Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Le pouvoir politique en direction de la jeunesse en Algérie

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Le pouvoir politique en direction de la jeunesse en Algérie

    En Algérie, émeutes dans la rue, fermetures de mairie, coupure de route à grande circulation par des manifestants, enfin, toutes sortes d’instruments et de méthodes visant à attirer l’intention des pouvoirs publics sur l’état social peu enviable de la jeunesse algérienne sont sollicités y compris en ces journées chaudes de Ramadhan. Au moment où le gouvernement, après s’être félicité des résultats des deux premiers quinquennats, planche sur le nouveau programme de développement touchant aux horizons de 2014, des cris de détresse de la jeunesse algérienne montent, fusent et se répandent même s’ils ne parviennent pas aux oreilles chastes des responsables politiques et des gestionnaires économiques.

    Dans ses deux rapports présentés depuis l’année dernière à la présidence de la République, la Commission nationale de la protection et de la promotion des Droits de l’homme a mis l’accent, au vu du climat des émeutes à répétions sur l’ensemble du territoire national, sur le risque d’une explosion sociale. Le moteur de cette dernière si, à Dieu ne plaise, elle survenait, sera bien la jeunesse avec ses différentes composantes.

    En tout cas, l’insistance sur les droits sociaux constatée dans le rapport de monsieur ‘’Droits de l’homme’’ n’est pas une coquetterie ou une simple annexe d’un document que dicterait une volonté de faire diversion par rapport aux droits politiques et syndicaux. L’expérience algérienne en matière de démocratie politique est, dans ce contexte, assez parlante pour dire combien les liens entre les luttes sociales et les revendications des libertés politiques sont consubstantiellement liées.

    Le retard dans l’accès à la modernité politique qui libérerait la jeunesse algérienne du poids des archaïsmes est largement soutenu et sustenté par le sous-développement économique et social ; en d’autres termes, par la faiblesse du niveau de développement humain. Ce concept de développement humain- manié depuis maintenant plus de deux décennies par les démographes, les géographes, les sociologues, les médecins, les écologues,…-, commence à peine à faire son entrée dans les administrations des États du Sud.

    L’un des signes que le secteur de la jeunesse constitue aujourd’hui une priorité pour le pouvoir politique est cet empressement d’Ahmed Ouyahia, dès sa nomination en été 2008 à la tête du gouvernement, à réunir les directeurs des banques pour étudier avec eux les raisons du recul et des lenteurs des micro-crédits destinés aux jeunes diplômés.

    Ce mouvement de recul du micro-crédit serait essentiellement lié à la réticence des banques de prendre en charge un financement qui manquerait de garanties de remboursement. Ce serait quelque part paradoxal de soumettre ce genre de crédit- supposé bénéficier à des jeunes sans ressources- aux règles hypothécaires ou prudentielles développées par les banques à l’endroit de n’importe quel crédit d’investissement.

    Ce sont les mécanismes établissant une autre forme de solvabilité, ( étude de la validité réelle du projet à financer pour évaluer les possibilités de remboursement, assurances à donner éventuellement par les pouvoirs publics,…) qu’il y a lieu d’imaginer pour éviter les blocages de ce genre, mais aussi pour ne pas pénaliser les banques dont l’activité est censée obéir aux règles de la commercialité. Par ailleurs, au sein des établissements financiers publics, les capacités d’imagination et de management sont actuellement les ‘’denrées’’ les plus demandées surtout lorsqu’on sait que les surliquidités y ont atteint un seuil anormalement élevé, soit, à la fin 2008, un montant de 1 400 milliards de dinars. Le Fonds monétaire international et M.Ahmed Ouyahia eurent à déplorer cette situation de manque à gagner qui grève l’escarcelle des banques publiques algériennes.

    Un système hermétique


    Même si la tendance démographique de notre pays a enregistré au cours de la dernière décennie une sensible évolution - début d’un lent processus de vieillissement de la population suite à un ralentissement de la natalité, au recul de la mortalité et à l’allongement de l’espérance de vie- la frange de la jeunesse continue à représenter la proportion la plus importante de la population, à savoir plus de 70%. Il n’est donc pas étonnant que les plus gros budgets de la Nation lui soient réservées via, par exemple, des secteurs comme celui de l’Éducation, de la Formation professionnelle et de la Jeunesse et des sports

    En tout cas, sur le plan de la stratégie économique du pays, tous les efforts de la collectivité sont censés tendre vers la garantie d’un avenir meilleur pour les jeunes générations. Cela étant un principe non seulement moral mais aussi de la logique de la continuité générationnelle qui fonde la permanence d’une entité humaine et d’un pays.

    Après presque trois décennies de navigation à vue et de populisme qui ont fait vivre le pays dans une illusion de prospérité par la seule grâce de la rente pétrolière, les Algériens se découvrent en réalité socialement, économiquement et psychologiquement démunis face aux nouvelles réalités imposées par la libéralisation de l’économie et la mondialisation des échanges et de la culture.

