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Voyage en Oranie au XVIII ème siècle

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  • Voyage en Oranie au XVIII ème siècle

    avant propos:
    cet article est tiré du livre "VOYAGE DANS LA RÉGENCE D’ALGER."PAR LE DR. SHAW

    Traduit de l’anglais, avec de nombreuses augmentations,de notes géographiques et autres par J. MAC CARTHY en 1830.

    /*Description de la province de Mascara ou Tlemsen.*/


    La province de Mascara est bornée au nord par la Méditerranée et la province d’Alger ; à L’est par celle de Titerie ; au sud par le Djéridou Beled-ul-Djérid ; et à l’ouest par l’empire de Maroc. Elle a environ quatre-vingts lieues dans sa plus grande longueur de l’est à l’ouest ; et, d’après Shaw, vingt cinq lieues seulement, dans sa plus grande largeur du nord au sud. Sa surface est presque entièrement entrecoupée de montagnes et de vallées; mais sa partie septentrionale, c’est-à-dire le littoral de la Méditerranée, et celle qui avoisine le désert d’Angad, sont tout-à-fait montueuses. « Ces montagnes, dit Shaw, ont une telle analogie entre elles, et sont si rapprochées les unes des autres, qu’il est assez difficile de distinguer la chaîne qui forme la continuation du mont Atlas. Toutefois, je crois que cette chaîne se compose des montagnes connues, sous les noms de Souf, de Tell, Tafaroouy, Ellcalla, Béni-Zerouall, Merdjidja, El-cadara et Miliana, qui traversent toute la province, et s’aperçoivent de très loin. On trouve d’abord à l’ouest Tôount, village frontière de l’empire de Maroc, qui est à huit lieues et demie à l’est nord-est de Maisirda, Le cap Hone, que les habitants appellent aussi Ras-Honneine et Mellack, est à environ quatre lieues et demie au nord-est de Tôount, et termine la chaîne des montagnes de Trara. Comme ce cap est le plus remarquable des différents promontoires situés à l’est de la Moulouia,
    à quelques lieues plus à l’ouest de Siga. Le petit port d’Honneine,. Depuis Honneine jusqu’à Tackom-brit et à l’embouchure de la Tafna dans la mer.
    Dernière modification par Hamoudz, 16 août 2009, 16h45.
    Issen Rebbi

  • #2
    /*region de Tafna*/

    Depuis l’embouchure de la rivière de Tafna la côte se dirige un peu à l’est, puis au nord pendant neuf lieues, en faisant quelques petits détours jusqu’au Ras-Azintoure, appelé dans nos cartes marines cap Figalo. L’enfoncement de la côte, depuis Mellack jusqu’à Azintoure, forme un golfe considérable que les Maures appellent aussi Harchegoune.
    Les différents dachekras ou tribus qui se trouvent à l’ouest de la Tafna se nomment Oul-Hasa, du nom des habitants, d’où est peut-être venu celui de la montagne dont parle Léon l’Africain.

    Sur le bord occidental de la Tafna, près de la mer, sont les ruines de l’ancienne Siga, qui était une ville royale des rois numides. Son nom moderne est Tackom-brit, probablement le Tebecritum de Léon l’Africain. de cette province, et qui coule à l’ouest du Chélif, est formée de plusieurs autres moins importantes, et dont les principales sont la Bar-ba-ta, le Sik-ack et l’Isser. La Bar-ba-ta prend sa source au sud-ouest, et, autant que j’en puis juger par la situation des lieux, elle reçoit la petite rivière d’Oudjida , avant de pénétrer dans les montagnes de Trara. La Tafna, qui prend sa source dans les montagnes de Béni-Snouse, conserve son nom jusqu’à la mer. Béni-Snouse est le nom d’une tribu qui habite plusieurs dachekras à environ douze lieues au sud d’Harchegoune. Le Sik-ack est un torrent rapide qui se trouve à deux lieues au nord de Tlemsen, sur la route de Tackom-brit. Une de ses sources est légèrement thermale, et cependant poissonneuse, d’où lui vient son nom d’Ain-el-Houte ou la fontaine aux poissons. L’Isser a sa source au sud-est, dans les montagnes des Benisme-al, tribu qui habite les bords du désert.

