Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Ted Kennedy: La fin d’un clan, la fin d’une dynastie

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Ted Kennedy: La fin d’un clan, la fin d’une dynastie

    Ted Kennedy. Dernière figure d’une génération mythique

    La fin d’un clan, la fin d’une dynastie


    « Ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, mais demandez-vous ce que vous pouvez faire pour votre pays. »
    81 ans, elle doit se sentir bien seule. Jean Kennedy Smith, la seule rescapée parmi les neuf enfants de la grande fratrie Kennedy. Avec la mort la semaine dernière de Ted, celle qui fut nommée par Bill Clinton ambassadrice en Irlande de 1993 à 1998 a désormais un lourd fardeau sur les épaules : perpétuer le mythe de la saga familiale, à défaut d’influence.
    J. F. Kennedy



    Dure mission, convenons-en, car éloignée de la politique contrairement à ses frères qui ont su, avec une rare intelligence, transformer le petit clan irlandais en une véritable dynastie américaine. Une mythique dynastie qui a traversé le siècle dernier dans un mouvement tumultueux fait de scandales, de jeux de pouvoir parfois cyniques et de coups du destin qui s’apparentent souvent à des malédictions si l’on se réfère aux malheurs multiples qui ont frappé la famille. La vieille dame médite dans son coin. A qui pense-t-elle ? Au plus célèbre de tous, John, le jeune président qui au début des années 1960 s’offrit le fauteuil de la Maison-Blanche. Beau, charmeur et l’air sympathique, il avait tout pour plaire. Il mourut assassiné à Dallas dans des circonstances obscures et dont les conclusions de l’enquête demeurent non élucidées jusqu’au jour d’aujourd’hui. Pense-t-elle à Joe, le père fondateur qui se serait résigné aux rituels funèbres : un fils mort à la guerre, deux autres assassinés, des accidents mortels, des overdoses fatales pour les petits enfants. Alors, damnée la famille Kennedy ? Il faut bien le croire, puisque Ted est le seul parmi les quatre fils à avoir passé la quarantaine. Il est mort à 77 ans, certes sans avoir connu les honneurs du pouvoir mais comblé par une popularité jamais démentie. Kennedy travaillait sans cesse pour faire adopter des projets de loi qui protègent les droits des travailleurs, des immigrés, des personnes handicapées ou marginalisées et les peuples opprimés, et il œuvrait sans relâche en faveur de la réforme du secteur de la santé publique. En bon catholique pur et dur, il aurait dû se ranger sur les thèses traditionalistes. Et bien non ! Il a défendu les défenseurs de l’avortement, ce qui lui a valu les réprimandes de sa communauté. Sur un autre plan, et au début de sa carrière au Sénat, Ted avait dénoncé la guerre du Vietnam et quarante ans plus tard en 2002, il devait voter contre le projet de loi autorisant la guerre en Irak, comme l’avait fait un petit nombre de sénateurs seulement.

    Qui sont les Kennedy ?