    Il demeure incontestable que les premières victimes d’un système présenté comme étant ‘’universel’’ sont les jeunes. Happés par le clinquant de la civilisation occidentale-dont on ignore les fondements et les humanités-, les jeunes Algériens ont le monde virtuel à leur portée par le truchement de moyens technologiques dont le secret de fabrication nous échappe totalement, pour rêver, faire des projets chimériques, bâtir des châteaux en Espagne ; bref, délirer.

    La vie par procuration a fini par dénaturer et abîmer le lien des jeunes avec la réalité de leur pays. Cela a un nom : l’aliénation. Cependant, les Algériens sont-ils à blâmer, eux qui se défendent en se disant qu’ils sont victimes d’un système, système au sein duquel tout le monde avait, un moment, trouvé son compte ? L’opportunisme et la médiocrité, suivis de leur corollaire obligé, la corruption, ont longtemps constitué, dans une terrible connivence létale, les règles de conduite des groupes sociaux et des institutions.

    Le résultat n’étonne personne. Comme par un déterminisme bien réglé- et après le soulèvement de la jeunesse en octobre 1988 et les ébauches de la libéralisation de l’économie dont une partie du processus est vécue sous le règne du terrorisme armé-, la nouvelle situation économique et sociale de la jeunesse n’a pas tardé à montrer sa face hideuse : des cohortes de chômeurs primo-demandeurs d’emploi, dont une grande partie est issue de l’université, de nouveaux chômeurs issus de la fermeture des entreprises publiques, le banditisme dans les villes et même dans les villages de campagne, le commerce et la consommation de la drogue, les agressions contre les femmes et les personnes âgées, un taux de suicides historique jamais connu auparavant et, enfin, dernier avatar d’une déréliction humaine que rien ni personne ne semble pouvoir arrêter, l’émigration clandestine via le réseau de ‘’harragas’’.

    Séminaires et journées d’études se succèdent pour décrypter, diagnostiquer et traiter les problèmes de la jeunesse sans qu’une politique cohérente ait pu imposer sa démarche et obtenir les suffrages des concernés.

  • #2
    À la limite du soutenable

    Le pouvoir politique du parti unique répondit, après les journées d’octobre 1988, par le multipartisme et l’ouverture de l’économie nationale sur le marché, et ce, pour absorber la colère d’une jeunesse désargentée exprimée dans la violence. Les jeunes n’exprimèrent pas de besoin particulier en la matière. Ce fut surtout dans la confusion la plus extrême que la jeunesse algérienne mal encadrée s’en prit aux signes extérieurs de l’autorité et de l’État, des attributs dans lesquels elle voyait le règne de l’arbitraire qui la poussa aux limites du soutenable.

    Malgré des distinctions observables dans tous les secteurs de la société, les histogrammes du niveau de vie établissaient une classe moyenne assez consistante et des pôles de riches et de pauvres peu visibles. Une certaine perversion des concepts a fait que l’on parle aujourd’hui d’une classe moyenne, réduite à la portion congrue, qui constituerait l’ossature de la démocratie politique. L’erreur réside dans le fait que cette classe n’est pas issue de luttes sociales particulières et que, pour tout dire, cette catégorie est tout simplement factice vu que l’économie algérienne n’était pas basée sur la production mais sur la rente pétrolière. L’autre évidence est que le système politique de l’époque n’était pas un parangon de démocratie.

    Les premières brèches vers ce qui sera appelé par la suite l’économie de marché furent ouvertes avec la restructuration, au début des années 1980, des grandes entreprises étatiques héritées de l’ère Boumediene. Après la récession économique générée par la chute du baril de pétrole en 1986, le pouvoir politique de Chadli s’attaquera au privilège symbolique accordé à la jeunesse d’alors : l’allocation touristique. Certains n’hésitent pas à établir une relation, ne serait-ce qu’indirecte, entre cette mesure ‘’anti-populaire’’ et les événement d’octobre 1988. Le pouvoir politique s’attellera également à la séparation nette des entreprises publiques de l’ancienne tutelle encombrante de l’administration.

    Le reste de la démarche de la libéralisation frappera la jeunesse de plein fouet. Après le licenciement de près d’un demi-millions de travailleurs des entreprises publiques, l’espoir des nouveaux arrivants sur le marché de l’emploi s’amenuisera. Pour ceux qui ont passé des années à l’université et qui ont espéré prolonger leur labeur par la satisfaction d’avoir un emploi, la déception et la désillusion sont incommensurables. Ils sont même raillés aussi bien par leurs parents, qui continuent à les nourrir à l’âge de 28-30 ans, que par d’anciens camarades de l’école primaire que l’abandon de la scolarité a poussés vers la débrouillardise. Cette dernière s’illustrera par l’exercice de différents métiers, souvent dans l’informel, qui n’exigent qu’un sens pratique et une certaine hardiesse, deux ‘’qualités’’ qui manquent souvent terriblement aux diplômés que l’on a ‘’emprisonnés’’ dans un statut sans prolongement pratique dans la réalité.