    A trois lieues au nord-ouest du port d’Im-misi se trouve l’embouchure de l’Oued-el-Mailah, qui est le Flumen-Salsum ou Rivière-Salée des anciens, ainsi nommé de la qualité saumâtre de ses eaux ; c’est aussi la signification de son nom arabe. Il prend sa source dans le Souf-el-Tell, petit district situé à dix lieues au sud-est. Ses eaux, qui sont d’abord très salées, le deviennent moins à mesure qu’il approche de la mer, et qu’il reçoit un plus grand nombre de ruisseaux d’eau douce. Dans la plaine de Zeidoure je trouvai ses eaux beaucoup trop saumâtres et trop pesantes pour être bues. Mais il y en a si peu de bonnes dans ces contrées, que les Arabes y sont habitués, et en boivent sans répugnance.
    Le Si-nan est le plus considérable des petits affluents de l’Oued-el-Mailah. Il prend sa source dans la plaine de Zeidoure, où il serpente agréablement, et change de nom suivant les lieux qu’il arrose. Peu après s’être réunies à l’Ouedel- Mailah, ces deux rivières se jettent ensemble dans le golfe d’Harchegoune. La tribu de Ceffa occupe le district montagneux situé au nord-nord-est de la rivière d’Oued-el-Mailah. Au bord de la mer est le petit port de Madagh, à trois lieues à l’est du Ras- Azintoure.
    A deux lieues vis-à-vis de Madagh est la plus grande des îles Ha-biba, où l’on trouve de l’eau douce et un abri pour de petits bâtiments. Sur le continent au sud-est, et au-dessous de Cheffa, on aperçoit la petite ville d’Andalouse, bâtie par une colonie de ces Maures andalousiens qui furent chassés d’Espagne au commencement du siècle dernier.
    Issen Rebbi

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    • #3
      /* région d’Oran*/


      Deux lieues plus loin, dans la même direction, se trouve le port de Mers-el -Kébir, le Portus- Magnus des Romains, ainsi nommé par sa grandeur et sa profondeur. Il y en a un autre à deux Lieues de là, sous les murs d’Oran, que les Maures appellent par opposition Mers-el-Seighher, le Petit-Port. Mais comme il est exposé aux vents du nord, les navires n’y mouillent guère que dans la belle saison. Le port de Mers-el-Kébir, Mazalquivir, ou Mersalcabir, comme le nomment les Espagnols, est formé par une langue de terre qui s’avance près de cent toises dans la baie, et l’abrite des vents du nord et du nord-est. Le château construit pour sa défense était, lorsque je le vis, plus remarquable pour sa grandeur que pour sa force et son architecture, quoiqu’il y en eût une grande partie, particulièrement à l’ouest, qui était taillée dans le roc avec assez d’art. Tout près de ce château sont quelques ruines qui n’occupent toutefois qu’un petit espace ; il pourrait se faire que ce fussent celles de la ville dont parlent Pline et quelques auteurs modernes. Si donc on admet que Mers-el-kébir soit le Portus-Magnus des anciens, et l’Oued-el-Mailah le Flumen-Salsum, ce dont on ne saurait douter, attendu la ressemblance des noms, on sentira le peu de fond que l’on peut faire sur ce que les anciens disent de la position et de la distance de ces deux villes.

      Oran est à deux lieues au sud-est de Mers-el- Kébir, et à environ vingt-deux lieues ait nord-est de Tlemsen. C’est une ville fortifiée, et qui a près de huit cents toises de circuit. Elle est bâtie sur le penchant et au pied d’une haute montagne qui s’élève au nord-nord-ouest, et au sommet de laquelle s’élèvent deux châteaux qui commandent la place. On voit au bord de la mer, à quelques centaines de toises, Mers-el-Seighher, et à l’extrémité nord-ouest de la baie, Mers-el-Kébir. A une très petite distance à l’ouest de la montagne dont il vient. D’être question, il yen a une autre, appelée, je crois, Mazetta, qui est plus élevée que la première. Elles sont d’ailleurs séparées par une vallée ; ce qui fait que leurs sommets paraissant entièrement isolés, et servent de point de direction aux navires en mer. Au sud et au sud-est sont deux autres châteaux, bâtis au niveau de la partie inférieure de la ville, mais entre laquelle serpente Aussi une vallée profonde qui forme comme un fossé naturel dans la partie méridionale de la Place. Au haut de cette vallée, en passant sous les murs, se trouve une source d’eau excellente, qui a plus d’un pied de diamètre. Le ruisseau qui en sort suit les sinuosités de la vallée, et alimente abondamment les fontaines de la ville. Toute cette vallée offre une multitude d’objets pittoresques, tels que des-plantations d’orangers, des chutes, des cascades dont les eaux coulent à travers des bosquets d’une délicieuse fraîcheur. Près de la source il y a un autre château qui défend la ville et les matamores ou fosses où les Arabes conservent leur blé.

