1 - Les mythes de Déluge
Les mythes de Déluge font partie de l’histoire de l’humanité. Très nombreux, ils sont presque universellement connus. Les premières attestations de ce type de récit remontent bien avant la Bible puisque les Hébreux ont emprunté ce thème aux Babyloniens et qu’il apparaissait déjà chez les Sumériens.
Au départ, ces mythes ont pour but d’expliquer les cataclysmes écologiques (inondations catastrophiques, incendies destructeurs, tremblements de terre...) qui ont bouleversé les paysages de nos ancêtres. Suffisamment violents et ravageurs au point de détruire des civilisations, ces cataclysmes ont laissé dans la mémoire des peuples de la préhistoire et de l’Antiquité la trace d’une grande terreur. Ne pouvant donner de raisons logiques à ces événements, l’homme des temps archaïques assimila le déluge à une punition. Une Force Suprême, lasse de voir en quel état étaient tombées ses créatures, résolut de les punir, à l’exception d’un couple qui serait chargé de donner naissance à une nouvelle humanité. Ainsi le déluge n’a pas pour but l’anéantissement définitif mais ouvre la voie à une «re-création» du monde et de l’humanité. Assimilé à un gigantesque baptême collectif, le déluge purifie et régénère.
Dans certaines traditions, le déluge n’est pas la conséquence d’une faute, d’un péché mais d’un vieillissement de l’humanité. Pour permettre à une nouvelle génération de naître, pour donner au monde une nouvelle jeunesse, il est nécessaire que l’ancien disparaisse.
Présents dans les mythologies du monde entier, sauf en Afrique où ils sont rares, les récits de déluge sont connus en Inde, en Asie du S.E., en Amérique du nord et du sud, en Australie... Plus près de nous, en Grèce, c’est Prométhée qui avertit son fils Deucalion que Zeus a décidé l’anéantissement des hommes de l’Age de Bronze (1). Deucalion s’échappe avec sa femme dans une arche. Mais avant de détruire le monde, il fallut le créer.
2 - Les mythes de Création
Les mythes de Création les plus connus suivent tous le même schéma. Au départ, un ou plusieurs dieux créent les différents éléments de l’univers, puis peaufinent leur ouvrage en créant l’homme. Mais l’homme et sa femme sont rebelles et les dieux n’aiment pas ça. Trois mythes résument fort bien ce schéma :
a - «L’histoire commence à Sumer»
Le grand mythe-poème de la naissance du monde et des dieux commence par ces mots : «Lorsqu’en haut les cieux...». Ce début est devenu son titre. Il comprend sept tablettes, à peine un millier de vers. Selon Vladimir Grigorieff (2) la création du monde se fit en six actes :
Acte 1 : Le Chaos (Apsou et Tiamat)
Au départ rien n’est nommé, donc rien n’existait. Sauf Apsou, dieu masculin, représentant les eaux douces sur lesquelles flottera la terre et Tiamat, déesse (ou dieu androgyne) représentant les eaux salées d’où émergent toutes les créatures divines.
Acte 2 et 3 : Evolution
Du sein d’Apsou et de Tiamat naquirent les dieux.
Acte 4 : Anou, Enlil, Ea
Anou règne sur le «Ciel», Enlil sur «l’Air-Terre» et Ea sur les «Eaux». On sort définitivement du Chaos initial et de sa lente évolution pour mettre en place les éléments, les matrices du Cosmos.
Acte 5 : Le combat des dieux (scène 1)Les jeunes dieux par leur fogue, empêchent Apsou de dormir, celui-ci résolut de les détruire afin de retrouver le sommeil. Ea, apprenant cela supprime Apsou et prend sa place, régnant ainsi sur toutes les eaux de la terre.
Acte 6 : Le combat des dieux (scène 2)
C’est Anou qui règne sur le «Ciel» qui, cette fois, décide de s’en prendre à son aïeule Tiamat. Pour se défendre, celle-ci engendre toutes sortes de monstres. Ea envoie son fils Mardouk. Tiamat est vaincue. Le monde peut enfin se mettre en place, s’ordonner. Le monde étant créer, il fallut le peupler. Ce que fit Mardouk.
