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Profils à l'anglaise

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  • Profils à l'anglaise

    Envoyé par zek
    Victimes du racisme en entreprise, de jeunes Français issus de l'immigration s'installent en Grande-Bretagne. Qui s'est dotée de lois antidiscrimination
    Bonjour, je suis étonné du nombre de jeunes français issus de l’immigration ainsi que de nombreux français originaire d’outre mer et d’Afrique travaillant dans les secteurs des services et de l’hôtellerie, les objectifs ne sont pas les mêmes, les jeunes magrébins sont surtout bien formés et diplômés, mais ont du mal à trouver des emplois en France en fonction de leurs niveaux et les autres, c’est plus pour des raisons discriminatoires par rapport à leurs âges, enfin quoi qu’il en soit disons que la raison principale c’est pour des raisons économiques.

    Soudain, Hamid, aîné d'une famille de huit enfants père ouvrier marocain, trente ans de chaîne à coller des revêtements de caravane, mère au foyer qui n'est allée qu'un an et demi à l'école , en a eu marre d'être toujours puni plus durement que ses frères et soeurs. Il avait 10 ans. Son père, arrivé en France au début des années 1970, l'a pris à part et lui a expliqué qu'il serait toujours le plus sévèrement traité : «Il m'a expliqué que j'étais l'aiguille, et mes frères et soeurs la ficelle. Si l'aiguille marchait bien à l'école, les autres passeraient par le chas de l'aiguille et suivraient l'exemple.» Hamid S. a écouté. Et obéi. Et cru à l'ascenseur social, lui qui se pensait français. Près de vingt ans plus tard, il n'y croit plus.

    «Pénitencier». Il vit à Londres, vient de monter une société de consulting en management, Vision Enabler. L'idée de revenir en France pour y travailler, «c'est comme si on me promettait le pénitencier». Quand les violences ont éclaté dans les cités de banlieue française, il a été interviewé par des journalistes médusés de la BBC Worldwide. Il leur a parlé racisme à l'école, humiliation et, même pour les fils d'immigrés de deuxième génération, discrimination à l'emploi. Il n'est pas un cas isolé.

    Comme lui, Aziz, Yasmina, Ayo et d'autres Français d'origine maghrébine ou africaine dotés de solides qualifications professionnelles ont décidé de prendre la fuite (lire ci-dessous). En Grande-Bretagne, ils ont eu sans difficulté des entretiens d'embauche, des propositions de jobs. Certes, l'économie du Royaume-Uni reste en forme et en manque chronique de personnel qualifié dans de nombreux secteurs. Le marché du travail français est au contraire dur pour tous les jeunes diplômés. Mais il l'est deux fois plus (en taux de chômage) pour les jeunes Français noirs ou maghrébins, selon le rapport rendu en 2004 par Yazid Sabeg, président de Communications et Systèmes, «Les oubliés de l'égalité des chances».
    La suite...
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin

  • #2
    Antifrançais. Hamid rêve que les choses changent en France, quitte à emprunter le chemin britannique : il est en train de négocier des programmes de lutte contre la discrimination dans l'emploi avec des entreprises internationales, basées à Londres. Lorsqu'il retrace son parcours, une expression revient sans cesse : «Nous sommes des survivants. Le racisme et la discrimination, c'est comme une piqûre de moustique. Une fois, deux fois, trois fois, ce n'est pas grave. Pour nous, ce sont des dizaines de piqûres tous les jours.» Il y a ces bonnes notes qu'il obtenait au collège et lui valaient des accusations de tricherie, ses copains tous évacués de la filière d'enseignement général, ce professeur de physique, quand il est en terminale C, qui l'accueille en lui disant : «Bac ou pas, t'es juste bon pour l'armée.» Il rêvait de maths spé, ce sera sciences économiques à Grenoble.