      La ville d’Oran n’a que deux portes, qui sont toutes d’eux du côté de la campagne. Celle qui est appelée la porte de Mer, parce qu’elle est la plus voisine du port, est surmontée d’une grande tour carrée que l’on pourrait armer en cas de besoin.
      Près de l’autre, appelée la porte de Tlemsen, on a élevé une batterie. La casauba ou citadelle est située au nord-ouest, dans la partie la plus élevée de la place. Le côté opposé, c’est-à-dire vers Mers-el-Seighher, est défendu par un bastion régulier. On peut juger, par ce qui précède, qu’Oran est une place importante ; et que sans la peur panique qui s’empara des habitants lors du débarquement des Espagnols, ils auraient pu opposer une longue résistance. Durant le temps que les Espagnols restèrent maîtres d’Oran, ils y bâtirent plusieurs belles églises, et autres édifié ces publics, dans le goût des anciens romains, mais avec moins de solidité. Ils ont aussi imité les Romains, en plaçant dans les frises et autres parties de leurs bâtiments des inscriptions en leur langue, qui donnent une médiocre idée de leur style lapidaire.

      à quatre lieues de Giza, le petit village de Canastel, qui est situé très agréablement au milieu d’un grand bois d’oliviers, et au pied d’une haute chaîne de montagnes. Cette chaîne, qui s’étend jusqu’à Gibel-Ker au sud, et au cap Ferrat du côté de la mer, sépare les golfes d’Oran et, d’Arziou.
      Les Arabes disent que ces lieux servent de retraite à un grand nombre de lions et de sangliers ; et en effet nous vîmes des traces de ces animaux dans les bosquets et les vallées que nous traversâmes. A deux lieues au nord-nord-est de Canastel, s’avance le cap Ferrat, qui est le Mesaff d’Edrisi.

      A cinq lieues au sud-sud-est de ce cap, est le port d’Arziou, appelé par les Maures Béni-Zéian, du nom d’une tribu de Kabyles du voisinage, autrefois très considérable. Il a à peu près la même forme que le Portus-Magnus ; mais il est plus étendu.
      Il existe parmi les habitants une tradition d’après laquelle il paraîtrait que leurs ancêtres jouissaient de l’avantage d’avoir de très bonne eau, qu’ils recevaient pat un aqueduc. Pour m’en convaincre, ils me montrèrent quelques arches qui, d’après moi, ne sont point celles d’un aqueduc, parce que l’on n’en découvre aucune trace entre Arziou, la Sigg et le Talilet, qui sont les seules rivières qui pussent l’alimenter. Il faut donc que ces arches soient les débris de quelque autre édifié ce, dont il serait toutefois difficile de dire le genre, par le peu qui en reste. Pour suppléer en quelque sorte au manque d’un aqueduc, les fondateurs d’Arziou y avaient fait construire un grand nombre de citernes destinées à recevoir les eaux ,pluviales. Toutefois, les habitants actuels n’ont pas conservé à ces citernes.

      A deux lieues au sud d’Arziou, se trouve une vaste étendue de terrain couverte de collines, et d’où les tribus du voisinage tirent tout le sel dont elles ont besoin. Ces salines seraient un véritable trésor sous un autre gouvernement, attendu leur abondance, la facilité qu’offre leur exploitation, celle du transport, et le voisinage de la mer. En hiver tout cet espace ressemble à un lac ; mais en été l’eau s’évaporant par la chaleur du soleil, le sel se cristallise en très peu de temps.

      Un peu plus loin est l’embouchure des rivières de Sigg et d’Habrah, qui se réunissent à environ une lieue avant que de se jeter dans la mer. Le Talilet, qui descend des montagnes deTaforooui, s’y joint aussi lorsqu’il n’inonde pas la plaine en se débordant.
      Dernière modification par Hamoudz, 16 août 2009, 17h00.
      Issen Rebbi

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      • #4
        /* région de Dahra */


        Masagran ou Mazachran, petite ville entourée d’un mur en terre, est située sur le versant occidental d’une chaîne de collines, d’où la vue plane sur la mer, dont elle est à environ cent toises, et à cinq lieues nord-est d’el Mockdah. L’espace compris entre cette ville et Mostagan est occupé par un grand nombre de vergers, de jardins, et de maisons de campagne, agréablement disséminés le long du rivage. Une chaîne de montagnes qui s’élève au sud-est abrite ce district des vents nuisibles, et lui fournit de nombreux cours d’eau.

