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La limitation des importations algériennes sème l’inquiétude

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  • La limitation des importations algériennes sème l’inquiétude

    06-09-2009
    L’objectif de réduire de 5% les importations algériennes en 2009 hante le gouvernement Ouyahia. Il a pris pour cela une série de mesures draconiennes dont l’une des conséquences est l’effondrement du trafic du port de Marseille.
    PAR IHSANE EL KADI, ALGER


    Le port de Marseille-Fos qui réalise 10 % de son activité avec les exportations vers l’Algérie a enregistré un effondrement de 40% des volumes traitées lors des trois premières semaines d’août.

    Le chef du gouvernement algérien, Ahmed Ouyahia, n’a pas beaucoup aimé l’allure résistante de la courbe des importations algériennes, aux quatre premiers mois de l’année 2009. Elles n’ont pas baissé, après leur pic historique à 39 milliards de dollars en 2008. Pendant ce temps, les recettes d’exportations ont chuté de 54%. Conséquence, il a sorti, sans plus jeter un regard sur le moniteur, une batterie de barrières non tarifaires face aux importations, pour la seconde moitié de l’année. La loi de Finances complémentaire a été, comme chaque été, le bras séculier de la correction budgétaire, et surtout réglementaire, en cours d’année et en absence des législateurs en vacances.

    « Seuls les importateurs disposant d’une large surface financière pourront mettre en place un Credoc. Si telle est la finalité de la LFC, il n’y a pas lieu de la discuter du point de vue de sa cohérence. »

    Mais cette fois, la controverse soulevée est vive entre partisans et opposants à ces mesures de restriction, qui comportent notamment l’interdiction du crédit à la consommation et la suppression du transfert libre dans le financement des importations. Le président de l’association des concessionnaires automobiles, Mohamed Baïri, qui prédit une baisse de 20% des importations de véhicules du fait de la suppression du crédit, note que « c’est aussi le rôle des banques de défendre le crédit automobile » or, celles-ci « n’ont pas soufflé un mot ». Un investisseur de Tizi Ouzou (100 km à l’est d’Alger) déplore pour sa part la suppression de la procuration dans les opérations de domiciliation bancaire des importations : « On nous oblige à faire à chaque fois la queue devant les guichets de banque. Comme si nous n’avions pas des outils de production à faire tourner. A quoi servent les transitaires dans ce cas ? » Des fournisseurs et des grossistes annoncent partout à leur réseau de distribution de prochaines majorations des produits importés, pour cause de surcoûts des opérations de commerce extérieur.



    Le Credoc, un cadeau inespéré pour les fournisseurs

    Au cœur de la polémique, en dehors de l’interdiction du crédit à la consommation, l’obligation de passer par le crédit documentaire (Credoc) pour payer toute importation. Pour Karim Djoudi, le ministre des Finances, la mise en place d’un Credoc est « la meilleure garantie de transparence et de traçabilité des opérations commerciales et bancaires ». Les importateurs algériens utilisent majoritairement le paiement à terme par transfert libre sur remise de document, une procédure de facilité à leur bénéfice, devenue possible après l’amélioration de la signature financière de l’Algérie et au bout d’années de partenariat de confiance avec leurs fournisseurs. « Désormais, nous devrons payer à l’avance nos importations dans un contexte mondial de crise où les fournisseurs accordent des facilités de trésorerie plus grandes encore à leurs clients pour ne pas les perdre » revient à la charge l’investisseur de Tizi Ouzou.

    Le transfert libre a-t-il ouvert la porte à des transferts de capitaux abusifs, par exemple dans des importations fictives ? Pour Abdelkader Hamiti, manager à l’international « rien n’a montré jusque-là que la remise documentaire donnait plus de possibilité de faire évader des devises. Dans les deux cas, par paiement libre ou par Credoc, le transfert d’argent doit correspondre à un passage frontière d’une marchandise identifiée par les douanes ». Par contre, Ali Mebroukine , un avocat d’affaires qui se dit par ailleurs favorable aux mesures de protection de la production nationale, note bien une conséquence au nouveau mode de paiement obligatoire des importations : « Seuls les importateurs disposant d’une large surface financière pourront mettre en place un Credoc. Si telle est la finalité de la LFC, il n’y a pas lieu de la discuter du point de vue de sa cohérence. On peut également comprendre qu’aux yeux du ministre des Finances, les dizaines de milliers de PME/PMI dont le gouvernement souhaite encourager la création, ne sont pas appelées à acquérir directement de l’étranger les biens de production ou les consommations intermédiaires nécessaires à leur activité et qu’à cet effet elles s’adresseront aux sociétés d’importation. » Le nombre d’importateurs va baisser, « c’est la fin annoncée de la période de déflation des produits importés qui a succédé au choc de l’euro. Les prix des produits importés en Algérie vont durablement s’aligner sur ceux, plus élevés, importés en Tunisie et au Maroc » prévient M Hamiti.



