· Un budget de 500 millions de DH
· Le mode de recrutement des journalistes contesté
Le 17 octobre 2001, à Ajdir, une allocution royale a fait de la promotion de l’amazigh «une responsabilité nationale». Huit ans plus tard, on attend encore qu’une chaîne de télévision amazighe voie le jour. Annoncée, puis ajournée depuis fin 2007, la naissance de la télé amazighe se fait attendre. On aurait pu croire que le projet a été renvoyé aux calendes grecques. «Il n’en est rien», assure le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Khalid Naciri.
La nouvelle venue du paysage audiovisuel marocain sera prête, dit-on, à émettre avant fin 2009. Selon Karim Tej, chef de cabinet du ministre de la Communication, les locaux de Tamazight TV ont déjà été aménagés, près de ceux de la SNRT, et le recrutement est en cours d’achèvement. Le budget alloué à la chaîne par le Fonds de promotion du paysage audiovisuel marocain (FPPAM) sera de 500 millions de DH sur 4 ans, dont 74 millions au titre de cette année.
Tamazight TV assurera une diffusion de 6 heures quotidiennes du lundi au vendredi. Le temps d’antenne sera de 10 heures le samedi et autant le dimanche. Quant au contenu, un appel d’offres a été lancé en juillet 2009 pour nourrir la grille des programmes, en respectant toujours la ligne éditoriale dictée par le discours royal: promouvoir la culture amazighe. Toutefois, il semblerait qu’il y ait un gap entre la théorie et la pratique. A titre d’exemple, l’Institut royal de la culture amazighe (Ircam) a été exclu du processus de recrutement des journalistes. Or, l’Ircam est aujourd’hui la seule instance marocaine à former des journalistes en amazigh et à leur fournir des supports utiles à l’exercice de leur métier, tels des dictionnaires ou des lexiques en amazigh. Le recteur de l’Ircam, Ahmed Boukous, déplore cette mise à l’écart pour laquelle aucune justification officielle n’a été donnée.
Le retard important pris pour lancer la chaîne (voir L’Economiste du 26 décembre 2007) ajoute à la perplexité et à l’inquiétude ressenties côté amazigh. Un retard à mettre sur le compte de «la lourdeur et la complexité des démarches nécessaires au lancement d’une nouvelle chaîne», explique Karim Tej. Ce que récuse Ahmed Boukous pour qui «ce retard ne peut être justifié par des considérations techniques».
Autre point de mésintelligence: la nomination d’un directeur à la tête de la chaîne. Même si des rumeurs persistantes avancent le nom de Mohamed Mamad, directeur de la programmation à 2M, aucune annonce officielle n’a encore été faite dans ce sens. Cette absence de nomination est vécue côté amazigh comme un vice de forme. Autant d’éléments qui apportent de l’eau au moulin du mécontentement des associations amazighes qui vivent ces retards comme un laxisme volontaire et qui crient à la discrimination.
Les responsables auraient peut-être dû faire leur la maxime de l’homme d’affaires suédois Percy Barnevik: «Privilégier la vitesse à la précision, car le coût d’un retard dépasse de loin celui d’une erreur».
L’exemple à éviter
Une expérience similaire a été menée par notre voisin algérien. La chaîne 4 amazighe a été lancée en mars 2009 en Algérie. Seulement, le résultat est loin d’être probant, déplore Ahmed Assid, chercheur en culture amazighe et membre du Comité pour la défense de l’amazigh à la télévision. Le contenu de la chaîne algérienne serait finalement un plagiat de ce qui se fait sur les chaînes arabes, avec une composante amazighe qui reste sous le joug de la culture arabo-islamique, toujours selon Ahmed Assid.
C’est, d’après lui, le piège que doit éviter la chaîne amazighe marocaine. «Il faut que cette dernière soit à l’image de l’individu amazigh, tel qu’il est dans la société, avec ses propres coutumes et ses propres valeurs». Un contenu moderne, en accord avec son temps, est attendu de Tamazight TV.