        Mostagan ou Mustiganin s’élève en amphithéâtre au bord de la mer ; mais elle est partout entourée de montagnes du côté de la campagne. Cette ville, qui est un peu plus grande qu’Oran, est, après Tlemsen, la plus considérable de la province. Les habitants assurent qu’elle doit son origine à la réunion de plusieurs villages contigus les uns aux autres, assertion que semblent confirmer d’assez grands espaces vides que l’on remarque dans son enceinte. Au centre, on voit les ruines d’un ancien château moresque qui, par sa construction, parait avoir été bâti antérieurement à l’invention des armes, à feu. L’angle nord-ouest, qui domine sur lamer, se compose d’une forte muraille en pierre de taille. Mais il y a un autre château fort, bâti plus régulièrement, et où il y a une garnison turque. Cependant, comme Mostagan est dominée par les hauteurs qui l’environnent, sa principale force consiste dans une citadelle construite sur l’une de ces hauteurs, et qui commande la ville et le pays d’alentour.
        La force et la bonté de ses murailles, particulièrement au nord-ouest, portent à croire qu’elles sont l’ouvrage des Romains. Il est vrai que je n’y ai trouvé aucun autre débris d’architecture ancienne. Mais Mostagan et Masagran sont si bien située, et si bien pourvues d’eau.

        A trois-lieues au nord-nord-est de Mostagan, il existe une source d’eau excellente, entourée de ruines. Les Arabes donnent à ce lieu le nom de Kol-mita (c’est-à-dire tous morts), en mémoire d’un combat qui se livra près de là, et dans lequel tous ceux du parti le plus faible furent passés au fi l de l’épée. La forme de ces ruines, et leur distance à environ une lieue et demie de Cartenna, feraient supposer que ce sont les restes du Lar Castellum de l’Itinéraire d’Antonin.

        A une lieue un quart au- nord-ouest de Kolmita est l’embouchure du Chélif, dont le nom est une corruption du mot Chinalaph, de l’ancienne géographie. C’est la rivière la plus considérable de la régence. Elle sort du Sahara(L’auteur a voulu dire ici le désert d’Angad) De là, le Chélif coule d’abord à l’est l’espace de douze lieues, et reçoit le ruisseau de Midroe, situé à dix lieues sud-est des soixante-dix sources. Il se dirige ensuite du nord au sud, pendant seize lieues, jusqu’au village de Sidy-Ben-Tyba, après avoir traversé le lac Titerie ; puis il tourne à l’est, et décrit une ligne presque parallèle à la côte de la mer, où il se jette par 36° 10’ de latitude nord.

        Après l’Harbine, l’affluent le plus considérable du Chélif est l’Oued-el-Foddah ou la Rivièred’Argent, qui s’y jette à quatorze lieues à l’ouest.
        Cette rivière prend sa source dans l’Oua-nacherise, haute montagne dont le sommet est ordinairement couvert de neige, et qui renferme des mines de plomb. Après les grandes pluies, l’Oued-el-Foddah charrie des particules de ce minéral, dont quelques-unes s’arrêtent sur ses bords, et brillent comme de l’argent au soleil, d’où lui est venu son nom. A sept lieues à l’ouest-sud-ouest de l’Ouedel- Foddah, vis-à-vis de Mazouana, le Chélif reçoit l’Arhiou, qui prend sa source à six lieues au nord-nord-ouest de Sebbeine-Aine, et coule sur une ligne presque parallèle à la Mina
        Le Chélif reçoit en outre l’Ouarissa, la Tagia, le Rouina, et quelques petits ruisseaux. Ebn-Said, cité par Abulféda, dit que, comme le Nil, le Chélif croît en été ; mais je suis persuadé qu’il n’en est rien.
        Issen Rebbi

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        • #5
          /*région de Tlemecen*/


          Nédroma ou Nédrone est situé tout, près de ces montagnes, un peu au sud-est de Tooûnt.Cette ville, que sa position favorable et la fertilité de son territoire font supposer avoir été anciennement d’une grande importance, n’offre plus aujourd’hui de remarquable que ses fabriques de poteries.
          A sept lieues sud-est de Nédroama, s’élèvent les montagnes des Béni-Snouse, aussi célèbres pour leurs figues et leurs pommes de pin, que la tribu des Béni-Snouse qui les habite l’est pour le nombre de ses pillages, dont le plus considérable est Tefzra,