    La filière Algérie de Marseille sinistrée

    Les remous de la charge anti-importation en Algérie ont déjà débordé sur le nord de la Méditerranée. Le port de Marseille-Fos, qui réalise 10% de son activité avec les exportations vers l’Algérie, a enregistré un effondrement de 40% des volumes traités, lors des trois premières semaines d’août. Marfret, qui propose en temps normal deux départs par semaine de navires-rouliers sur le trajet Marseille-Alger et six départs par semaine de navires porte-conteneurs entre l’Europe du Sud et l’Algérie, a divisé par deux les départs. Situation aussi peu enviable chez le manutentionnaire Intramar, qui gère le terminal de conteneurs de Mourepiane, situé dans les bassins Est à Marseille, qui génère 35 à 40% de son trafic avec l’Algérie. Son DG, Michel Henry, affirmait qu’en début de semaine dernière « pour la première fois, un bateau à destination d’Alger est resté à quai pendant cinq jours dans l’attente de marchandises. Aujourd’hui, il y a 50% de marchandises en moins qui sont envoyées vers l’Algérie et aucun approvisionnement n’a été réalisé au début de cette semaine ». Les autorités françaises ont été interpellées par les opérateurs au sujet des risques qui pèsent sur le bassin d’emploi de Marseille, en relation avec le commerce vers l’Algérie.



    « Le débat est ailleurs »

    Réduire les importations algériennes de 5% en 2009 était-il un objectif qui méritait de provoquer un tel séisme dans la chaine des approvisionnements ? Les partisans de ces mesures affirment que le marché s’est toujours adapté, comme « lorsqu’on annonçait un cataclysme qui n’est jamais arrivé » après l’interdiction de l’importation des véhicules d’occasion (70 000 la dernière année), qui faisait vivre un colossal réseau entre les deux rives. Face à cette agitation devant le retour du Credoc et la fin du crédit à la consommation, l’économiste, ancien conseiller à la présidence de la République, Abdelmadjid Bouzidi, estime – dans sa chronique hebdomadaire au Soir d’Algérie – que « le débat est ailleurs ». « Les plans de relance 1, 2 et 3 ont incontestablement réveillé l’économie algérienne (…) ces plans de relance expliquent en grande partie cette augmentation des importations. Chacun peut le comprendre aisément. » Les chiffres le corroborent largement. Sur les sept premiers mois de l’année 2009, prés de 40% des importations sont constitués par des biens d’équipements industriels et 25% par des semi-produits destinés à la transformation. Mais, M. Bouzidi prévient des effets pervers du « syndrome hollandais » des économies rentières : « La relance par la demande (…) a atteint ses objectifs et en même temps ses limites (…), l’objectif maintenant est de casser la rigidité de l’offre nationale… », pour faire de la substitution aux importations et de l’exportation hors hydrocarbures. Mais le gouvernement Ouyahia saura-il le faire ?
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    Il est vrai que le Credoc ca faire du bien à l'image et la réputation des entreprises algériennes et donc à l'Algérie.
    Auparavant, de nombreux fournisseurs étrangers ont eu les pires des expériences avec plusieurs importateurs algériens verreux. Et c'est une des raisons pour laquelle les entreprises étrangères vendent toujours plus cher aux entreprises algériennes ! Les 20 ou 30% extraétant le risque algérien !
    Au moins avec le Credoc, c'est une assurance pour tout le monde.
    La mauvaise langue n'est jamais à court d'inventions !

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    • #3
      Quand j'entend le guignol de la banque centrale d'algerie justifier la dévaluation "forcée" de notre monnaie il ya qq années pour rencherir le couts des importations et encourager les pdts nationaux, j'ai eu envie de rire et plus aujourd'hui.
      Résultat: la dévaluation "compétitive" est un fiasco et la gestion de notre commerce extérieur est le reflet du manque de vision à long et moyen terme, je l'ai dit dans plusieurs posts.
      Le navire algerien navigue au gré des vents et le capitaine croit aux mirages.
      La LFC n'est qu'une mesurette parmis tant d'autres pour faire croire que nous maitrisons nos dépenses, il n'en est rien!

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      • #4
        +1 Zmigri ces "stratégies" ne sont que des ajustements par à coups.
        Je ne vois pas la stratégie à long termes.
        La guerre, c'est la guerre des hommes ; la paix, c'est la guerre des idées. V. Hugo

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