A. Ak & J. E. H.
L'economiste
· Le mode de recrutement des journalistes contesté
Le 17 octobre 2001, à Ajdir, une allocution royale a fait de la promotion de l’amazigh «une responsabilité nationale». Huit ans plus tard, on attend encore qu’une chaîne de télévision amazighe voie le jour. Annoncée, puis ajournée depuis fin 2007, la naissance de la télé amazighe se fait attendre. On aurait pu croire que le projet a été renvoyé aux calendes grecques. «Il n’en est rien», assure le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Khalid Naciri.
La nouvelle venue du paysage audiovisuel marocain sera prête, dit-on, à émettre avant fin 2009. Selon Karim Tej, chef de cabinet du ministre de la Communication, les locaux de Tamazight TV ont déjà été aménagés, près de ceux de la SNRT, et le recrutement est en cours d’achèvement. Le budget alloué à la chaîne par le Fonds de promotion du paysage audiovisuel marocain (FPPAM) sera de 500 millions de DH sur 4 ans, dont 74 millions au titre de cette année.
Tamazight TV assurera une diffusion de 6 heures quotidiennes du lundi au vendredi. Le temps d’antenne sera de 10 heures le samedi et autant le dimanche. Quant au contenu, un appel d’offres a été lancé en juillet 2009 pour nourrir la grille des programmes, en respectant toujours la ligne éditoriale dictée par le discours royal: promouvoir la culture amazighe. Toutefois, il semblerait qu’il y ait un gap entre la théorie et la pratique. A titre d’exemple, l’Institut royal de la culture amazighe (Ircam) a été exclu du processus de recrutement des journalistes. Or, l’Ircam est aujourd’hui la seule instance marocaine à former des journalistes en amazigh et à leur fournir des supports utiles à l’exercice de leur métier, tels des dictionnaires ou des lexiques en amazigh. Le recteur de l’Ircam, Ahmed Boukous, déplore cette mise à l’écart pour laquelle aucune justification officielle n’a été donnée.
Le retard important pris pour lancer la chaîne (voir L’Economiste du 26 décembre 2007) ajoute à la perplexité et à l’inquiétude ressenties côté amazigh. Un retard à mettre sur le compte de «la lourdeur et la complexité des démarches nécessaires au lancement d’une nouvelle chaîne», explique Karim Tej. Ce que récuse Ahmed Boukous pour qui «ce retard ne peut être justifié par des considérations techniques».
Autre point de mésintelligence: la nomination d’un directeur à la tête de la chaîne. Même si des rumeurs persistantes avancent le nom de Mohamed Mamad, directeur de la programmation à 2M, aucune annonce officielle n’a encore été faite dans ce sens. Cette absence de nomination est vécue côté amazigh comme un vice de forme. Autant d’éléments qui apportent de l’eau au moulin du mécontentement des associations amazighes qui vivent ces retards comme un laxisme volontaire et qui crient à la discrimination.
Les responsables auraient peut-être dû faire leur la maxime de l’homme d’affaires suédois Percy Barnevik: «Privilégier la vitesse à la précision, car le coût d’un retard dépasse de loin celui d’une erreur».
L’exemple à éviter
Une expérience similaire a été menée par notre voisin algérien. La chaîne 4 amazighe a été lancée en mars 2009 en Algérie. Seulement, le résultat est loin d’être probant, déplore Ahmed Assid, chercheur en culture amazighe et membre du Comité pour la défense de l’amazigh à la télévision. Le contenu de la chaîne algérienne serait finalement un plagiat de ce qui se fait sur les chaînes arabes, avec une composante amazighe qui reste sous le joug de la culture arabo-islamique, toujours selon Ahmed Assid.
C’est, d’après lui, le piège que doit éviter la chaîne amazighe marocaine. «Il faut que cette dernière soit à l’image de l’individu amazigh, tel qu’il est dans la société, avec ses propres coutumes et ses propres valeurs». Un contenu moderne, en accord avec son temps, est attendu de Tamazight TV.
A. Ak & J. E. H.
L'economiste
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