          A cinq lieues au sud-sud-est de l’embouchure de la Tafna est la ville de Tlemsen, comme l’écrivent les géographes modernes ; quoique les Maures et les Arabes l’appellent Telemsam ou Tlemsan. Elle est située sur une hauteur, au-dessous d’une chaîne de rochers escarpés qu’Edrisi nomme Sachratain, et au sommet de laquelle se trouve un assez grand plateau d’où découlent une multitude de sources qui, en se réunissant, forment des ruisseaux et des cascades que l’on voix en allant à Tlemsen. Le ruisseau qu’Edrisi appelle Anasserani est formé par différentes sources qui sont à l’ouest, et met aujourd’hui, comme il le faisait jadis, un grand nombre de moulins en mouvement. Il y a aussi dans la ville, une fontaine très abondante, dont l’eau y arrive par un conduit souterrain ; d’où je suis porté à conclure que comme tout ce pays est rempli de sources, il n’est pas nécessaire de faire alimenter cette fontaine par la Fouara, en Numidie, ainsi que le prétend Marmol. Elle suffit d’ailleurs à tous les besoins des habitans, et des tuyaux en distribuent les eaux dans le château, dans les mosquées, et dans les autres lieux publics. A l’ouest de la ville est un vaste bassin carré qui a cent toises de long, et environ cinquante de large. Les habitans disent que les anciens rois de Tlemsen allaient s’y divertir, et que l’on y enseignait la navigation à leurs sujets. Mais il y a plus d’apparence qu’il était destiné à servit de réservoir en cas de siège, parce que, comme le remarque très bien Léon l’Africain, rien n’était plus aisé que de détourner les eaux provenant des sources de Sachratain. Il se peut aussi que la destination de ce bassin fit d’arroser, dans les temps de sécheresse, les jardins et les habitations qui sont au-dessous..
          La presque totalité des murs de Tlemsen est formée d’immenses blocs d’un mortier composé de sable, de chaux et de petits cailloux, et qui a acquis la consistance et la solidité de la pierre. On voit encore sur les murailles l’empreinte des moules qui ont servi à faire ces blocs, et dont quelques-uns ont cinquante toises de long, sur une de hauteur et une d’épaisseur. Tlemsen était autrefois divisé en plusieurs quartiers, peut-être dans le but de calmer plus facilement les révoltes qui y avaient. lieu, ou pour prolonger la défense en cas d’attaque. Du temps d’Edrisi, il existait encore deux de ces quartiers, chacun desquels étant environné d’une haute muraille semblable à celle de la ville même, pouvait être regardé comme une ville distincte. Vers l’an 1670, Hassan, qui était alors dey d’Alger,


          détruisit presque entièrement Tlemsen pour punir ses habitans de lui avoir été opposés. Au reste il n’existe plus guère, qu’un sixième de l’ancienne ville, qui, d’après ce que je puis en juger, pouvait avoir plus d’une lieue et demie de circuit.
          A environ huit cents toises à l’est de Tlemsen, se trouve le village de Habbed, où est le tombeau de Sidy-Boumaidian, qui y attire toujours un grand concours d’individus des lieux environnans. A peu près à la même distance à l’ouest, était autrefois la ville de Mansourah, qui n’a plus ni maisons ni habitans ; mais dont la plus grande partie des murailles, qui sont bâties comme celles de Tlemsen, subsiste encore. Ces murs peuvent avoir trois quarts de lieue de circuit, et il y a environ la moitié de sa superficie en culture. Aboul-Hassan, pendant le long siège qu’il fit de Tlemsen, avait le projet de convertir Mansourah en une espèce de forteresse, pour tenir cette première ville plus rigoureusement bloquée.

          Au milieu de Mansourah s’élève une haute et belle tour ; mais la mosquée à laquelle elle appartenait a subi le sort du reste de la ville. Il y existe aussi une source très abondante.


          A cinq lieues au-dessous de Tlemsen, sur les bords de l’Isser, on passe par le Hamman du Marabout Sidy-Ebly, auprès duquel sont des ruines qui appartiennent probablement à Tibda, ville dont parlent les historiens espagnols.
          Les plaines de Zeidoure commencent à l’Isser, et s’étendent l’espace de douze lieues jusqu’à l’Oued-el-Mailah cette contrée délicieuse est arrosée par un grand nombre de sources et de ruisseaux, et habitée par les tribus arabes d’Ouelled- Zeire et de Halfa, qui sont probablement les descendans des anciens Teladusiens.
          Vers le centre de ces plaines, on voit le Charf-el-Graab ou le pinacle des Corbeaux.
          C’est un grand rocher pointu, à la base duquel coule un bras dit ruisseau de Sinan. A trois lieues un quart plus loin au nord-est de ce ruisseau, et à treize lieues au nord-nord-est de Tlemsen, on trouve les ruines de la grande ville de Sinan. Elle existait du temps d’Edrisi, qui la place à deux stations de Tlemsen.