    Un jour, il eut cette remarque après l’assassinat tragique de son frère Robert : « Il ne faut pas idéaliser ou magnifier mon frère, mais simplement se souvenir de lui comme l’homme bon et intègre qui a cherché à redresser les torts qu’il voyait, à alléger les souffrances et à mettre fin à la guerre. » Le grand quotidien New York Times s’est rappelé de cette déclaration qui s’applique, selon le journal, à Ted lui-même. Les Kennedy, d’origine irlandaise, ont atterri à Boston au début du XIXe siècle. Le patriarche Joseph Patrick a toujours rêvé d’un destin exceptionnel pour ses enfants. Sans doute s’est-il inspiré de son propre père qui s’est fait élire à la Chambre des représentants et au Sénat du Massachusetts en 1890. Il est décrit comme un fin calculateur ayant spéculé avant la crise de 1929 en s’alliant à la mafia du temps de la prohibition et en soutenant Roosevelt qui le fera nommer ambassadeur du Royaume-Uni en 1938. Ses dérives verbales et son soutien présumé à Hitler feront décliner son étoile et sa carrière. Malgré lui, il se mettra sur la touche, plaçant tous ses espoirs sur sa progéniture. Mais la tragédie va frapper une première fois le clan à travers le fils aîné Joseph Jr, dont le bombardier explose en août 1944 au-dessus de la Manche. La relève est prise par John, devenu président et dont l’assassinat reste l’image la plus traumatisante du siècle dernier. Robert Kennedy, son frère, reprend le flambeau. Sa campagne présidentielle en 1968 passionne et polarise le pays. Il est accueilli comme une star de Hollywood dont il a le look et le magnétisme. Il connaîtra le même sort que son frangin en juin après avoir remporté la primaire de Californie. Il est enterré à côté de son frère au cimetière d’Arlington, en Virginie. Comme ils sont nés pour être dans les arcanes de la politique, les Kennedy ne restent pas sans réagir. Et c’est Ted, le benjamin, qui tentera de perpétuer la tradition familiale, même s’il n’a pas le bagout et le talent de ses prédécesseurs. Mais comme le relève l’historien James Young, « la plupart des gens grandissent et font de la politique, les Kennedy font de la politique et grandissent. » Le sort s’acharne sur le clan et c’est un autre Kennedy qui passera à la trappe entre-temps. John Kennedy junior, coqueluche des médias, qui périra avec sa femme Carolyn dans l’accident d’un petit avion qu’il pilotait au large du Massachusets. Ne reste que Ted le vieux lion qui s’est éteint au terme d’une vie turbulente marquée par 47 ans au Sénat. « C’était un réformateur passionné, législateur rompu à l’art des batailles parlementaires, il voulait mettre ses dernières forces au service de la réforme du système de santé. Son soutien à Obama a été décisif, et on devine l’amertume du président après la perte d’un allié si sûr », explique un vieux routier du Congrès. Ted était un élève ordinaire, traînant une réputation de coureur porté sur la bouteille et avait connu un divorce houleux avec sa première femme Joan. Il a occupé une bonne partie de la chronique judiciaire des journaux lors de l’accident de Chappaquiddik, en 1969. Ted, dont la passagère meurt noyée après la chute de leur voiture dans une rivière, écope de deux mois de prison pour délit de fuite et non-assistance à personne en danger. Sa peine sera suspendue.

    En 1957, il évoque l’Algérie

    John Fitzgerald sera un modèle à suivre pour son jeune frère qui va s’inspirer de la démarche pas à pas de son aîné en politique. Sénateur, le futur président dévoile ses cartes en 1957 déjà, en donnant un coup de pouce à la résistance algérienne. Aussi, du haut de la tribune du Sénat, il exhorte son pays à « s’engager en faveur de l’indépendance ». Pour ce faire, il adresse à l’Administration un projet de résolution pour qu’elle intervienne dans le conflit. Le projet se noiera dans les procédures du Sénat américain. Le 2 juillet 1957, le séduisant sénateur démocrate John F. Kennedy prononce un discours retentissant devant le Sénat des Etats-Unis. Il dénonce la présence coloniale française en Algérie et appelle à l’indépendance de ce pays. S’agit-il d’une fidélité à l’anticolonialisme américain ou d’un souci de sauvegarder un « grand allié » et ami ? Sur un fond de guerre froide, les réactions ne se sont pas fait attendre. Elles sont venues de l’intérieur des Etats-Unis, de la France, de l’Algérie et d’ailleurs. Les unes applaudissent « le courage du jeune sénateur, les autres vouent aux gémonies ce ‘‘yankee exterminateur’’ des Amérindiens qui osent donner les leçons à la France civilisatrice et bâtisseuse d’écoles et d’hôpitaux ». Dans le même temps, le FLN mène aux Etats-Unis une campagne de propagande intensive, orchestrée par deux hommes, M’hamed Yazid et Abdelkader Chanderli, maîtrisant parfaitement les techniques de communication occidentales, et par laquelle l’organisation combattante cherche à attirer la sympathie du peuple américain.

    Suite...
    Dernière modification par fumeurdethé2, 04 septembre 2009, 10h12.

