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Pour la création d’une banque de cornées en Algérie

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  • Pour la création d’une banque de cornées en Algérie

    En Algérie, pour que la mort puisse donner la vue, les ophtalmologues plaident pour la création d’une banque de cornées comme le font déja leurs homologues marocains. 1 500 patients sont actuellement en attente d' une greffe de la cornée .

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    Les ophtalmologues algériens plaident pour la création d’une banque de cornées ou ce qu’on appelle une banque des yeux, à l’instar des pays voisins, comme le Maroc, où la greffe de la cornée est un type d’opération courant. Cependant, la création d’une banque des yeux est tributaire d’une législation à même de permettre des prélèvements de cornées sur des personnes décédées sans attendre l’autorisation des parents. En effet, actuellement, les ophtalmologues posent un problème de textes législatifs qui interdisent de procéder à des prélèvements sans autorisation des parents des personnes décédées et de l’indisponibilité des greffons au niveau local. Les listes d’attente sont longues.

    Face à cette situation, les greffons doivent être importés, notamment des Etats-Unis, un pays qui compte un grand nombre de banques des yeux (une cornée importée revient entre 500 et 1 000 dollars). Résultat : la greffe de la cornée connaît une régression considérable comparativement à d’autres pays, et l’Algérie reste à la traîne dans ce domaine. Le nombre des greffons importés est dérisoire et moins d’une dizaine d’opérations sont pratiquées chaque année dans les hôpitaux, notamment aux CHU Mustapha Bacha, Beni Messous et Oran. Le professeur Amar Ailem, président de la Société algérienne l’ophtalmologie (SAO) qui compte 1 000 ophtalmologues, revient sur les raisons de la régression enregistrée en matière de greffe de la cornée dans notre pays.

    «La greffe de la cornée était pratiquée couramment dans notre pays de 1962
    à 1985, une période caractérisée par un vide juridique en la matière. Durant
    cette période, le service d’ophtalmologie de l’hôpital Mustapha, dirigé par le professeur Aouchiche, a procédé à des prélèvements sur des personnes décédées et pratiqué des greffes de la cornée», indique-t-il encore. «Mais depuis, ajoute-t-il, la nouvelle loi sanitaire n’autorise guère des prélèvements sans le consentement des parents.»

    1 500 patients attendent une greffe de la cornée

    Notre interlocuteur trouve, par ailleurs, déplorable que l’Algérie soit l’un des rares pays qui, en plus d’importer les ingrédients constitutifs du plat national, le couscous, se voit obligé de recourir à l’importation de greffons de cornées, qui ne sont qu’une infime partie du corps humain. Selon lui, grâce à la greffe de la cornée, la mort redonne la vie, la vue à un autre.
    Selon des statistiques obtenues auprès du président de la Société d’ophtalmologie, on estime à 1 500 le nombre de patients nécessitant une greffe de la cornée annuellement. Plusieurs maladies de la cornée dont le traitement est exclusivement chirurgical nécessitent une greffe. Il s’agit de l’opacité cornéenne post-infectieuse et de l’opacité cornéenne dégénérative et rédo-familiale comme le kératocone. Ainsi, précise le président de la SAO, ce type d’opération est préconisé dans des cas séquellaires qui ne peuvent être traités que par une greffe. Or, très peu d’opérations sont pratiquées en raison de l’indisponibilité des greffons, souligne le professeur Ailem.

    A titre d’exemple, dans un pays comme la France qui compte 60 millions d’habitants, 4 000 greffes de la cornée sont réalisées chaque année, ajoute-t-il. Il faut dire, toutefois, que ce pays dispose d’une vingtaine de banques des yeux. Notre interlocuteur, à la tête de la Société d’ophtalmologie, préconise énergiquement la création de banques tout en soulignant que ce type de projet est lié à l’évolution du cadre législatif. «La mise en place d’une banque des yeux s’avère une urgence compte tenu des besoins exprimés par la population et les longues listes d’attente de patients qui attendent depuis des années une greffe de la cornée.» Les ophtalmologues mettent ainsi en exergue la nécessité d’actualiser la législation : il faudrait donc choisir entre deux formules, l’accord supposé du défunt ou l’accord préalable de la famille du défunt pour permettre des prélèvements de cet organe. «La législation doit, selon le professeur Ailem, privilégier le principe de l’accord supposé du défunt si, de son vivant, il n’a pas fait état de son opposition au niveau d’institutions et d’organismes à déterminer par voie réglementaire. Le professeur Ailem évoquera également le rôle de la religion pour la sensibilisation de la population autour de cette question. L’Islam, estime t-il, qui a naturellement ses interdits comme toutes les autres religions ne peut s’opposer à un tel acte qui permet de donner la vue à une personne désespérée car, souligne-t-il, «notre religion lève tous les interdits en cas de nécessité».

    Une cornée à 250 000 dinars !

    Devant l’indisponibilité des greffons dans le secteur public, les patients sont obligés de se rabattre sur les cliniques privées qui pratiquent la greffe de la cornée au prix de 250 000 dinars.

    Indiquée dès que l’opacification de la cornée est définitive, la greffe de la cornée constitue la greffe d’organes la plus courante, techniquement bien codifiée et qui pose le moins de problèmes de rejet (seulement dans 3 à 4% des cas). Elle est pratiquée depuis un demi-siècle. Le taux de succès est ainsi le plus élevé par rapport à d’autres, dont la transplantation rénale. Le problème ne se pose pas en termes de maîtrise de cette technique, explique le professeur Ailem, puisque celle-ci est accessible à tous les ophtalmologues après seulement trois à quatre semaines d’entraînement.

    Pour une réactualisation de la législation

    Il faut savoir, en outre, que, contrairement aux autres organes, la cornée reste valable douze heures après son prélèvement. La loi sanitaire de 1985, même modifiée, pose des conditions difficiles à réunir socialement. Elle pose comme condition sine qua none l’autorisation des parents. Or, il est difficile de demander à des parents qui n’ont pas encore fait le deuil, encore traumatisés par la perte de leur enfant, de permettre de prélever cet organe. C’est humainement impossible. Les ophtalmologues proposent de mettre en place un cadre législatif et réglementaire qui permettra de procéder à des prélèvements de cornées sur des personnes décédées en milieu hospitalier désignées par les autorités de tutelle et qui, de leur vivant, n’ont pas émis d’objection à ce type d’opération.

    Abondant dans le même ordre d’idées, le docteur Benhamada, chargé de communication auprès de la Société algérienne d’ophtalmologie, appelle vivement à la création d’une association de donneurs d’organes composée des parents des décédés, pour sensibiliser le maximum de personnes sur ce sujet de grand intérêt. Il a évoqué également la nécessité d’actualiser la législation qui ne permet pas de procéder à des prélèvements sur des personnes décédées. En attendant une plus grande attention des pouvoirs publics, la liste des malades nécessitant une greffe de la cornée s’allonge !

    Source: La Tribune
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