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france:Le « problème Frêche »

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  • france:Le « problème Frêche »

    Galvanisé par l’excellent résultat des Verts aux élections européennes, Daniel Cohn-Bendit n’a pas manqué de souligner dernièrement les ambitions électorales de son mouvement pour les régionales de 2010.
    Le socialiste encarté que je suis avait d’ailleurs voté pour les listes écologistes, voulant et entendant que mon vote ne puisse cautionner le sectarisme et l’aveuglement de la direction actuelle du PS.

    Si c’était à refaire, je le referai, là n’est pas la question.

    Ce faisant, un scrutin n’est pas l’autre et j’avoue ne pas comprendre la stratégie de Cohn-Bendit qui, à bien des égards, paraît atteint de la même mégalomanie que François Bayrou. On sait que bien mal en a pris à ce dernier.

    Les Verts n’ont rien à gagner à présenter des listes contre le PS-Divers Gauche. Au contraire, c’est la gauche, dans toutes ses composantes, qui a tout à y perdre.

    Mais ce qui m’a véritablement gêné chez Cohn-Bendit, c’est l’interview qu’il a accordée au Midi Libre, en marge de l’Université d’été des Verts à Nîmes :

    « En Languedoc-Roussillon, Georges Frêche s’est allié à des chasseurs. C’est une déclaration politique ! Au scrutin européen, ces derniers étaient alliés aux forces les plus anti-européennes, celles de De Villiers. Là, je ne sais où est la carpe et où est le lapin.
    […]

    Le parti socialiste est empêtré dans ses contradictions. Il doit d’abord régler le problème Frêche. La liste écologiste, qui aura aussi des non-Verts, sera autonome au premier tour, sans participer à une coalition anti ou pro-Frêche. Les électeurs décideront du rapport de force du second tour. Le PS, lui, devra d’abord régler le problème Frêche »

    Le leader écologiste s’est logiquement engouffré dans la brèche ouverte par la pitoyable Martine Aubry, laquelle avait déclaré, lors d’un déjeuner organisé en juin dernier à la Questure de l’Assemblée Nationale :

    « Je ne ferai qu’une seule exception [à la reconduction des Présidents de régions socialistes], à titre personnel, avec Georges Frêche »

    Cohn-Bendit devrait se souvenir à quel point il est désagréable de se voir opposer quelques citations tronquées, extraites de leur contexte, ou des comportements passés (cf. son altercation avec Bayrou). Il devrait se souvenir aussi que le discours anti-européen du chasseur moyen n’a rien à envier à celui d’un tenant de la soi-disant gauche « pure et dure ». De même, il n’y a aucune incompatibilité à être de gauche, chasseur et sensible aux problèmes environnementaux. Et on ne manquera pas non plus de souligner que le foutoir organisationnel du CNPT contraste peu avec celui des Verts.

    Mais quel crime a donc commis Georges Frêche pour faire aujourd’hui l’objet de la vindicte de ses « amis » politiques ? D’avoir ravi la région à l’UMP Jacques Blanc qui, en 1998, s’était allié au Front National ?

    Que nenni ! Le crime de Georges Frêche a été sa réaction épidermique, le 11 février 2006, à l’occasion d’un dépôt de gerbe devant la stèle de Jacques Roseau, porte-parole du « Recours » (un mouvement pied-noir), assassiné en 1993. Le Président de la région Languedoc-Roussillon avait été alors violemment pris à parti par un groupe de harkis récemment passé à l’UMP :

    « Vous êtes vraiment d’une incurie incroyable. Vous ne connaissez pas l’histoire. Ah, vous êtes allés avec les gaullistes… Vous faites partie des harkis qui ont vocation à être cocus toute leur vie… Faut-il vous rappeler que 80 000 harkis se sont fait égorger comme des porcs parce que l’armée française les a laissés ? Moi qui vous ai donné votre boulot de pompier, gardez-le et fermez votre gueule ! Je vous ai trouvé un toit et je suis bien remercié. Arrêtez-vous ! Arrêtez-vous ! Allez avec les gaullistes ! Allez avec les gaullistes à Palavas. Vous y serez très bien ! Ils ont massacré les vôtres en Algérie et vous allez leur lécher les bottes ! Mais vous n’avez rien du tout ! Vous êtes des sous-hommes ! Rien du tout ! Il faut que quelqu’un vous le dise ! Vous êtes sans honneur. Vous n’êtes pas capables de défendre les vôtres ! Voilà, voilà… Allez, dégagez ! »

    Quand on connaît Georges Frêche, cette réaction n’a rien de surprenante. Elle ne peut que choquer à la rigueur quelques technos parisiens, loin des réalités politiques locales, et qui, outre l’indignation facile, ont en partage non seulement la méconnaissance de l’Histoire de France mais aussi du parcours politique de l’intéressé.