  • #2
    Suite et fin

    Benbella reçu en grande pompe

    Kennedy avouera, au lendemain de son élection, avoir prononcé ce discours parce qu’il « fallait absolument », après avoir parlé à plusieurs reprises de l’Asie, qu’il traite « un problème africain ». Il recevra en grande pompe Benbella au lendemain de l’indépendance, mais celui-ci changera brusquement d’attitude en se rendant à Cuba et en dénonçant avec véhémence l’impérialisme américain, ce qui n’a pas été du goût de la Maison-Blanche... Mais reconnaissante, l’Algérie n’oubliera pas le geste de Kennedy dont la place d’El Biar portera dès 1966 le nom. Youb Noureddine, cadre supérieur à la retraite, a connu Ted au milieu des années 1960 lorsqu’il suivait un stage en sciences sociales à Cleveland. « C’était un personnage fort sympathique, bon vivant qui disait vraiment ce qu’il pensait. Je l’ai rencontré à trois reprises. La première fois à l’occasion d’un exposé sur la société américaine qu’il a fait en 1966 à l’université. Il était à l’écoute et répondait à nos questionnements. C’était un homme simple qui essayait de comprendre les gens en tentant d’atténuer leurs inquiétudes. En juin de la même année, j’ai eu la chance d’être invité chez lui à Boston. J’ai le souvenir d’un homme très ouvert qui ne dédaignait guère l’humour. Il avait une petite idée sur notre pays. Je me rappelle qu’on s’était déplacés à Washington où l’on s’est recueillis sur la tombe de son frère John mort assassiné trois ans plus tôt. Il repose au cimetière d’Arlington. Nous avons longuement conversé et on s’est donné rendez-vous à Alger quelques semaines plus tard où Ted était invité. Dans quel cadre ? Il était venu avec sa femme Joan (d’avec laquelle il a divorcé) pour inaugurer la place d’El Biar qui porte le nom de son frère. C’est à ce moment là que la décision a été prise de construire la grande mosquée d’El Biar, subventionnée par les Kennedy. Depuis, la place, hélas, a été complètement défigurée. Vous vous imaginez le gâchis ! Ted, que j’ai un peu connu, accordait un intérêt particulier à l’Algérie qu’il voyait comme le leader ou la locomotive de l’Afrique, alors que le pouvoir de l’époque n’avait pas manifesté une quelconque sympathie pour l’Amérique, bien au contraire. Ted, je pense, a estimé qu’il avait un contrat moral en continuant l’œuvre de son frère. Quand on rencontre un homme d’une telle stature, on ne peut qu’être marqué par son humanisme, son dévouement pour la cause des mal lotis, des faibles et d’une manière générale pour la liberté des peuples à disposer de leur destin. » Notre interlocuteur, dès l’annonce du décès, a adressé un message de condoléances à la famille via l’ambassade à Alger.


    PARCOURSTed, le plus jeune des neuf enfants de Joseph Patrick, est né le 22 février 1932 à Boston. Il est le frère cadet de John et Robert Kennedy. Il entre au collège d’Harvard en 1950 duquel il est suspendu en 1951 pour avoir fait passer un examen d’espagnol en son nom par un autre élève. Après deux ans dans l’US Army qu’il passe en poste à Paris, il retourne à Harvard d’où il sort diplômé en 1956. Après avoir obtenu son diplôme de droit à l’université de Virginie, Ted est admis au bureau du Massachusetts en 1959. Il épouse Joan en 1958 dont il a trois enfants, Kara (1960) Edward (1961) et Patrick (1967). Le couple divorce en 1982. En 2005, il est devenu le plus ancien sénateur en fonction après Robert Byrd .Ted a été une figure emblématique du Parti démocrate. Il est l’un des politiciens les plus libéraux du pays, défendant les opprimés, les pauvres et tous les mouvements antiracistes, ce qui lui a valu les louanges de Nelson Mandela qui s’est rappelé ses courageuses positions du temps de l’apartheid.


    Par Hamid Tahri

    ELWATAN

    Commentaire

    Chargement...
    X