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Littérature Cinq questions à Salim Bachi, romancier algérien

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  • Littérature Cinq questions à Salim Bachi, romancier algérien

    Retour sur Le Silence de Mahomet
    (MFI)-Alors qu’une nouvelle rentrée littéraire pointe son nez, MFI se propose de revenir sur quelques auteurs injustement oubliés de l’année littéraire écoulée. L’Algérien Salim Bachi est l’un de ceux-là. Son remarquable roman Le Silence de Mahomet (Gallimard), paru en septembre dernier, avait suscité un certain intérêt, comme l’indique son inscription dans la première liste de l’Académie Goncourt. Puis, le roman a disparu sous le tas des nouvelles parutions de l’année.

    Le Silence de Mahomet est le dernier roman que vous avez publié. Comment faut-il comprendre ce titre ?
    En ce moment, l’islam est au cœur des débats qui secouent nos sociétés. Or le grand public sait peu de choses sur les origines de cette religion, sur son fondateur, ses idées, son époque. Les romanciers arabes d’aujourd’hui ont peu parlé de Mahomet, sans doute par pudeur. Je voulais briser ce silence, en racontant Mahomet tel qu’il était perçu à son époque par ses contemporains. Il existe dans l’islam une longue tradition de chroniques sur la vie du Prophète Mohammed qu’on appelle la Sira. Je me suis inspiré de ces chroniques pour raconter les détails d’une vie qui fut fascinante de tous points de vue, bien qu’elle ne fût pas dépourvue de paradoxes. Mon objectif était de sortir Mahomet du domaine du fantasmatique pour mieux l’inscrire dans l’Histoire.

    Votre livre a aussi un aspect hommage.

    Le Prophète est un personnage essentiel de l’histoire musulmane. Il fut à la fois conquérant, fondateur, stratège, politicien... Il a été souvent comparé à Alexandre-le-Grand pour les conquêtes qu’il a impulsées et à Moïse, pour avoir fondé la nation musulmane en unifiant les diverses tribus de l’Arabie perdues au milieu du désert. Il les a fait rentrer dans l’Histoire. Comment ne pas éprouver de l’admiration pour un homme de cette ampleur ? En même temps, le Prophète avait des côtés humains. Dans mon livre, j’ai tenu également à montrer les contradictions de Mahomet intime, ses rapports avec les femmes. Si c’était un progrès pour l’époque d’imposer aux Bédouins la polygamie restreinte comme l’a fait Mahomet, il s’était gardé le droit pour sa part d’épouser autant de femmes qu’il voulait !

    Quel était le statut des femmes à l’époque de Mahomet ?

    Les femmes ont toujours joué un rôle important dans la transmission des traditions musulmanes. Le statut des femmes arabes était peut-être bien plus reluisant avant et pendant l’époque de Mahomet qu’après. La tradition rapporte que la première femme du Prophète nommée Khadija était une riche propriétaire de caravanes. Ses caravanes partaient faire du commerce aux quatre coins du monde connu. Elle était veuve lorsqu’elle a rencontré Mahomet et l’a pris pour époux. Même le port du voile qui fait tellement débat aujourd’hui n’était pas obligatoire. Il semblerait qu’au départ, aucune femme ne portait le voile excepté les épouses du Prophète. Puis, la religion prenant le dessus, on les aurait obligées à porter le voile et reléguées à des rôles de subalternes.

    Malgré votre souci d’inscrire la vie de Mahomet dans la réalité de son époque, vous avez fait le choix de la fiction. Pourquoi ?

    Il me semblait que la fiction était le meilleur moyen de rendre compte de l’exceptionnalité de Mahomet. Mais Le silence est un roman très documenté, basé largement sur les faits rapportés par les compagnons du Prophète. Or les perceptions que ses contemporains avaient de Mahomet étaient souvent très contradictoires. C’est ce qui m’a donné l’idée d’écrire un roman polyphonique qui permet de réunir différents points de vue et d’être le plus complet possible sur le sujet. J’ai donc donné la parole à quatre personnes - deux hommes et deux femmes -, tous très proches de Mahomet : ses épouses Khadija et Aïcha, le fidèle compagnon Abu Bakr et celui qu’on peut presque qualifier de son meilleur ennemi, le général Khalid, un converti tardif.

    Comment choisissez-vous les sujets de vos romans ?

    Tout thème qui fait débat et soulève des passions m’intéresse. Ce n’est donc pas étonnant que mes romans tournent autour des sujets qui sont dans l’actualité : le devenir de l’Algérie contemporaine dans Le Chien d’Ulysse, la colonisation dans La Kahéna, le terrorisme dans Tuez-les tous et l’islam et son fondateur dans mon dernier livre. J’aime explorer les phénomènes sociaux, historiques ou politiques qui posent problème à mes contemporains.

    Le Silence de Mahomet, Salim Bachi, Gallimard, 352 pages, 20 euros. Propos recueillis par Tirthankar CHANDA
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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