Excuses, mensonges et humiliation
ou comment s'acheter une conscience !
Deux bonnes nouvelles sont tombées hier. La première c’est que la Suisse ne sera donc pas «atomisée» comme en rêvait Kadhafi. La seconde c’est que les deux otages retenus depuis plus d’un an par Tripoli doivent être libérés tout prochainement. Pour le reste, l’accord intervenu entre la Suisse et la Libye tient bien davantage de la pantalonnade que de l’exploit diplomatique. Hans-Rudolf Merz et Micheline Calmy-Rey ne manqueront certainement pas de rappeler combien il fut délicat de négocier avec le fantasque leader libyen. Aucun doute qu’ils ont déployé une énergie folle pour arracher, millimètre par millimètre, de Davos à Tripoli, cet accord qui règle le litige entre les deux pays. De bien curieuses négociations en réalité puisque, devant l’intransigeance du président libyen, ils ont fini par se plier à toutes ses exigences formulées dès le début de l’affaire. Les otages suisses viennent juste de subir un calvaire d’un an pour rien.
En s’excusant platement devant le peuple libyen, Hans-Rudolf Merz consacre la loi du plus fort, en l’occurrence un régime totalitaire, tout en niant les principes de l’Etat de droit. Berne aurait certes préféré que Genève, sa police et son procureur présentent leurs excuses. Les pressions furent vives, mais les autorités genevoises n’ont pas cédé. Avec raison. Car l’arrestation d’Hannibal et de son épouse ne fut pas «injuste» mais bien nécessaire pour que le droit soit respecté. Donc c’est finalement au président de la Confédération qu’est revenue la sale besogne de se coucher devant le dictateur. L’humiliation est censée rendre son honneur au clan Kadhafi. Une mascarade tissée d’excuses contraintes, personne n’est dupe.
On peut hurler au scandale. On peut aussi se résigner au nom de la libération des otages. Il faut surtout regretter que la Suisse n’ait pas d’allié assez proche et puissant qui seul sans doute aurait pu forcer la main à Kadhafi.
Tribune de Geneve
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