De même qu’il y eut un moment dans la théogonie où les «vieux dieux» voulurent par deux fois exterminer les «jeunes dieux» qui troublaient leur repos, il y eut un moment dans l’anthropogonie où le père des dieux, sans doute «fatigué» de l’espèce humaine voulut la détruire. C’est Anou, le père des dieux, incité par Enlil, qui décida d’exterminer la toute jeune espèce humaine et c’est Ea qui, ne parvenant pas à l’en dissuader, prévint de façon magique son protégé Oum-Napishtim de sauver sa vie en construisant un bateau, une arche de sept ponts à dix cabines, d’y faire monter un couple de chaque espèce animale, de le charger de provisions pour une longue traversée. Alors, les eaux du ciel, les «réservoirs d’en haut» se déversèrent sur un monde à l’agonie.
b - La mythologie biblique
Les textes poétiques où il est question de création empruntent de nombreux éléments et motifs mythologiques à la Mésopotamie. Une grande différence cependant, le monde est créé par un seul et unique dieu, masculin et la femme est résolument écartée de tout principe créateur.
«Au commencement, Dieu créa le Ciel et la Terre. Or la terre était vague et vide, les ténèbres couvraient l’abîme, l’esprit de Dieu planait sur les eaux. Dieu dit : «Que la lumière soit» et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était bonne, et Dieu sépara la lumière et les ténèbres. Dieu appela la lumière «jour» et les ténèbres «nuit». Il y eut un soir et il y eut un matin: premier jour»
Et ainsi de suite jusqu’au cinquième jour. Le sixième, Dieu dit : «Faisons l’homme à notre image, comme notre ressemblance, et qu’il domine sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel, les bestiaux, toutes les bêtes sauvages et toutes les bestioles qui rampent sur la terre».
Le septième jour, Dieu se reposa, puis il planta un jardin en Eden et il y mit l’homme qu’il avait modelé. Constatant que la solitude ne convenait pas à sa création il lui adjoignit une compagne. Séduite par le serpent, Eve cueille le fruit de l’arbre de la Connaissance et y fait goûter Adam. Pour les punir, Dieu les chasse du Paradis. La descendance d’Adam et Eve fut nombreuse mais ces derniers ayant perdu leur lien d’avec le divin, leur progéniture présenta des lacunes : «Yahvé vit que la méchanceté de l’homme était grande sur la terre et que son cœur ne formait que de mauvais desseins à longueur de journée. Yahvé se repentit d’avoir fait l’homme sur terre et il s’affligea dans son cœur (...) Mais Noé avait trouvé grâce aux yeux de Yahvé.»
Noé construit donc une arche où il met un couple de chaque être vivant et s’embarque avec sa femme : «La pluie tomba sur la terre pendant quarante jours et quarante nuits. (...) La crue des eaux sur la terre dura cent cinquante jours (...) puis Dieu fit passer un vent sur la terre et les eaux désenflèrent.» (3)
c - La mythologie grecque
Le poème d’Hésiode «Des travaux et des jours» s’ouvre sur deux récits mythiques. Après avoir évoqué en quelques mots l’existence d’une double lutte (Eris), Hésiode raconte l’histoire de Prométhée et de Pandora, il la fait suivre d’un autre récit qui vient dit-il «couronner» le premier : le mythe des races.
Les deux mythes sont liés. Ils évoquent l’un et l’autre un ancien temps où les hommes vivaient, ainsi que le dit Hésiode: «Comme des dieux, dans une sécurité profonde, sans chagrin, sans souffrance». Chacun rendant compte à sa façon des maux qui sont devenus, par la suite, inséparables de la condition humaine.
Selon Hésiode, au départ il y avait le Chaos. Issue du Chaos, «Gaïa (la Terre) enfanta un être égal à elle-même, capable de la couvrir toute entière, Ciel (Ouranos) étoilé, qui devait offrir aux dieux bienheureux une assise sûre à jamais.» (4)
Cette histoire est le point de départ de toute la généalogie des dieux de l’humanité. Généalogie que reprendra Homère. Zeus, comme tous les dieux des mythes de création précédents, en eut un jour assez de la méchanceté et de l’impiété des hommes. Il se résolut donc à les détruire. Prométhée obtint que son fils Deucalion et sa belle-fille Pyrrha soient épargnés. Ceux-ci construisirent une arche, laquelle flotta neuf jours et neuf nuits sur les flots déchaînés.
par Françoise Marchand
Les mythes de Déluge font partie de l’histoire de l’humanité. Très nombreux, ils sont presque universellement connus. Les premières attestations de ce type de récit remontent bien avant la Bible puisque les Hébreux ont emprunté ce thème aux Babyloniens et qu’il apparaissait déjà chez les Sumériens.
