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    Jeu de fetwa et fetwa de jeu
    par Aïssa Hirèche
    En émettant la dernière fetwa, autorisant les joueurs de football à rompre le jeûne lorsqu'ils ont un match à jouer durant Ramadan, certains imams d'El-Azhar ont évoqué la performance et le gagne-pain comme excuses.

    En effet, soutiennent-ils, le jeûne risque d'affecter la performance du joueur qui gagne sa vie de cette pratique, et comme chaque employé est jugé sur ses résultats, il n'y a pas de problème à ce que les joueurs dérogent, à l'occasion de rencontres, à la règle du jeûne. Les imams en question n'ont pas omis de signaler, en cours de route, que le football n'est plus un jeu, mais une activité, c'est-à-dire un gagne-pain pour ceux qui le pratiquent.

    Il va sans dire que cette fetwa, encore une de ces spécialités de certains milieux au pays des pharaons, a causé un lever de bouclier ferme. Comment pouvait-elle ne pas causer la polémique du moment qu'elle prend à contre-pied logique, raison et... religion. Quel que soit le sens que donne un homme à son activité, elle demeure toujours définie d'abord par la société car, ne décide pas du statut de son activité qui veut. Le football est un jeu, ce n'est pas un travail. On dit bien que les équipes jouent, on ne dit jamais qu'elles travaillent, et des joueurs, on dit aussi qu'ils jouent à telle ou telle équipe et non qu'ils y travaillent. Alors, comment se fait-il que, pour les besoins d'une fetwa, ce sport change de statut et se voit soudain promu de jeu à travail ?

    Parce qu'un match de football peut être programmé en fonction des spécificités des sociétés, décalé ou même reporté pourquoi pas, il ne peut être comparé à un incendie à éteindre ou un minerai à faire fondre dans les hauts fourneaux d'El-Hadjar et, de ce fait, les joueurs de football ne ressemblent en rien aux pompiers ou aux travailleurs des fonderies. L'analogie est trop déplacée !

    Les musulmans savent compter tout de même n'est-ce pas ? Ils savent — même en calculant sur les doigts — dire que telle compétition coïncide avec Ramadan et, de là, demander une prise en considération de leurs spécificités par les organisateurs (FIFA, CIO...) au lieu de passer leurs jours à faire jouer à leurs muftis des tours d'équilibristes durant lesquels ils finissent, un jour ou l'autre, par tomber dans le piège de l'officiel, de la facilité ou de... l'analogie irrecevable.

    Le football aurait sans doute cessé d'exister si ce n'était pas un jeu. Le Ramadan, de son côté, est un pilier de l'Islam. Ceux qui veulent soumettre le second au premier se trompent de sens et de direction car, si on veut jouer alors qu'on joue... mais tout en restant musulman.

    Le Quotidien d'Oran
    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "
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