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La poésie kabyle victime du statut de sa langue

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  • La poésie kabyle victime du statut de sa langue

    La poésie Kabyle existe mais elle se meurt faute de réelle volonté pour pouvoir assurer sa pérennité. Elle devrait être enseigné dans les établissements scolaire et éditée vulgarisée et ce n'est absolument pas le cas et d'ailleurs qui connais les poèmes de Lbachir Amellah.
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    Qu’entend-on par poésie populaire ? C’est ce qui a d’abord intéressé M. Kamel Bouamara, enseignant à l’université de Béjaïa et auteur d’un ouvrage intitulé Si Lbachir Amellah, poète célèbre. Car il voulait impérativement souligner un anachronisme qui est à l’origine de tant d’amalgames. «Le terme populaire est un qualificatif qui renvoie à un concept purement idéologique et n’a aucun sens scientifique», a-t-il tenu à déclarer à propos de la définition de la poésie populaire. Pour lui, le terme populaire est né en Europe au XIXème siècle. «A l’époque, on appelait le breton la langue populaire par opposition à la langue française considérée comme une langue nationale.Ensuite, on a adjoint ce qualificatif à la culture, la littérature», a-t-il ajouté.

    En Algérie, on n’aura donc fait qu’«importer» ce concept, sans examen critique, pour l’appliquer, «par choix idéologique», à nos différentes langues et littératures. «Par la suite, on a catégorisé les autres langues et littératures en les affublant d’acceptions péjoratives», a-t-il déploré. Rejetant en bloc ces «acceptions réductrices», il notera que la poésie nationale est celle qui est écrite ou exprimée par les langues du pays, telles que l’arabe ou le tamazight. Il expliquera qu’on ne peut qualifier de poésie populaire, une poésie non écrite, comme le kabyle par exemple, car on ne lui aura préalablement pas donné les moyens ni l’outil juridique pour passer au stade de l’écriture. «Il serait faux de qualifier une poésie non écrite de poésie populaire, il serait plus exact de la dénommer tout simplement : poésie kabyle», a-t-il précisé. Il regrettera au fond que la poésie kabyle soit victime du statut de sa langue.

    L’autre amalgame que Bouamara a voulu dénoncer est le fait que l’on veuille toujours assimiler la poésie d’essence orale à une «sous-littérature, non savante, non élaborée et déficiente en créativité». Il dira au contraire que la Kabylie a eu ses grands poètes, tels que Si Mohand U M’hand, Lbachir Amellah… Il ajoutera que, si le premier est «mythifié», le second est plutôt méconnu, car il n’est ni «médiatisé ni documenté.»

    Notre interlocuteur est d’ailleurs le premier chercheur à avoir produit un livre sur Si Lbachir Amellah après une dizaine d’années de collectes et d’analyses.
    Nous voilà au cœur de notre problématique. Si l’on se base donc sur les remises en cause avancées par M. Bouamara, au lieu de parler de poésie populaire, on parlera par conséquent, pour le cas de la Kabylie, de poésie kabyle ou de poésie régionale, par conformité au statut même de cette langue circonscrite régionalement.

    Pour que la poésie kabyle soit valorisée, Bouamara pense que l’unique moyen d’y parvenir est d’effectuer des travaux de collecte, de recherche, d’analyses pour que la poésie ancienne soit médiatisée et enseignée dans les écoles, les lycées et à l’université. Aujourd’hui, poursuit-il, il est plus facile de le faire par le moyen de l’édition. «Pour la fixation de la poésie, il n’y a pas mieux que l’édition», a-t-il indiqué tout en déplorant au passage l’absence de tout professionnalisme constaté chez les éditeurs qui croient que la poésie kabyle ne se vend pas, alors qu’en réalité, «ce sont les éditeurs eux-mêmes qui ne savent pas faire leur travail de promoteurs des livres qu’ils éditent», rectifie Bouamara.

    A côté de ce manque de professionnalisme des éditeurs, il y a malheureusement une négligence délibérée des officiels concernant la promotion de la poésie kabyle, dite «poésie populaire.» Depuis que tamazight est introduite pour la première fois à l’université (1990) et dans le système éducatif (1995), aucune initiative n’a été prise par les structures étatiques à Bejaïa dans le sens de la revalorisation de la littérature kabyle.

    Même le mouvement associatif culturel, ayant perdu son lustre d’antan, ne contribue plus au rayonnement de la production littéraire régionale. Devant l’incurie des uns et la déficience des autres, c’est tout le génie de la langue de Si Mohand U M’hand qui risque de se perdre dans les méandres de l’oubli.

    Source: La tribune
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