          A six lieues de ces ruines, sont les Gibel-Karkar, grande chaîne de montagnes qui bornent la vue au sud ; et à six lieues au-delà, dans la même direction, les montagnes des Béni- Smil, au revers desquels habitent les Hararr, qui sont les Bédouins de cette partie du désert (d’Angad). On donne le nom de Figig à quelques villages qui sont à cinq journées des Béni- Smil, au sud-sud-ouest. Ce district est célèbre par ses plantations de palmiers, qui fournissent des dattes à toute la partie occidentale de la province.
          Issen Rebbi

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          • #6
            /* la Sebkha d’Oran */

            Au delà de l’Oued-el-Mailah. On trouve le petit village de Mesergin, à deux lieues et demie Au sud-ouest d’Oran. Mesergin est renommé pour un petit ruisseau d’eau excellente qui y coule, et qui inonde ensuite une grande plaine, où l’on cultive toutes sortes de légumes et d’herbages pour le marché d’Oran. Le Sibkah est une grande plaine sablonneuse, un peu au sud de Mesergin et de Bre-dih, et qui s’étend depuis le Flumen-Salsum au-delà du méridien d’Oran. En été elle est sèche, mais en hiver elle est toute couverte d’eau. Sur sa lisière, à l’est et au sud-est, jusqu’aux salines d’Arziou et à la rivière Talilet, on trouve les douares des Béni-Ammer, tribu nombreuse et guerrière. Ces Arabes ayant été en rapports journaliers avec les Espagnols, pendant le temps que ceux-ci ont été en possession d’Oran, la plupart d’entre eux parlent très bien la langue espagnole.

            Il y a ici une grande chaîne de montagnes qui est parallèle au Sibkah, et que l’on appelle àl’ouest Tessailah, et à l’est Tafarouy. En-deçà de ces montagnes, à six lieues au sud d’Oran, sont les ruines d’Arbailah ou Arbaal, que Marmol appelle Agobel ; c’était autrefois une ville considérable.
            A deux lieues et demie en arrière d’Arbailah, se trouvent les ruines de Teffailah, ville de la même importance que la précédente, mais située dans un meilleur terroir, au milieu d’une plaine qui porte son nom.

            Toutes les montagnes et les plaines du voisinage sont habitées par les Ouelled-Aly et les Ouelled-Mousa-Ben-Abdallah, qui sont ennemis nés des Ouelled-Zeire et des Halfa. Le territoire situé le long des rivières Makerrah et Tagiah, avant qu’elles baignent les plaines de Midley et des Romaliah, appartient aux Hachem, qui, suivant les différentes parties du pays qu’ils habitent, portent les noms de Hachem-Craga,Hachem-Saha-Raouy et Hachem-d’Agrise. C’est une des tribus les plus considérables de la partie occidentale de la régence. Ils ne paient aucune taxe, et servent en qualité de volontaires lorsque les Algériens ont besoin de leurs services.
            Issen Rebbi

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            • #7
              /* région de Mascara*/

              El-Callah, le grand marché des districts environnants pour les tapis et autres étoffes de laine, est à quatre lieues au sud-est de ces plaines, et à huit au sud-sud-est de Mosty-Gannine. C’est une petite ville bâtie sur une hauteur, comme son nom l’indique, et qui est sale, mal percée, sans égouts et non pavée. Les Turcs y ont une citadelle et une petite garnison. Quelques grandes pierres, et différents autres objets que l’on y voit. Il y a dans les environs plusieurs villages dont les habitants s’adonnent aussi à la fabrication des tapis.

              A cinq lieues au sud-est d’el-Callah, se trouve la ville de Mascara ou el-Mascar, composée en totalité de maisons bâties en terre. Elle est située au milieu d’une belle plaine, où s’élèvent plusieurs petits villages. Les habitants se sont refusés jusqu’à présent à ce que les Turcs occupent de leurs devoir.

              Autour des sources de la rivière Abdt, à douze lieues au sud-est de Mascara, sur les bords du désert, existe un assez grand nombre de dachekras, entre autres Frendah, Giran, Tagazoute et Sbibah, qui sont principalement habités par des Arabes. Sbibah est soumis aux Turcs depuis quelque temps ; mais les autres dachekras sont situés dans des lieux d’un accès si difficile, qu’ils n’ont pu, jusqu’à présent. obliger les habitants à payer tribut. Il existe à Sbibah divers fragments de murailles romaines.
              Dernière modification par Hamoudz, 17 août 2009, 13h54.
              Issen Rebbi

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              • #8
                ce qui ma attire le plus mon attention c'est la defformation systematique et absurde des noms de lieux

                ou Né drone ???!!! nedroma
                Tooûnt taount
                Tlemsan. TLEMCEN
                Sachratain sakhratain
                Habbed, el-eubbad
                Sidy-Boumaidian sidi-boumediane
                Sidy-Ebly, il manque un "s" a la fin pour le transformer en satan" el abily"natif de AVILA"en espapagne

                Oued-el-Mailah oued mouilah
                Béni- Smil, béni smaiyal
                Charf-el-Graab Ghrab
                Dernière modification par djet 7, 17 août 2009, 14h35.
                Tout systeme logique est nécéssairement incomplet