    Frêche a été ainsi accusé de racisme, lui qui, dans sa jeunesse, fut un militant anticolonialiste de la première heure. On rappellera aussi qu’il a milité contre la guerre d’Algérie, alors que la SFIO du nordiste Guy Mollet avait de son côté cautionné la répression anti-FLN. Frêche n’hésitait pas non plus à se frotter contre les étudiants de la « Corpo de droit », partisans de l’OAS.

    Cet engagement anticolonialiste n’a jamais empêché Frêche de considérer avec la plus grande sympathie les Pieds noirs dont une grande majorité était composée de petites gens – de droite comme de gauche – qui avaient tout perdu dans ce que l’on appelait à l’époque « Les événements d’Algérie ». Ce sont ces petites gens qui furent priés de se loger dans les tours de La Paillade nouvellement construites par la municipalité Delmas, tandis que les Harkis, méprisés par le pouvoir gaulliste, furent parqués dans des bidonvilles.

    Martine Aubry et Daniel Cohn Bendit ont également oublié que Frêche, mis en examen en mars 2006 pour injures à caractère racial, a été relaxé le 13 septembre 2007 par la Cour d’appel de Montpellier.

    Dans son ouvrage, Le Marigot des pouvoirs (éd. Climats, 2004), le journaliste Jacques Molénat a parfaitement résumé le « problème Frêche » :

    « [Frêche a] l’art d’embrasser au gré des publics tout le kaléidoscope idéologique de l’Hexagone. Il est capable de tenir ici un discours révolutionnaire, là gaulliste, ailleurs libéral, jaurésien et même lepéniste, dans le sillage, pour cette dernière variante, de son adhésion profonde à la cause pied-noir. »

    Ayant suivi les enseignements de Georges Frêche à la faculté de droit de Montpellier, je puis témoigner en effet de sa prodigieuse agilité intellectuelle et de sa culture impressionnante. Frêche parlait avec une égale passion de Joseph de Maistre, Louis Blanc, Georges Sorel, Karl Marx, Charles Maurras ou de Léon Blum. Je me souviens que son one man show déroutait souvent l’auditoire composé de petits étudiants bien sages, empêtrés dans leur souci conformiste de plaire aux professeurs.

    Quand Frêche évoquait une idéologie de droite, il la défendait, non pour la cautionner, mais pour nous en faire comprendre les arcanes et la logique intellectuelle. Il défendait avec la même vigueur toute idéologie de gauche et rien ne le dérangeait plus qu’un étudiant qui, lors d’un exposé, était incapable de faire preuve de la moindre passion.

    Je me rappelle ainsi de cette condisciple qui, corsetée dans un tailleur impeccable, présentait un exposé sur Auguste Blanqui. Frêche ne l’avait pas lâchée :

    « Mais regardez-vous ! Vous êtes habillée comme une rombière du seizième arrondissement alors que vous devriez monter sur les tables et appeler à l’insurrection ! »

    Frêche est un provocateur dans l’âme, non pour faire mal et humilier, mais pour susciter le questionnement. Il eût été si facile pour cet agrégé de droit de demeurer un professeur propre sur lui, lisse, incolore, inodore et sans saveur. Mais c’eût été assurément forcer sa nature hors du commun.

    Je me souviens que je redoutais de faire les frais de ses critiques cinglantes.

    L’homme n’est cependant pas exempt de tout défaut, c’est entendu. Ce billet n’a d’ailleurs pas pour but d’en faire l’apologie. Lorsqu’on l’accuse d’autoritarisme, je n’en suis guère étonné. Quand on a pu approcher de près le personnage, pendant toute une année, on n’a pas de mal à imaginer que ce qui se produisait dans un amphithéâtre de faculté pouvait être démultiplié dans un amphithéâtre de Conseil régional.

    Il n’est pas non plus étonnant que ses sorties ne conviennent guère au langage convenu et convenable de l’intelligentsia parisienne qui fait et défait les réputations dans les salons mondains.

    Frêche est un politique. Un politique à l’ancienne, c’est-à-dire un personnage ancré dans un terroir, avec derrière lui un parcours politique, des combats menés, et non un apparatchik bardé de diplômes et de certitudes, comme ceux que les grands partis politiques, de droite comme de gauche, parachutent dans des régions au gré des circonstances politiques et des ambitions personnelles.
    agoravox
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    Le politique interieure française ne m'intéresse pas mais Frêche est un cas différent car il représente à lui seul la collusion de l'elite française avec l' Internationale Sioniste , ça me choque plus qu'on vote Frêche , Goasguen ou Delanoë que Lepen ; désormais en France , le clivage n'est plus gauche-droite mais sionisme-antisionisme!

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