    Les déficits d’une politique


    Le sentiment de frustration et d’injustice est inévitablement amplifié par les richesses ostentatoires de nouveaux ‘’parvenus’’, y compris dans la frange de la jeunesse. Car, une minorité de cette dernière a pu sortir sauve de la terrible épreuve qui a frappé de plein l’ensemble des populations algériennes. Ceux dont les parents ou grands-parents bénéficient de la rente en euros, les enfants de la ‘’nomenklatura’’ et d’autres sous-catégories ont pu ‘’rouler carrosse’’, fréquenter l’école privée en Algérie et faire les universités étrangères.

    Le marasme ne faisait que grandir face à des distinctions sociales peu tolérables au point où des lignes de fracture graves au sein de la société ont vu le jour. Cette ‘’rupture de charge’’ se produisit au moment même où montaient les périls pour l’ensemble de la société : application du Plan d’ajustement structurel dicté par le FMI (comportant nouveaux licenciements, gel des salaires et libération des prix), subversion terroriste et flottement sur le plan politique.

    L’action de la solidarité nationale, tout en s’accroissant chaque année par de nouvelles formules aussi alléchantes les unes que les autres, est relativisée nécessairement par au moins deux données essentielles : le caractère éphémère et précaire des dispositifs mis en place et le manque d’équité générée par une bureaucratie tatillonne et toujours clientéliste.

    Par-delà donc une politique sociale appelée faire preuve de beaucoup plus d’efficacité et d’équité, c’est la politique générale développée en direction de la jeunesse qu’il y a lieu de refonder sur les principes de la bonne gouvernance.

    Le potentiel juvénile algérien, happé par le vent de l’émigration clandestine, le suicide et le banditisme, ne pourra plus être tenu à la marge sans faire courir à toute la collectivité des dangers de régression et de dissolution certains.

    La bonne gouvernance est, dans ce cas de figure, le nouveau concept forgé pour prendre en compte l’action des institutions politiques, le déploiement des structures économiques et l’action de la société civile et du monde associatif pour asseoir une société équilibrée basée sur les principes de la justice sociale et de l’égalité des chances.

    Les problèmes de la jeunesse ne relèvent pas de la fatalité. Un développement cohérent, imaginatif et déconcentré est censé embrasser et traiter efficacement les problématiques où sont fortement représentés les jeunes : la création de micro-entreprises, le renforcement de la formation/qualification adaptée au marché de l’emploi, la prise en charge soutenue du secteur de la culture (renforcement du réseau de librairies, encouragement de la lecture, création de médiathèques,…) et la généralisation des infrastructures et équipements sportifs.

    Commentaire


    • #3
      Quels horizons ?

      Toutes les politiques et les initiatives qui, pendant les premières décennies post-indépendance, auraient dû valoriser cette fougueuse énergie et l’enraciner dans les réalités culturelles et économiques de notre pays ont manifestement manqué de visibilité, de pertinence et de stratégie d’intervention.

      L’émancipation économique, la libération culturelle et la promotion sociale de la jeunesse algérienne ne peut se concevoir en dehors de la formation et de la qualification, lesquelles sont à même d’exprimer et de cristalliser l’énergie, le talent et les compétences de cette importante frange de la société.

      L’on ne peut ainsi focaliser les regards sur la réhabilitation des valeurs du travail, l’insertion dans l’économie mondiale et la recherche de politiques alternatives à la rente pétrolière sans prendre en compte le volet de la formation qui est considérée aujourd’hui de par le monde comme une condition sine qua non de tout progrès économique et social.

      Dans le contexte actuel de l’économique nationale, le problème se pose en termes d’adéquation entre le système d’enseignement et le marché du travail. Cette notion d’adéquation a, il est vrai, fait défaut par le passé du fait que l’ensemble des diplômés avaient leurs débouchés pris en charge par l’État, principal employeur du pays.

      Cette situation se trouve largement dépassée aujourd’hui. La fonction publique ne recrute que parcimonieusement dans les limites des postes budgétaires évoluant toujours vers la baisse.

      Quant au secteur privé, même si les lois du travail tardent à être respectées par l’ensemble des intervenants, la tendance et le principe même de l’employabilité est intrinsèquement lié à celui de compétence et de productivité.

      Et c’est dans de pareilles situations que le déficit de formation apparaît au grand jour particulièrement dans des métiers qui exigent une certaine technicité d’exécution.

      En tout cas, le véritable emploi, qui donne dignité et traitement salarial à la mesure des besoins de consommation, ne peut provenir que des investissements et de la création des entreprises.

      Cependant, avec les handicaps d’une formation professionnelle qui commence à peine à reconnaître ses retards et lacunes et des études universitaires d’un niveau et d’un profil qui n’encouragent pas encore l’insertion dans le monde du travail, le cercle vicieux du ‘’non emploi’’ est vite redessiné.

      Par Amar Naït Messaoud, La dépêche de kabylie

      Commentaire

      Chargement...
      X