                Gödel

                Commentaire


                • #9
                  dje7

                  j'ai pas changé les noms de l'ouvrage , l'auteur original est anglais soit il n'est pas écrit correctement , soit les prononciations étaient différentes au 18ème siècles.
                  Issen Rebbi

                  Commentaire


                  • #10
                    /* région de Cherraga*/


                    L’Ouarissa, autre petit ruisseau aussi au nord du Chélif, est à deux lieues du Tagia. Après avoir arrosé Mazoua, comme la Sigg, il fertilise, par des irrigations, les plaines qui bordent le Chélif. Mazoun est située à une lieue au nord du Chélif, au pied d’une longue chaîne de montagnes qui commence un peu à l’ouest de Béni- Zérouall, et se dirige parallèlement au Chélif jusqu’à Mé-dia. Cette ville paraît avoir été fondée par les Maures, par la raison qu’elle est bâtie comme el-Callah, et ne renferme aucune ruine de temples romains,

                    Le pays au nord de Mazouna et des Béni-Zérouall, Jusqu’à Gibel-Diss, s’appelle Magrouah, du nom d’une tribu dont il est souvent parlé dans l’histoire de ces contrées, et qui en occupe encore aujourd’hui une grande partie. Les Ouelled- Oufrid, qui appartiennent aussi à ce district, habitent près de la côte de la Méditerranée, vis-àvis de l’île des Pigeons. Les Ze-Rysa occupent le pays situé à l’ouest, près de Rommel-Abiad et de Hamise; les Ouelled-Selima et les Ouidam, les montagnes qui sont entre Mazouna et les Béni- Zérouall. Ces derniers parcourent aussi les bordsde la Tagia et de l’Ouarissa, et cultivent quelquefois la plaine qui s’étend sur le bord méridional du Chélif. Je n’ai pas pu savoir s’il y avait quelques restes d’antiquités dans le pays des Magrouah ; mais je crois cependant qu’on peut les regarder comme les descendans des Machusiens dont parle Ptolomée.
                    Issen Rebbi

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                    • #11
                      /* région sud*/

                      Entre les rivières Mina et Ariou gisent les ruines de Tagadempt, le Torgdent, le Tigedent ou Tigendentum de l’atlas géographique, et que Sanson place à quarante-cinq lieues au sud d’Oran, C’était autrefois une grande ville qui n’a été abandonnée des Arabes que depuis quelques années. Ils y ont d’ailleurs laissé différentes traces de leur mauvais goût en fait d’architecture, et ont eu soin d’abattre et de gâter tout ce que leurs prédécesseurs y avaient érigé de beau et de grand Souamma, autre village en ruine, est à cinq lieues au sud de Tagadempt, sur les confins du désert ; on l’appelle ordinairement la Souamma de Mindass, du nom du territoire environnant.
                      Nador, ville considérable des Arabes gétuliens, à huit lieues au sud de Souamma, est située dans le désert, et bâtie sur une colline .
                      Au-dessous coule la Susellim, rivière qui, au-delà de Go-djida, se perd dans les sables, et devient rachig, comme disent les Arabes, c’està- dire qui ne coule plus; ce qui est le cas avec plusieurs autres rivières de Barbarie,

                      Sur les bords de l’Ariou, à six lieues à l’est de Tagadempt, et à dix au nord de Go-Djida, se trouvent les ruines de Meratte ; et deux lieues plus loin, une autre ville en ruine qui s’appelle Lo-Ha. Le territoire qui environne Lo-ha, et qu’occupent les Souide, la plus puissante de toutes les tribus arabes de ces contrées, est très fertile.
                      Le nom de cette tribu, qui signifie noir, leur vient, dit-on, d’un étendard de cette couleur qu’ils portaient anciennement dans leurs marches. Ils ne paient aucune espèce d’impôts, et ne servent les Algériens qu’en qualité de volontaires.

                      sur les bords du désert, la bourgade de Tessom-Sily, qui ne se compose plus que d’un assemblage de masures. A huit lieues plus loin sont les ruines de Tockeriah, près d’un petit ruisseau; et à six autres lieues de Midroe, les limites des Loouât et des Ammer, deux puissantes tribus des Gétuliens. Les Ammer habitent les montagnes hautes et escarpées on la rivière Adge-di prend sa source ;

                      fin.
                      Dernière modification par Hamoudz, 17 août 2009, 22h07.
                      Issen Rebbi

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                      • #12
                        Shaw pour Rmel Abiad écrit Rommel Ahead. Ah ces Anglais!

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                        • #13
                          Questions sur le pays témouchentois décrit par Shaw

                          Bonjour,

                          C'est avec bonheur que je suis tombé sur ce fil, car je parcourais ce livre de Shaw ce dimanche, et je me questionnais sur quelques indications relatives à la région témouchentoise.

