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Du capital clienteliste

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    Du capitalisme clientéliste
    par Kharroubi Habib
    Le système autogestionnaire des premières années de l'indépendance, le socialisme étatique que lui a substitué Boumediene après le coup d'Etat du 19 juin 65, puis l'ouverture libérale engagée par Chadli et poursuivie par ses successeurs ont été autant d'étapes de la constitution dans notre pays d'un «capitalisme clientéliste». Par «capitalisme clientéliste» il faut entendre un système économique dans lequel ce sont les élites politiques qui tiennent les rênes, en régentent le fonctionnement et en sélectionnent les acteurs.

    Dans ce système, que ce soit le secteur public ou privé, le pouvoir politique a recruté de nouvelles élites sociales en confiant aux uns la gestion des entreprises du premier et à d'autres la possibilité de devenir des opérateurs économiques dans le second. Dans les deux cas, il y a collusion manifeste entre les intérêts politiques et économiques dont la conséquence est la prédation généralisée dont on mesure l'ampleur à l'occasion de chaque scandale qui vient à éclater. La collusion entre les intérêts politiques et économiques est ce qui en effet génère la corruption. Les agents de l'Etat investis de la responsabilité du secteur public selon le critère de la soumission, et les acteurs du secteur privé selon celui de l'appartenance multiforme aux clans politiques dirigeants s'y adonnent sans grand risque, étant assurés de la connivence protectrice du pouvoir politique. C'est ainsi que sont constituées au fil du temps des puissances d'argent dont la fortune ne doit pas grand-chose à leurs compétences managériales et à leur qualité de capitaines d'industries.

    Le «patriotisme économique» qui est présentement le credo justifiant les infléchissements qui sont apportés à la politique économique du pays n'est nullement contradictoire avec la poursuite de ce «capitalisme clientéliste» qui s'est ancré dans le pays. Il est tout juste une formule à laquelle le pouvoir politique est revenu pour signifier à certains secteurs des élites sociales dont il est le créateur et qui ont des vélléités de s'affranchir de sa tutelle qu'il est le maître du jeu. C'est qu'en effet le pouvoir politique s'est rendu compte que ces élites qui lui doivent tout s'avisent de vouloir s'ingérer dans sa sphère en jouant de la «puissance» que leur confèrent les fortunes qu'elles se sont constituées avec sa tolérance.

    En reprenant la main sous la forme de recours au concept du «patriotisme économique», le pouvoir politique a fait comprendre à ces milieux qu'il est en situation de briser leur statut d'opérateurs économiques pour peu qu'ils persistent dans leur ambition. Les récentes mesures controversées incluses dans la loi de finances complémentaire sont à ce titre la première salve de semonce qui leur a été adressée. Nombreux seront ceux du monde des affaires qui ont protesté contre elle, à faire le dos rond après en avoir décrypté l'injonction qu'elles traduisent. D'où il n'est pas besoin d'être grandement avisé pour prédire que «le capitalisme clientéliste» qui s'est constitué dans le pays sous couvert des étapes évoquées précédemment a encore de beaux jours dans le pays. Du moins tant que la rente sera gérée par le pouvoir politique par le mode que l'ont sait et peu importe à celui-ci que de ce fait le vrai développement économique du pays en pâtisse.

    Le Quotidien d'Oran
    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "
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