Nouvelles mesures économiques : à l'origine, l'affaire Orascom-Lafarge et Renault au Maroc
le 19/08/2009
«Pour nous, tout est parti de l'affaire Orascom-Lafarge. Le gouvernement algérien a estimé que cette transaction a été effectuée contre les intérêts de l'Etat algérien ». Cette analyse émane d'un proche des milieux d'affaires français qui suit de près l'évolution du marché algérien. « Nous pensons que trois ou quatre autres opérations de type Orascom-Lafarge, mais de moindre importance, ont été réalisées en Algérie ces derniers mois entre des multinationales, sans que le gouvernement algérien n'ait été au préalable informé. Les Algériens n'ont pas apprécié », poursuit-il.
Fin 2007, le groupe égyptien Orascom Cement avait fusionné avec Lafarge sans informer au préalable l'Etat algérien. Certes, ce type d'opération est souvent entouré d'une confidentialité importante : Lafarge et Orascom sont des groupes cotés en Bourse et d'éventuelles fuites concernant leurs projets de mariage auraient pu provoquer des variations importantes dans le cours des deux groupes, voire faire échouer l'opération.
Mais dans le cas de l'Algérie, la situation est différente. Le français Lafarge, dont les tentatives d'implantation en Algérie qui ont commencé dès 2006 s'étaient heurtées aux réticences du gouvernement algérien, savait que l'acquisition d'Orascom Cement ne pouvait être perçue que comme une entrée par effraction sur le marché algérien. Pour sa part, en acceptant de lui ouvrir les portes, Orascom a franchi une ligne rouge : il s'est substitué à l'Etat dans le choix de ses partenaires étrangers.
« Pour les Algériens, une telle chose est inacceptable. Accepter ou refuser l'entrée d'un investisseur sur le marché est une décision souveraine de chaque Etat. Imaginez un seul instant qu'un petit groupe énergétique en France accepte de fusionner avec Sonatrach pour lui ouvrir les ports du marché français du gaz? Une telle démarche provoquerait un séisme dans le pays », poursuit la même source.
Lafarge et Orascom auraient pu, dans un premier temps exclure l'Algérie de leur accord , en attendant le feu vert des autorités algériennes. Ce type de montage est courant à travers le monde. Il aurait suffit par exemple de sortir la filiale algérienne du giron d'Orascom Cement et d'en faire une structure indépendante. Mais ils ne l'ont pas fait. Et pour cause. Pour Orascom, la plus-value réalisée en Algérie était exceptionnelle : plus de 1,5 milliards de dollars. Et pour Lafarge, l'un des objectifs stratégiques recherchés à travers l'acquisition d'Orascom Cement était justement de pouvoir s'implanter en Algérie, en contournant les réticences des autorités.
L'autre dossier qui a provoqué la colère d'Alger concerne les concessionnaires automobiles, plus particulièrement le cas du français Renault. Depuis quelques années, le gouvernement a accordé de nombreux avantages aux filiales des constructeurs automobiles, allant même jusqu'à interdire l'importation des véhicules de moins de 3 ans. Une décision qui a suscité l'incompréhension des Algériens vivant à l'étranger.
Mais malgré les nombreuses promesses, aucun projet d'investissement dans le secteur ne s'est concrétisé. A plusieurs reprises, le gouvernement avait annoncé des projets. Mais à chaque fois, les négociations avec les constructeurs échouaient. Officiellement, l'Algérie n'offrirait pas toutes les conditions pour l'implantation d'un constructeur automobile. Mais cet argument n'a pas empêché Renault de s'implanter au Maroc, un pays qui n'offre pourtant pas des conditions d'accueil différentes de celles de l'Algérie pour un constructeur automobile.
Aujourd'hui, les nouvelles dispositions de la loi de finances 2009 complémentaire vont mettre le gouvernement en position de force dans de futures négociations en vue de l'implantation d'un constructeur automobile en Algérie.
le 19/08/2009
«Pour nous, tout est parti de l'affaire Orascom-Lafarge. Le gouvernement algérien a estimé que cette transaction a été effectuée contre les intérêts de l'Etat algérien ». Cette analyse émane d'un proche des milieux d'affaires français qui suit de près l'évolution du marché algérien. « Nous pensons que trois ou quatre autres opérations de type Orascom-Lafarge, mais de moindre importance, ont été réalisées en Algérie ces derniers mois entre des multinationales, sans que le gouvernement algérien n'ait été au préalable informé. Les Algériens n'ont pas apprécié », poursuit-il.
Fin 2007, le groupe égyptien Orascom Cement avait fusionné avec Lafarge sans informer au préalable l'Etat algérien. Certes, ce type d'opération est souvent entouré d'une confidentialité importante : Lafarge et Orascom sont des groupes cotés en Bourse et d'éventuelles fuites concernant leurs projets de mariage auraient pu provoquer des variations importantes dans le cours des deux groupes, voire faire échouer l'opération.
Mais dans le cas de l'Algérie, la situation est différente. Le français Lafarge, dont les tentatives d'implantation en Algérie qui ont commencé dès 2006 s'étaient heurtées aux réticences du gouvernement algérien, savait que l'acquisition d'Orascom Cement ne pouvait être perçue que comme une entrée par effraction sur le marché algérien. Pour sa part, en acceptant de lui ouvrir les portes, Orascom a franchi une ligne rouge : il s'est substitué à l'Etat dans le choix de ses partenaires étrangers.
« Pour les Algériens, une telle chose est inacceptable. Accepter ou refuser l'entrée d'un investisseur sur le marché est une décision souveraine de chaque Etat. Imaginez un seul instant qu'un petit groupe énergétique en France accepte de fusionner avec Sonatrach pour lui ouvrir les ports du marché français du gaz? Une telle démarche provoquerait un séisme dans le pays », poursuit la même source.
Lafarge et Orascom auraient pu, dans un premier temps exclure l'Algérie de leur accord , en attendant le feu vert des autorités algériennes. Ce type de montage est courant à travers le monde. Il aurait suffit par exemple de sortir la filiale algérienne du giron d'Orascom Cement et d'en faire une structure indépendante. Mais ils ne l'ont pas fait. Et pour cause. Pour Orascom, la plus-value réalisée en Algérie était exceptionnelle : plus de 1,5 milliards de dollars. Et pour Lafarge, l'un des objectifs stratégiques recherchés à travers l'acquisition d'Orascom Cement était justement de pouvoir s'implanter en Algérie, en contournant les réticences des autorités.
L'autre dossier qui a provoqué la colère d'Alger concerne les concessionnaires automobiles, plus particulièrement le cas du français Renault. Depuis quelques années, le gouvernement a accordé de nombreux avantages aux filiales des constructeurs automobiles, allant même jusqu'à interdire l'importation des véhicules de moins de 3 ans. Une décision qui a suscité l'incompréhension des Algériens vivant à l'étranger.
Mais malgré les nombreuses promesses, aucun projet d'investissement dans le secteur ne s'est concrétisé. A plusieurs reprises, le gouvernement avait annoncé des projets. Mais à chaque fois, les négociations avec les constructeurs échouaient. Officiellement, l'Algérie n'offrirait pas toutes les conditions pour l'implantation d'un constructeur automobile. Mais cet argument n'a pas empêché Renault de s'implanter au Maroc, un pays qui n'offre pourtant pas des conditions d'accueil différentes de celles de l'Algérie pour un constructeur automobile.
Aujourd'hui, les nouvelles dispositions de la loi de finances 2009 complémentaire vont mettre le gouvernement en position de force dans de futures négociations en vue de l'implantation d'un constructeur automobile en Algérie.
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