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Bejaia: une reserve naturelle menacée

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    Zone humide de Tamelaht à Béjaïa : Une réserve naturelle menacée


    Gravats, détritus, chasse, pêche, pâturage…, les agressions menacent la faune et la flore. La plus grosse modification de la biocénose est le résultat d’une catastrophe naturelle : les inondations de l’hiver 2002.



    Le marais Tamelaht sur la jetée de Béjaïa. Une réserve naturelle, riche en faune et flore. Un plateau de 17 hectares dont un plan d’eau de 6 hectares. La vue générale est une mirifique carte postale. Mais plus l’œil est interrogateur, plus l’enchantement cède place à l’exacerbation. Les agressions commises à l’endroit de cette zone humide n’ont pas cessé ; la dernière en date, un déversement de terre et de gravats enlevés de chantiers. L’UCD, l’unité de conservation et de développement de la faune et de la flore, alerte la conservation des forêts et le directeur de l’environnement de la wilaya. Et une inspection conjointe des lieux s’est soldée par la décision d’établir un PV de constat commun et qui devait être suivi de mises en demeure signifiées séparément par chacune des structures présentes. On laisse entendre que les auteurs des déversements n’ont pas « agi sans autorisation » mais sans aucune équivoque, il est, comme autre première mesure avancée, décidé de fermer l’accès au site. Cependant, dans le réquisitoire de M. Saddek Amara, ingénieur en écologie à l’UCD, on n’est pas là à la première atteinte. Les feux d’incinération dans l’ancienne décharge communale située à moins de 300 mètres avaient, avec le temps, eu raison d’un bosquet mitoyen et les fumées dégagées avaient fait fuir un premier contingent d’espèces volatiles sédentaires.
    La mise en service temporaire, lors de la réfection des pistes de l’aéroport, d’une station d’enrobage, toute proche, bien qu’aujourd’hui désaffectée, ne se serait pas traduite sans dégâts sur la flore et par conséquent sur le nombre et la composition de la population volatile. Les agressions les plus répétitives sont le pâturage des bêtes domestiques, la chasse et la pêche. M. Amara comme pour illustrer cette charge, montre, preuve à l’appui, les flotteurs d’un filet de pêche tendu au milieu de la lagune. Le rivage de la plage Sidi Ali Lebhar, située à quelques mètres de l’extrémité nord du marais, est jonché de détritus de tout genre. M. Amara en explique la provenance. Ils sont charriés par l’oued Soummam dont l’embouchure est toute proche. La prolifération des décharges publiques sur les rives de l’oued en est pour quelque chose. Des digues renfermant de part et d’autre la plage de Sidi Ali Lebhar (une rescousse contre l’avancée de la mer sur des terres fermes dont l’altitude frôle 1 mètre), quoiqu’on leur reconnaisse, l’utile déviation des détritus charriés ont tout de même, contre toute attente, participé à la réduction de la salinité de l’eau. Les digues cassent la force des vagues et celles-ci ne déferlent dès lors que rarement sur le marais. La salinité de la lagune est réduite. Et les paramètres biologiques s’en trouvent, par conséquent, modifiés.
    Mais la plus grosse modification de la biocénose est le résultat d’une catastrophe naturelle : les inondations de l’hiver 2002. Celles-ci avaient emporté la dune séparant la lagune de la plage Sidi Ali Lebhar. Du tamarix et une bande de roseaux ont été arrachés par les eaux. La disparition de ces gîtes naturels a été la cause de la désertion ou de la raréfaction d’un certain nombre d’espèces d’oiseaux à l’exemple du grèbe castagneux auparavant en abondance. Les ingénieurs de l’UCD craignent bien d’autres agressions à l’avenir. Aujourd’hui, les lieux donnent l’impression d’être livrés à l’abandon. Une image de désolation est en train de gagner tout le périmètre. Rien n’indique que la zone est protégée. Pas de clôture. Pas de poste de surveillance. Aucun personnel n’y est affecté. La piste qui y mène est dans un piteux état. Aucune campagne de vulgarisation n’est menée. On se demande à juste titre combien de béjaouis en connaissent jusqu’à l’existence. C’est dommage pour un site qui de par sa beauté idyllique et ce qu’il recèle en potentialités faunistique et floristique peut largement contribuer à l’écotourisme et à l’écodéveloppement de la région. C’est aussi une source inestimable en matière de recherche, d’éducation scientifique ou tout simplement de sensibilisation à la biodiversité. Pour peu que les pouvoirs publics l’inscrivent dans les priorités.




    Par R. Oussada

    El Watan
    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "
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