Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Les femmes s'imposent à la tête de la mafia

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Les femmes s'imposent à la tête de la mafia

    Durant l'été, la police a arrêté six «marraines» de la Pieuvre, qui se féminise de plus en plus.

    «Femme d'honneur» : l'expression ferait presque sourire si elle ne recouvrait pas une réalité criminelle bien enracinée dans la société italienne. Ces «femmes d'honneur», ce sont les épouses, mères ou sœurs de la mafia et de ses deux sanglants appendices, la Ndrangheta calabraise et la Camorra napolitaine. Des femmes qui ne se contentent plus de tenir leurs foyers, mais jouent un rôle actif dans l'organisation, allant parfois jusqu'à commander des clans.

    Dans l'opération «Artemisia» de cet été contre un clan calabrais de la Ndrangheta, six femmes figuraient parmi les 34 mafieux arrêtés.

    À leur tête, Concetta Romeo organisait les opérations de représailles contre un gang rival. «Je crois que la gestion du pouvoir n'est pas question de sexe, mais de charisme et de volonté. C'est le cas de Giusy Vitale, une femme parfaitement en mesure d'affronter ce rôle, courageuse et portée au commandement», écrit Camilla Costanzo dans Ero cosa loro («J'étais leur chose»), un livre qui vient de paraître sur celle que l'on surnomme «la première marraine de l'histoire».

    Giusy Vitale a 33 ans lors de son arrestation. On la voit menaçant d'un geste agressif les deux policiers qui tentent de lui passer les menottes. Depuis quatre ans, elle commandait le clan des Vitale à Partenico, une ville de Sicile. Sa «famille» l'avait désignée quand son mari et ses frères se sont retrouvés derrière les barreaux. Son rôle est emblématique de l'affirmation du pouvoir féminin dans des organisations décimées par les coups de filet des forces de l'ordre.


    Isolement carcéral absolu

    Giusy changera d'attitude pendant sa détention. Le jour où son jeune fils, venu lui rendre visite, lui demandera ce que veut dire «association mafieuse». Cela déclenchera en elle une crise de conscience qui la portera à devenir une «repentie», accusant son mari et ses frères avec la même fureur qu'elle avait mise à défendre leurs intérêts quand elle était libre.

    Ces femmes sont une centaine aux mains de la justice, contre plus de 6 000 hommes emprisonnés. Leur doyenne s'appelle Emanuela Gelardi : elle a 84 ans, ce qui lui a valu d'être remise en liberté surveillée. Quatre d'entre elles, deux Calabraises et deux Napolitaines, sont assujetties à l'article 41 bis du règlement pénitentiaire, qui prévoit l'isolement carcéral le plus absolu, sans visite, ni contact, ni radio ou télévision, ni journaux.

    Leur pedigree est déjà un acte d'accusation : Mariangela Di Trapani (40 ans) est fille et sœur de boss mafieux, apparentée au clan sicilien Madonia, l'un des plus cruels. Erminia Giuliano, dite «Celeste» (53 ans), est la sœur de Luigi, boss historique de la Forcella, l'un des bas-fonds les plus redoutables de Naples. Après l'arrestation de son mari, elle a pris la relève, gérant le trafic de drogue et les extorsions avec une poigne de fer. En prison, elle reste puissante et redoutée : les autres détenues lui prêtent allégeance sans broncher.

    Autre exemple de boss en jupons : Maria Licciardi, sœur d'un chef de clan de Secondigliano, autre quartier mal famé de Naples. «C'est un vrai boss. Elle était associée aux décisions, et ce n'était pas la dernière à parler», commentent les magistrats qui l'ont arrêtée. Depuis le début de sa cavale, en 1999, pour association de malfaiteurs, extorsions, trafic de drogue et divers règlements de comptes entre bandes - qui ont fait trois victimes innocentes, deux grands-mères et une adolescente de 16 ans -, Maria dite «Piccirella» (la petite) figurait sur la liste des trente criminels les plus recherchés d'Italie.

    Aucune, toutefois, n'atteint la notoriété de la camorriste Pupetta Maresca : à 16 ans, enceinte de huit mois, elle a abattu à bout portant de quinze coups de feu l'homme attablé à un bar de Naples qui avait envoyé son compagnon en prison. Tout naturellement, elle succédera à ce dernier à la tête du clan, se rendant responsable de nombreux assassinats.

    Le Figaro
    La mauvaise langue n'est jamais à court d'inventions !
Chargement...
X