Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Maroc : De la contestation à la répression.

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Maroc : De la contestation à la répression.

    "Le Maroc a choisit des référentiels, qui ne sont pas à discuter", c'est en gros le message du porte-parole du gouvernement marocain, tout le monde sait de quoi il s'agit, c'est un peu chiant de raconter les péripéties politico-judiciaires de notre beau pays. Ce qui m'intrigue, c'est que le ministre en question, il y a une 30aine d'années, était de ceux qui remettaient en cause ces mêmes référentiels, c'est marrant, ça reflète aussi un magnifique retournement de veste d'une génération qui a fait les compromis qui l'ont tuée…

    C'est la nature humaine me dit-on : on a beau se rebeller contre un système, on finit par s'y adapter avec le temps. Mais le débat sur l'existence de cette fameuse nature humaine n'étant pas encore clos à mon avis, je passe… C'est vrai, il y a les facteurs historiques et politiques, qui ont fait que la gauche marocaine est devenue une coquille vide, où l'on se plait à remémorer le temps des hommes d'État, mais où l'on évite de se dire pourquoi il n'y en a plus. Mais la faute à qui ? A la monarchie ? Aux hommes de gauche ? Tout le monde en même temps ? Sans vouloir passer pour un journaliste de notre quotidien préféré Le Matin, je dis la gauche. C'est clair que ces gens, depuis que la responsabilité de trouver une alternative de gouvernance réformiste, après le rejet de l'option révolutionnaire, leur a été incombé, ont été incapables de démontrer une quelconque volonté politique. Résultat : perte d'une base militante déçue, montée de l'islamisme qui profite du vide et les forces vives du pays reléguées en simples spectatrices des dérives personnalisantes de notre très sympathique vie politique.

    La gauche victime d'un système ? Je dis plutôt que la gauche est victime d'un système qu'elle a contribué à élaborer. Ils ont avant tout fait des consensus dont ils n’assument toujours pas les séquelles, ils ont surtout profité du fait que dans notre pays, comme dans beaucoup d’autres (mais papa m’a dit que ce n’est pas bien de se complaire dans la comparaison), la politique est considérée comme un métier. C'est-à-dire que pour avoir le privilège de gérer le bien commun, on se fait grassement payer, c’est là que le mythe d’une gauche populaire et radicalement réformiste a été complètement déchiqueté ! Parce que le ministre marocain jouit de tellement de privilèges, que non seulement il perd tout contact avec le terrain qu’il est sensé côtoyé, mais il oublie même de protéger ses prérogatives ou même de les assumer complètement, il se contente d'appliquer des directives qu’il n’a en rien contribué à élaborer.

    L’expérience du gouvernement d’alternance, celui de la réconciliation entre la monarchie et l’opposition, nous a montré qu’une fois que cette dernière a accédé au pouvoir, elle n’a pas su faire sienne un principe dont elle se prévalait pourtant : le militantisme. On a beau crier qu’on veut réviser la constitution pour limiter les pouvoirs du roi, mais comme pour tout texte juridique, toute modification apportée doit s’adapter à une certaine réalité. En somme, cette révision doit d’abord être réalisable sur le terrain avant qu’elle ne le soit sur le texte. Mais quand la contestation d’hier devient la meilleure caution à la répression d’aujourd’hui, ça va être dur…

    Abdessamad Naimi
    Un jour, liberté naîtra, volonté existera, conscience on aura, et enfin, la paix sera...
Chargement...
X