Au départ, ces mythes ont pour but d’expliquer les cataclysmes écologiques (inondations catastrophiques, incendies destructeurs, tremblements de terre...) qui ont bouleversé les paysages de nos ancêtres. Suffisamment violents et ravageurs au point de détruire des civilisations, ces cataclysmes ont laissé dans la mémoire des peuples de la préhistoire et de l’Antiquité la trace d’une grande terreur. Ne pouvant donner de raisons logiques à ces événements, l’homme des temps archaïques assimila le déluge à une punition. Une Force Suprême, lasse de voir en quel état étaient tombées ses créatures, résolut de les punir, à l’exception d’un couple qui serait chargé de donner naissance à une nouvelle humanité. Ainsi le déluge n’a pas pour but l’anéantissement définitif mais ouvre la voie à une «re-création» du monde et de l’humanité. Assimilé à un gigantesque baptême collectif, le déluge purifie et régénère.
Dans certaines traditions, le déluge n’est pas la conséquence d’une faute, d’un péché mais d’un vieillissement de l’humanité. Pour permettre à une nouvelle génération de naître, pour donner au monde une nouvelle jeunesse, il est nécessaire que l’ancien disparaisse.
Présents dans les mythologies du monde entier, sauf en Afrique où ils sont rares, les récits de déluge sont connus en Inde, en Asie du S.E., en Amérique du nord et du sud, en Australie... Plus près de nous, en Grèce, c’est Prométhée qui avertit son fils Deucalion que Zeus a décidé l’anéantissement des hommes de l’Age de Bronze (1). Deucalion s’échappe avec sa femme dans une arche. Mais avant de détruire le monde, il fallut le créer.
2 - Les mythes de Création
Les mythes de Création les plus connus suivent tous le même schéma. Au départ, un ou plusieurs dieux créent les différents éléments de l’univers, puis peaufinent leur ouvrage en créant l’homme. Mais l’homme et sa femme sont rebelles et les dieux n’aiment pas ça. Trois mythes résument fort bien ce schéma :
a - «L’histoire commence à Sumer»
Le grand mythe-poème de la naissance du monde et des dieux commence par ces mots : «Lorsqu’en haut les cieux...». Ce début est devenu son titre. Il comprend sept tablettes, à peine un millier de vers. Selon Vladimir Grigorieff (2) la création du monde se fit en six actes :
Acte 1 : Le Chaos (Apsou et Tiamat)
Au départ rien n’est nommé, donc rien n’existait. Sauf Apsou, dieu masculin, représentant les eaux douces sur lesquelles flottera la terre et Tiamat, déesse (ou dieu androgyne) représentant les eaux salées d’où émergent toutes les créatures divines.
Acte 2 et 3 : Evolution
Du sein d’Apsou et de Tiamat naquirent les dieux.
Acte 4 : Anou, Enlil, Ea
Anou règne sur le «Ciel», Enlil sur «l’Air-Terre» et Ea sur les «Eaux». On sort définitivement du Chaos initial et de sa lente évolution pour mettre en place les éléments, les matrices du Cosmos.
Acte 5 : Le combat des dieux (scène 1)Les jeunes dieux par leur fogue, empêchent Apsou de dormir, celui-ci résolut de les détruire afin de retrouver le sommeil. Ea, apprenant cela supprime Apsou et prend sa place, régnant ainsi sur toutes les eaux de la terre.
Acte 6 : Le combat des dieux (scène 2)
C’est Anou qui règne sur le «Ciel» qui, cette fois, décide de s’en prendre à son aïeule Tiamat. Pour se défendre, celle-ci engendre toutes sortes de monstres. Ea envoie son fils Mardouk. Tiamat est vaincue. Le monde peut enfin se mettre en place, s’ordonner. Le monde étant créer, il fallut le peupler. Ce que fit Mardouk.
