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La mémoire séléctive de Ben Bernanke

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  • La mémoire séléctive de Ben Bernanke

    Ben Bernanke va être reconduit à la présidence de la Réserve fédérale américaine (Fed) en janvier 2010. Et il a déjà commencé à mettre au point une version très personnelle de l'histoire économique récente.

    Lors de la Conférence mondiale des banques centrales à Jackson Hole (Wyoming), le 21 août, il a rejeté la responsabilité de la crise financière sur les investisseurs et a félicité les banques centrales pour l'efficacité de leur intervention.

    M. Bernanke a commencé par minimiser ce qui fut une grossière erreur de jugement. L'édition 2008 de la conférence n'avait eu lieu que quelques semaines avant le naufrage de la banque Lehman Brothers. Mais c'est d'un ton léger que M. Bernanke a justifié ce manque de clairvoyance, arguant qu'"il était impossible de mesurer toute l'ampleur" de ce qui allait se produire. Pour lui, si la situation a dégénéré aussi vite, c'est parce que les investisseurs ont cédé à la peur. La crise présenterait "à plus d'un titre les caractéristiques d'un accès de panique classique". Une interprétation des faits qui innocente les prévisionnistes. A qui peut-on demander de modéliser les mouvements d'humeur ?

    Pour M. Bernanke, les banques centrales ont été les "chevaliers blancs" de l'histoire. Confrontées aux mouvements désordonnés d'une foule ayant perdu la raison, elles ont distribué des liquidités, pris des mesures audacieuses, et ainsi empêché l'accès de panique de déboucher sur une Grande Dépression. Pour reprendre ses propres mots, "l'issue aurait pu être bien plus catastrophique".

    Les propos de M. Bernanke ne sont pas à proprement parler mensongers. Mais sa vision est incomplète et beaucoup trop indulgente à l'égard des banques centrales.

    L'une des raisons pour lesquelles la Fed et ses consoeurs n'ont pas été capables de prévoir le brasier, c'est qu'elles n'ont pas compris la logique organique du système financier.

    Ce sont les politiques qu'elles ont pratiquées en temps de prospérité qui ont allumé l'incendie : elles ont maintenu les taux d'intérêt à un niveau trop bas pendant trop longtemps ; elles ont mal encadré les activités de crédit ; elles se sont montrées excessivement laxistes face à l'évolution technique des instruments financiers. Quand on a soi-même répandu l'essence, il vaut mieux éviter de se vanter d'avoir éteint le feu.

    Au regard des erreurs commises, les louanges dont M. Bernanke couvre les banques centrales sont prématurées. En optant pour une politique de taux d'intérêt ultrafaibles et de soutien massif au marché, elles se sont aventurées en terre inconnue. Si l'épopée tourne mal, en produisant par exemple une flambée d'inflation, un redémarrage économique poussif ou même une nouvelle crise financière, alors nous pourrions assister à d'autres mouvements de "panique" pointés par M. Bernanke.

    par Edward Hadas, breakingviews, Le Monde
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