Écrit par Luce Ricard - 17-08-2009
Le 24 juillet 1999, Mohammed VI devenait roi du Maroc. Mise à part l’attention spéciale qui est toujours donnée aux chiffres ronds, occasion de procéder à des bilans, y a-t-il lieu de se pencher particulièrement sur cette dernière décennie marocaine ?
1999-2009 : une décennie décisive pour le Maroc
Tout d’abord, l’arrivée au pouvoir de Mohammed VI marque un tournant dans l’histoire du pays. Il s’agit d’un changement politique tant au niveau social, qu’en ce qui concerne les libertés fondamentales, l’économie soutenue par des vagues de chantiers colossaux et la place du Maroc sur la scène internationale et notamment son positionnement face à l’Union européenne.
Si rupture il y a avec le précédent souverain, son père, c’est avant tout dans le style. On est d’abord frappé par sa discrétion. On serait bien en mal de faire référence à l’un de ses discours et pour cause : désertant fréquemment les sommets internationaux, c’est un roi que les médias entendent peu et qui ne communique pas sur ses projets, d’où le mystère planant sur la personnalité du souverain.
La nouveauté est également à chercher dans sa relation avec les Marocains et l’image dont il jouit au sein de la population. La revue Jeune Afrique va jusqu’à comparer Hassan II, son père et précédent souverain, au « père fouettard » alors que Mohammed VI serait le « père Noël ».
Mohammed VI, parfois familièrement surnommé « M6 », fait aussi figure de roi libéral et ouvert qui ne craint pas de s’attirer les foudres de certaines franges de la population comme lorsqu’il impose un nouveau code de la famille – la Moudawana – malgré les protestations des ultraconservateurs ou encore lorsqu’il met en place une commission sur les exactions et les « entorses » aux droits de l’Homme sous le règne d’Hassan II, quitte à monter contre le régime l’ancienne intelligentsia qui gravitait autour de son père.
Le roi a su « tourner la page » du règne de son père et ne pas défendre en bloc son bilan. C’est ce que l’on comprend avec le lancement de l’Instance Équité et Réconciliation (IER), qui enquête et indemnise les victimes des « années de plomb », c'est-à-dire les victimes du non-respect des droits de l’homme depuis l’indépendance de 1956.
« Plus libéral », c’est aussi ainsi qu’il a été perçu lors du lancement du nouveau code de la famille de 2004, qui améliore considérablement le statut des femmes et constitue un rempart de protection contre les dérives fondamentalistes. La lutte contre les fondamentalistes islamistes est en effet une des priorités du souverain. C’est dans cette optique que Mohammed VI a tenu à renforcer son propre statut de « commandeur des croyants » afin de limiter l’impact que pourraient avoir certains imams extrémistes, contrôlant de fait plus efficacement à la fois les préceptes religieux et les fidèles eux-mêmes.
On retient également que le roi a donné notamment au début de son règne, une certaine liberté d’expression à des groupes que son père avait lui-même muselés comme les indépendantistes sahraouis ou les républicains. Ce choix avait à l’époque été salué comme augurant un nouveau Maroc respectueux de la liberté d’expression. Moins brutal qu’Hassan II en matière de répression, le roi ne s’est pas lancé dans une « chasse aux sorcières » contre les milieux islamistes après les attentats de Casablanca, contrairement à la réaction que d’autres États arabes ont pu avoir dans des circonstances similaires.
Autre volet du changement apporté par Mohammed VI : les questions sociales. La lutte contre la pauvreté est un cheval de bataille du roi : se présentant parfois comme « le roi des pauvres », il a pour habitude de visiter les bidonvilles et a annoncé en 2005 un ambitieux plan de grands travaux destiné à réduire la misère. L’Initiative nationale pour le développement humain (INDH) qu’il a lancée recouvre la rénovation du système éducatif national, la réforme du système de santé et l'élargissement de la couverture médicale, l'accès au logement, la réalisation d'équipements sociaux et culturels ainsi que le développement humain. C’est dans le caractère ostentatoire de l’expression du souci de Mohammed VI pour les plus démunis qu’il faut en partie voir la rupture : quand Hassan II affichait un certain mépris pour le peuple, Mohammed VI n’a de cesse de faire savoir qu’il se sent solidaire du sort des couches défavorisées.
Outre la défense des droits de l’Homme et la lutte contre la pauvreté, pour Mohammed VI, la modernisation du pays passe aussi par celle de l’aménagement du territoire et le roi n’hésite pas à investir dans l’électrification de l’ensemble du pays, l’amélioration des axes de communication et des réseaux de transports en communs notamment le réseau autoroutier, ainsi que dans la construction de toutes pièces du port de Tanger Med.