De même qu’il y eut un moment dans la théogonie où les «vieux dieux» voulurent par deux fois exterminer les «jeunes dieux» qui troublaient leur repos, il y eut un moment dans l’anthropogonie où le père des dieux, sans doute «fatigué» de l’espèce humaine voulut la détruire. C’est Anou, le père des dieux, incité par Enlil, qui décida d’exterminer la toute jeune espèce humaine et c’est Ea qui, ne parvenant pas à l’en dissuader, prévint de façon magique son protégé Oum-Napishtim de sauver sa vie en construisant un bateau, une arche de sept ponts à dix cabines, d’y faire monter un couple de chaque espèce animale, de le charger de provisions pour une longue traversée. Alors, les eaux du ciel, les «réservoirs d’en haut» se déversèrent sur un monde à l’agonie.
b - La mythologie biblique
Les textes poétiques où il est question de création empruntent de nombreux éléments et motifs mythologiques à la Mésopotamie. Une grande différence cependant, le monde est créé par un seul et unique dieu, masculin et la femme est résolument écartée de tout principe créateur.
«Au commencement, Dieu créa le Ciel et la Terre. Or la terre était vague et vide, les ténèbres couvraient l’abîme, l’esprit de Dieu planait sur les eaux. Dieu dit : «Que la lumière soit» et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était bonne, et Dieu sépara la lumière et les ténèbres. Dieu appela la lumière «jour» et les ténèbres «nuit». Il y eut un soir et il y eut un matin: premier jour»
Et ainsi de suite jusqu’au cinquième jour. Le sixième, Dieu dit : «Faisons l’homme à notre image, comme notre ressemblance, et qu’il domine sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel, les bestiaux, toutes les bêtes sauvages et toutes les bestioles qui rampent sur la terre».
Le septième jour, Dieu se reposa, puis il planta un jardin en Eden et il y mit l’homme qu’il avait modelé. Constatant que la solitude ne convenait pas à sa création il lui adjoignit une compagne. Séduite par le serpent, Eve cueille le fruit de l’arbre de la Connaissance et y fait goûter Adam. Pour les punir, Dieu les chasse du Paradis. La descendance d’Adam et Eve fut nombreuse mais ces derniers ayant perdu leur lien d’avec le divin, leur progéniture présenta des lacunes : «Yahvé vit que la méchanceté de l’homme était grande sur la terre et que son cœur ne formait que de mauvais desseins à longueur de journée. Yahvé se repentit d’avoir fait l’homme sur terre et il s’affligea dans son cœur (...) Mais Noé avait trouvé grâce aux yeux de Yahvé.»
Noé construit donc une arche où il met un couple de chaque être vivant et s’embarque avec sa femme : «La pluie tomba sur la terre pendant quarante jours et quarante nuits. (...) La crue des eaux sur la terre dura cent cinquante jours (...) puis Dieu fit passer un vent sur la terre et les eaux désenflèrent.» (3)
c - La mythologie grecque
Le poème d’Hésiode «Des travaux et des jours» s’ouvre sur deux récits mythiques. Après avoir évoqué en quelques mots l’existence d’une double lutte (Eris), Hésiode raconte l’histoire de Prométhée et de Pandora, il la fait suivre d’un autre récit qui vient dit-il «couronner» le premier : le mythe des races.
Les deux mythes sont liés. Ils évoquent l’un et l’autre un ancien temps où les hommes vivaient, ainsi que le dit Hésiode: «Comme des dieux, dans une sécurité profonde, sans chagrin, sans souffrance». Chacun rendant compte à sa façon des maux qui sont devenus, par la suite, inséparables de la condition humaine.
Selon Hésiode, au départ il y avait le Chaos. Issue du Chaos, «Gaïa (la Terre) enfanta un être égal à elle-même, capable de la couvrir toute entière, Ciel (Ouranos) étoilé, qui devait offrir aux dieux bienheureux une assise sûre à jamais.» (4)
Cette histoire est le point de départ de toute la généalogie des dieux de l’humanité. Généalogie que reprendra Homère. Zeus, comme tous les dieux des mythes de création précédents, en eut un jour assez de la méchanceté et de l’impiété des hommes. Il se résolut donc à les détruire. Prométhée obtint que son fils Deucalion et sa belle-fille Pyrrha soient épargnés. Ceux-ci construisirent une arche, laquelle flotta neuf jours et neuf nuits sur les flots déchaînés.
par Françoise Marchand
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