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Washington tenté de réduire son bouclier antimissile

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  • Washington tenté de réduire son bouclier antimissile

    Selon la presse polonaise, les États-Unis auraient renoncé à leurs installations en Europe centrale. Washington parle seulement de «réexamen de sa stratégie antimissile».

    En matière de défense antimissile américaine, les Polonais, qui comptent sur elle pour se protéger de leur immense voisin russe, sont traditionnellement bien informés. Il est donc peu surprenant que ce soit un journal de Varsovie qui ait dégainé en premier. Gazeta Wyborcza, citant des lobbyistes américains, affirme que Washington aurait renoncé au 3e site de sa défense antimissile et décidé de ne plus déployer le bouclier prévu en Europe centrale - dix intercepteurs de missiles balistiques de longue portée en Pologne et un puissant radar en République tchèque. Selon le quotidien, la nouvelle Administration américaine aurait opté, afin de se protéger de la menace iranienne et des États voyous, pour l'installation de ses intercepteurs de missiles sur des navires et dans des bases en Israël et en Turquie, voire dans les Balkans.
    L'information a été qualifiée d' «inexacte» par Washington. «Nous sommes toujours en train de réexaminer notre stratégie antimissile» a précisé un porte-parle du département d'Etat.
    Elle s'inscrit en tout cas dans la logique de la nouvelle Administration américaine. Si, depuis la guerre des étoiles de Ronald Reagan, la défense antimissile est devenue, avec la prolifération balistique, un élément structurant de la posture stratégique américaine, elle est récemment entrée dans une zone de turbulences dont elle peine à sortir.

    «Une remise à plat»


    L'accord conclu en 2008 entre les États-Unis de George Bush, la Pologne et la République Tchèque a en effet réveillé l'ours russe, qui considère l'arrivée de la bannière étoilée dans l'ancien glacis soviétique et surtout à Varsovie, si près de Moscou, comme une menace contre sa propre sécurité. Le Kremlin, qui ne plaisante pas sur ce sujet, a menacé de répondre en déployant des missiles Iskander à Kaliningrad et même des bombardiers à Cuba. Depuis, le bouclier empoisonne les relations américano-russes, à un moment où les États-Unis auraient bien besoin du soutien de Moscou sur certains sujets internationaux.
    À peine élu, Barack Obama a demandé une «review», une «remise à plat» de la défense antimissile américaine, dont il veut s'assurer qu'elle soit techniquement efficace, financièrement raisonnable et politiquement productive. La décision de donner suite ou non au 3e site d'Europe centrale, censé compléter la protection du territoire américain assurée jusque-là par des dispositifs en Alaska et en Californie, doit tomber en septembre.
    Or, depuis l'élection d'Obama, le débat fait rage à Washington. La nouvelle Administration veut se rapprocher de Moscou. «Elle entend aussi se concentrer sur les menaces réelles et avérées, sur celles du présent plutôt que sur celles qui existeront dans le futur», explique Jean-Pierre Maulny, le directeur adjoint de l'Iris. Or, il n'existe aujourd'hui aucune preuve que l'Iran, principale cible du bouclier d'Europe centrale, soit en possession de lanceurs de missiles à longue portée, capables d'atteindre les États-Unis…
    S'il est avalisé, le remplacement du projet d'Europe centrale par des frégates et des intercepteurs en Turquie et en Israël aurait des avantages à la fois politiques et opérationnels. «Ce serait une solution assez logique en ce sens qu'elle désamorcerait la colère russe tout en rassurant Israël sur la menace iranienne. Elle permettrait en outre de parfaire, grâce à l'implantation en Turquie, la protection sur le flanc sud, qui était le point faible du bouclier d'Europe centrale», poursuit Jean-Pierre Maulny. Le dispositif serait suffisant pour traiter les menaces actuelles et immédiates, c'est-à-dire pour se protéger contre les tirs de missiles à moyenne ou à courte portée. Mais attention. «Il ne s'agit pas d'abandonner la défense antimissile américaine, qui reste d'actualité même avec un budget rogné de 10 %», prévient Camille Grand, le directeur de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS). Simplement d'en réorienter l'une de ses composantes. De l'adapter aux besoins du moment.
    C'est justement cette vision immédiate du danger, qui signifie selon eux une sorte de démission vis-à-vis de l'Iran, que récusent vivement les défenseurs américains du bouclier d'Europe centrale. «Ils estiment que les États-Unis doivent répondre dès aujourd'hui à la menace future, qu'il faut d'ores et déjà se préparer à la perspective de devoir cohabiter avec un Iran qui possède à la fois la bombe nucléaire et des missiles à longue portée», poursuit l'expert de la FRS. À cet égard, les informations de Gazeta Wyborcza peuvent aussi bien être un ballon d'essai, des fuites opportunément distillées par la Maison-Blanche pour tester l'humeur et la détermination du Congrès.
    http://www.lefigaro.fr
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