                          Je me permets d'abord d'intervenir par rapport à ce qui a été dit pour la transcription des noms de lieu. La traduction qui est ici mise en ligne est celle de Mac Carthy vers 1830, et elle semble moins soignée qu'une autre traduction plus ancienne, publiée en 1743, qui a conservé les notes du Dr Shaw (ouvrage en ligne sur "Gallica", comme aussi l'édition de 1830). Il semblerait que Shaw écrivait et parlait l'arabe, ayant vécu 12 ans à Alger, mais pas Mac Carthy.
                          Dans cette édition de 1743, SHAW indique dans sa préface:
                          "J'ai orthographié tous les noms des lieux et des tribus suivant la prononciation anglaise et selon la valeur et le son de notre alphabet, parce que les caractères arabes "Gym" , "He" , "Waw", qui répondent à notre J, H, W, font que les mots dans lesquels ils se trouvent s'expriment mieux en anglais , et seraient, faute de lettre équivalente, en quelque sorte estropiés suivant la prononciation française ou italienne. D'un autre côté, j'y ai ajouté les noms arabes en caractères originaux toutes les fois que j'ai pu." (tome 1 page XIX)

                          Voici un extrait tiré de cette édition, qui montre cette orthographe de SHAW
                          "Tome 1,chapitre 4, page 65
                          Les plaines de Zeidoure commencent à l'Isser, et s'étendent trente milles jusqu'au Wed el Mailah. Ce charmand païs est arrosé d'un grand nombre de sources et de ruisseaux , et habité par deux tribus Arabes, qui se nomment les Welled Zeire et les Halfa: ils sont apparemment les successeurs des anciens Teladusiens.
                          Vers le milieu de ces plaines se voit le Shurf' el Graab *, ou le Pinacle des Corbeaux: c'est un grand rocher pointu; une branche du ruisseau Sinan coule à ses pieds.
                          Huit milles plus loin au Nord-Est de ce ruisseau, et trente deux milles au Nord-Nord-Est de Tlem-san, on trouve des vestiges de la grande ville de Sinan. Elle était habitée du temps d'Edrissi **, qui la place à deux stations de Tlem-san."


                          *en note, il indique le nom en caractères arabes
                          ** en note: citation latine, puis française, d'Al Idrissi (Nubiens. p 80). "Sortant de Tlem-san, il y a une station jusqu'à Ausabe, et de là jusqu'à Casr (ou " Maisons de ") Senan, il y a pareillement une station."

                          C'est sur cet extrait que je souhaiterais poser une question.
                          Saurait on me dire où précisément se place ce "Pinacle des corbeaux" , qui doit se trouver vers Aghlal ou Aïn-Kial ? Dans un texte plus tardif, vers 1836, cet endroit est également mentionné, mais sous le nom de "Djer el Garab" par un auteur français; il le rencontre, après avoir passé l'oued Isser en venant de Tlemcen, puis passé "El Breeg" , puis des marabouts qu'il appelle de "Sidi Moussa", environ 10 à 13 km (2 lieues) au sud de Aïn-Témouchent.

                          Je m'intéresse également à un détail curieux décrit dans un paragraphe qui a été omis dans votre article "Région de la Tafna". Voici le texte de SHAW:
                          " Après avoir laissé la rivière Tafna et l'île Acra au Sud-Sud-Ouest, on vient à une petite baye qu'on appelle communément le port d'Im-mi-sea. Il y a une tradition selon les Arabes , que c'était ici le port de Trans-rant , qui n'est plus qu'un tas de décombres à 2 milles de la mer, dans la plaine de Zei-doure. Auprès de cette ville ruinée coule un petit ruisseau, qui, après avoir arrosé le pays des Welled-Halfa , se jette dans ce port. Il faut que l'un ou l'autre de ces lieux soit l'ancienne Camareta * , placée dans "L'itinéraire" à égale distance, et du Portus Sigensis et du Flumen Salsum **. " (Tome 1 page 27 et 28)
                          * "L'itinéraire", dans Les extraits, page 68 B
                          ** Note personnelle: c'est à dire à égale distance de l'embouchure de la Tafna et de celle de L'Oued Mellah, ce qui situe ce "port" soit à la plage de l'Oued-el-Hallouf, soit à la plage dite autrefois de Camerata.

                          Je n'ai jamais auparavant entendu parler de ces ruines de Trans-Rant qui d'après Shaw auraient été à environ 3,5km de la mer; quelqu'un en saurait-il plus ? De même pour ce nom d'Immissi ?

                          Merci d'avance de vos réponses, et cordialement

                          Gérard Teisseire
                          Dernière modification par teisseire, 15 avril 2010, 09h51.

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