la réforme est présenté en substance ainsi : «Le gouvernement s’apprête à nationaliser notre système de santé.» Horreur, malheur ! Le mot est lâché. La seule évocation d’une menace d’intervention régalienne suffit à mobiliser l’opinion américaine. L’animateur radio ultraconservateur, Rush Limbaugh, a donné le ton en trouvant au logo de la réforme un air de croix gammée. Une attaque dont plusieurs détracteurs du projet de loi se sont fait l’écho, allant jusqu’à brandir lors des meetings, des pancartes représentant un svastika ou une photo en noir et blanc de Barack Obama, affublé de la moustache de Hitler. Les amalgames fusent. L’ancienne candidate républicaine à la vice-présidence, Sarah Palin, s’est jointe au mouvement et a accusé le Président de vouloir instituer des «tribunaux de la mort» contre les personnes trop vulnérables. Elle cite l’exemple de ses parents âgés ou de son enfant trisomique, dont la survie avec cette réforme dépendra, selon elle, des «bureaucrates» du gouvernement.

    Sans attendre, le Président a dénoncé le recours aux «tactiques de la peur», et annoncé la création, à l’instar de ce qu’il avait fait pendant la campagne présidentielle, d’un site internet (1) destiné à mettre K.-O. les rumeurs propagées sur le sujet. Notamment celle affirmant que la réforme encourage, voire exige, l’euthanasie des personnes âgées.

    Menaces

    En attendant, sur le terrain, l’offensive républicaine bat son plein. Dans certains districts, des forums sont annulés, par crainte de débordements. Le dispositif policier a d’ailleurs été renforcé. Un meeting, organisé dans le Michigan par le doyen de la Chambre des représentants, John Dingell, s’est achevé par l’intervention de la police après que l’élu de 83 ans eut été pris à partie par plusieurs manifestants. «Vous serez peut-être mort dans cinq ans ! Ils veulent vous euthanasier», hurlait une sexagénaire, persuadée que la réforme limitera les soins pour les personnes âgées. Dans le Missouri, six personnes ont été arrêtées pour voies de fait. Pire, le représentant Brad Miller, de Caroline du Nord, a reçu une menace de mort par téléphone.

    Les conseillers d’Obama s’insurgent contre cette campagne d’intimidation, orchestrée, selon eux, par des groupes de pression conservateurs de type Freedom Works ou Tea Party Patriots. Les Américains sont sollicités par mail ou par annonces, postées sur des sites Web : «Allez-y nombreux», «Joignez vous à l’émeute», «Levez-vous et hurlez». Le chef de la minorité républicaine du Sénat, Mitch McConnell, dénonce la «diabolisation» de citoyens «énergiques sur le sujet» par l’équipe Obama.

    Message

    Dans les faits, le débat qui secoue le pays dépasse le simple clivage républicains-démocrates. Selon un sondage Gallup, pour deux tiers des Noirs et pour six Hispaniques sur dix, la priorité est d’offrir une couverture à ceux qui n’en ont pas, quand pour six Blancs sur dix, c’est le contrôle des coûts. C’est un constat d’échec pour les stratèges du Président. Le message sur la couverture santé universelle n’est pas passé. A trop vouloir paraître comme l’homme du consensus et laisser au Congrès la liberté de rédiger le texte final, Obama a laissé l’objectif initial se volatiliser. Le débat sur le coût d’une réforme jugée trop généreuse pour les plus démunis l’emporte désormais. Le réseau de 13 millions de volontaires et militants, mis en place pendant la campagne électorale et censé faire la promotion du changement made in Obama, a été pris de court. Si Barack Obama échoue à faire passer sa réforme-phare, alors qu’il dispose d’une nette majorité au Congrès, son aura pourrait gravement en pâtir.

    Libération
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