    Après son Deug, il veut intégrer l'Institut d'administration des entreprises (IAE). Ses notes à l'examen d'admission sont excellentes à l'écrit. A l'oral, le jury comporte deux hommes et une jolie femme. On le prie d'exposer son projet professionnel, il veut faire une maîtrise de gestion des entreprises, partir à l'étranger. En face, les trois membres du jury sont hilares. «Et comment vous allez financer ça, avec un père ouvrier, huit enfants dans la famille ?» interroge la jolie femme. Ce n'est pas dit mais il l'entend : «Et maghrébin de surcroît.» «J'ai failli basculer, je suis devenu antifrançais, je n'écoutais plus que de la musique arabe. Sans mes parents, j'aurais quitté la cravate, enfilé le blouson, les Nike...»

    Taliban. Il se replie sur une maîtrise de sciences éco. Il faut trouver des stages. «Dans une grande compagnie d'assurances, la responsable m'a répondu : les gens comme vous, vous êtes agressifs.» La résistance d'Hamid aux piqûres de moustique est remarquable. Il envisage de s'inscrire à un DESS économie d'entreprise. Le responsable l'évacue : «Vous allez être un point noir dans mes statistiques. L'année prochaine, vous ne trouverez pas de travail, et ça se verra dans mes stats.» Il prend sa revanche en intégrant un DESS à l'IAE puis un master of business administration à Göteborg, en Suède. C'est l'évasion. «Soudain, je n'ai plus été refoulé en boîte de nuit. La Suède m'a même accordé une bourse.»
    La suite...
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    • #3
      Le service militaire approche. Il envoie à nouveau une centaine de CV en France pour faire son armée en tant que CSN (1). Il a une réponse française : Michelin lui offre d'être vendeur de pneus dans des garages. Il en envoie cinq en Grande-Bretagne. Il a trois réponses, deux dans l'audit (Accenture et KPMG), la troisième de Carnaud Metal Box, qui a une filiale près d'Oxford. Il est retenu. «C'était le grand bonheur.» Il apprend à maîtriser des logiciels de comptabilité. Et découvre la «dynamique internationale» : «Un jour, j'ai vu arriver un homme habillé comme un taliban, avec son ordinateur sur l'épaule. Je ne pouvais m'empêcher de le dévisager. Aucun de mes collègues ne le regardait. C'était le "superman" d'IBM qui venait nous sortir d'affaire sur un gros problème de production et de code-barres. Dans ma façon de le regarder, j'avais été français.»

      Hallal. Au sortir de ce service militaire de luxe, il faut se confronter au marché du travail. En France, c'est de nouveau l'impasse. Il réattaque la Suède. Plusieurs entreprises le draguent. Ericsson, après une journée d'entretien, lui propose un poste de responsable produits dans le département Internet du groupe : il a 25 ans, démarre à 2 400 euros par mois. Il n'aura jamais le sentiment d'y être «l'étranger». En 2001, le secteur des télécoms souffre et licencie. Selon la règle du «last in, first out», Hamid quitte Ericsson. Ses parents le supplient de revenir en France. Il «arrose les entreprises du CAC 40». C'est le grand silence. «La France, c'est une mère qui me rejette.» Il cherche en Grande-Bretagne, est engagé immédiatement chez un géant mondial du secteur de l'énergie. A la cantine, la viande est hallal. Dans l'immeuble, il y a une petite salle de prière. Hamid intègre un programme de cinq ans destiné à former les top managers du groupe. Qui doivent apprendre, entre autres, à manier la différence culturelle dans des filiales européennes. «L'entreprise a un code de conduite, un manuel sur la diversité, des règles en tout genre pour lutter contre la discrimination.» Tout se déroule bien jusqu'au moment où il doit «tourner» dans la structure française : il sent qu'il va être mal accueilli. A Paris, il est toujours Hamid, fils de Maghrébin. Il démissionne. «Depuis, mes parents ont compris qu'ils ne me reverraient peut-être jamais en France.»
      (1) CSN : coopérant au service national.
      http://www.liberation.fr/page.php?Article=345918
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