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Le Texas accusé d'avoir exécuté un innocent

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  • Le Texas accusé d'avoir exécuté un innocent

    Un rapport révèle que Todd Willingham, exécuté en 2004, n'est en réalité pas responsable de l'incendie de sa maison dans lequel ses trois filles ont péri. Aucun Etat américain n'a jusqu'à présent reconnu avoir commis une telle erreur.

    «Un rapport ravageur, le genre de révélation qui devrait bouleverser toute conscience», écrit le New York Times. Tout porte en effet à croire aujourd'hui que Todd Willingham, exécuté en 2004 au Texas pour avoir incendié sa maison et ainsi tué ses trois filles, était en réalité innocent. Un spécialiste américain reconnu des scènes d'incendie a transmis en août à la commission d'éthique texane un rapport détaillé dans lequel il conclut que le feu était d'origine accidentelle. La commission devra rendre prochainement ses conclusions. L'histoire de Todd Willingham pourrait constituer une première : jamais aucun Etat américain n'a officiellement reconnu avoir commis une erreur en matière d'exécution.

    C'est en 1992 que Todd Willingham, alors âgé de 24 ans, est condamné à mort pour cet incendie survenu un an plus tôt. Le jury se range à l'époque derrière l'avis d'un rapport d'experts locaux, qui assure que l'homme a lui-même mis le feu à son domicile. Pendant douze ans, depuis sa cellule, Todd Willingham n'a de cesse de crier son innocence. Soutenu par plusieurs associations, son affaire ne sera pourtant jamais réétudiée par la justice. En 2004, il est exécuté par injection létale.

    Pas d'investigation scientifique

    Le rapport transmis en août dernier à la commission texane par un spécialiste des incendies vient donc jeter un pavé dans la mare. D'autant que ses conclusions rejoignent celles de deux autres spécialistes, qui avaient déjà enquêté en 2004 et 2006. Tous sont unanimes : l'expertise de l'époque «ne repose sur rien d'autre qu'une accumulation de croyances personnelles, qui n'ont rien à voir avec une investigation scientifique des scènes d'incendie».

    Un avis partagé par le New Yorker, qui, dans son édition de cette semaine, explique que cette affaire contient tous les ingrédients classiques de l'erreur judiciaire : absence de contre-expertise, expert-psychiatre décrivant un «sociopathe très dangereux» sans l'avoir jamais rencontré, témoins modifiant leur témoignage en faveur de l'accusation, avocats commis d'office incompétents... Les conclusions du journal sont accablantes pour la justice américaine.

    Un espoir pour Troy Davis ?

    Les abolitionnistes sont aussitôt montés au créneau. Si l'innocence du défunt est officiellement établie par la commission, le cas de Todd Willingham illustrerait «le plus grand dilemme de notre pays sur la peine de mort», estime Rick Halperin, président d'une association texane contre la peine de mort. «Sommes-nous prêts ou pas à garder ce système en sachant que des innocents vont être déclarés coupables et exécutés ?»

    Une question qui a une résonance toute particulière au moment où Troy Davis, un Noir condamné pour le meurtre d'un policier blanc, crie son innocence dans le couloir de la mort en Géorgie. Après avoir échappé à trois exécutions prévues, il a obtenu en août de la Cour suprême qu'un tribunal examine de nouveaux éléments le disculpant.

    Mais, aussi accablant que soit le cas de Todd Willingham pour les partisans de la peine de mort, les choses pourraient ne pas être si aisées pour les abolitionnistes : dans une récente décision, deux juges de la Cour suprême ont affirmé que l'exécution d'un homme ayant prouvé son innocence restait «valable» dans la mesure où il a bénéficié d'»un procès juste et équitable».

    source : Le Figaro
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