Le 24 juillet 1999, Mohammed VI devenait roi du Maroc. Mise à part l’attention spéciale qui est toujours donnée aux chiffres ronds, occasion de procéder à des bilans, y a-t-il lieu de se pencher particulièrement sur cette dernière décennie marocaine ?
1999-2009 : une décennie décisive pour le Maroc
Tout d’abord, l’arrivée au pouvoir de Mohammed VI marque un tournant dans l’histoire du pays. Il s’agit d’un changement politique tant au niveau social, qu’en ce qui concerne les libertés fondamentales, l’économie soutenue par des vagues de chantiers colossaux et la place du Maroc sur la scène internationale et notamment son positionnement face à l’Union européenne.
Si rupture il y a avec le précédent souverain, son père, c’est avant tout dans le style. On est d’abord frappé par sa discrétion. On serait bien en mal de faire référence à l’un de ses discours et pour cause : désertant fréquemment les sommets internationaux, c’est un roi que les médias entendent peu et qui ne communique pas sur ses projets, d’où le mystère planant sur la personnalité du souverain.
La nouveauté est également à chercher dans sa relation avec les Marocains et l’image dont il jouit au sein de la population. La revue Jeune Afrique va jusqu’à comparer Hassan II, son père et précédent souverain, au « père fouettard » alors que Mohammed VI serait le « père Noël ».
Mohammed VI, parfois familièrement surnommé « M6 », fait aussi figure de roi libéral et ouvert qui ne craint pas de s’attirer les foudres de certaines franges de la population comme lorsqu’il impose un nouveau code de la famille – la Moudawana – malgré les protestations des ultraconservateurs ou encore lorsqu’il met en place une commission sur les exactions et les « entorses » aux droits de l’Homme sous le règne d’Hassan II, quitte à monter contre le régime l’ancienne intelligentsia qui gravitait autour de son père.
Le roi a su « tourner la page » du règne de son père et ne pas défendre en bloc son bilan. C’est ce que l’on comprend avec le lancement de l’Instance Équité et Réconciliation (IER), qui enquête et indemnise les victimes des « années de plomb », c'est-à-dire les victimes du non-respect des droits de l’homme depuis l’indépendance de 1956.
« Plus libéral », c’est aussi ainsi qu’il a été perçu lors du lancement du nouveau code de la famille de 2004, qui améliore considérablement le statut des femmes et constitue un rempart de protection contre les dérives fondamentalistes. La lutte contre les fondamentalistes islamistes est en effet une des priorités du souverain. C’est dans cette optique que Mohammed VI a tenu à renforcer son propre statut de « commandeur des croyants » afin de limiter l’impact que pourraient avoir certains imams extrémistes, contrôlant de fait plus efficacement à la fois les préceptes religieux et les fidèles eux-mêmes.
On retient également que le roi a donné notamment au début de son règne, une certaine liberté d’expression à des groupes que son père avait lui-même muselés comme les indépendantistes sahraouis ou les républicains. Ce choix avait à l’époque été salué comme augurant un nouveau Maroc respectueux de la liberté d’expression. Moins brutal qu’Hassan II en matière de répression, le roi ne s’est pas lancé dans une « chasse aux sorcières » contre les milieux islamistes après les attentats de Casablanca, contrairement à la réaction que d’autres États arabes ont pu avoir dans des circonstances similaires.
Autre volet du changement apporté par Mohammed VI : les questions sociales. La lutte contre la pauvreté est un cheval de bataille du roi : se présentant parfois comme « le roi des pauvres », il a pour habitude de visiter les bidonvilles et a annoncé en 2005 un ambitieux plan de grands travaux destiné à réduire la misère. L’Initiative nationale pour le développement humain (INDH) qu’il a lancée recouvre la rénovation du système éducatif national, la réforme du système de santé et l'élargissement de la couverture médicale, l'accès au logement, la réalisation d'équipements sociaux et culturels ainsi que le développement humain. C’est dans le caractère ostentatoire de l’expression du souci de Mohammed VI pour les plus démunis qu’il faut en partie voir la rupture : quand Hassan II affichait un certain mépris pour le peuple, Mohammed VI n’a de cesse de faire savoir qu’il se sent solidaire du sort des couches défavorisées.
Outre la défense des droits de l’Homme et la lutte contre la pauvreté, pour Mohammed VI, la modernisation du pays passe aussi par celle de l’aménagement du territoire et le roi n’hésite pas à investir dans l’électrification de l’ensemble du pays, l’amélioration des axes de communication et des réseaux de transports en communs notamment le réseau autoroutier, ainsi que dans la construction de toutes pièces du port de Tanger Med.
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