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Rush dans les magasins à Alger

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  • Rush dans les magasins à Alger

    Les bonnes adresses pour le shopping familial se raréfient de plus en plus dans le Grand-Alger. Les bonnes affaires aussi pour des millions d’Algériens appelés à circuler le porte-monnaie ouvert, mais surtout plein de belles liasses de billets de 1 000 dinars pour préparer une rentrée sociale qui s’annonce sévère.

    En ce mois sacré du Ramadhan, qui n’est qu’à sa quinzaine, la bourse des Algériens est sérieusement, voire douloureusement atteinte d’une véritable crise de dépenses. Alors que la rentrée scolaire pointe du nez, coïncidant avec la fête de l’Aïd, les ménages courent dans tous les sens pour joindre les… trois bouts.

    Reportage dans un quartier populaire et chaud, au centre de la capitale, dans un quartier tiède et dans un secteur froid où les bourses lourdes défient toutes les lois de l’inflation pour faire face à une rentrée pas comme les autres.

    Bab El-Oued, des prix négociés et négociables

    Bab El-Oued, dimanche 6 septembre 2009. Il est 20h 30, le boulevard Colonel-Lotfi grouille de monde. Jusqu’au point de chute les Trois-Horloges. Contrairement aux localités des hauteurs d’Alger, Bab El-Oued est vite réveillée, après un ftour lourd, pour accueillir des milliers de familles venues des quatre coins de la capitale effectuer des achats pour leur progéniture. La circulation automobile, fluide au centre d’Alger, comme d’ailleurs à Hydra, El-Biar ou encore Ben Aknoun, est ingérable ici. Difficile de trouver une place pour le stationnement. Les magasins sont submergés de clients. Les vendeurs à la sauvette sont déjà là. Ils font l’affaire et arrangent beaucoup les petites et moyennes bourses. Dans ce boulevard, où règne une ambiance chaude et très familiale jusqu’à 3h30 du matin, le consommateur a tous les produits à sa portée : vêtements, souliers, blouses, cartables et autres effets dont a besoin un enfant pour la rentrée scolaire qui coïncide, malheureusement (côté dépenses), avec la fête de l’Aïd. Le premier magasin situé au cœur dudit boulevard annonce la couleur : 1 000 dinars le pantalon,

    1 000 dinars la chaussure, 1 000 dinars la blouse,

    1 000 dinars la chemise… 1 000 dinars, un prix forfaitaire quel que soit l’article à acheter. Son voisin immédiat, concurrence oblige, affiche des prix soldés. Mais combien ça coûte tout de même ? À 900 dinars une chemise ou un tee-shirt, 750 dinars la blouse, entre 600 et 1 200 dinars la chaussure et à partir de 700 dinars un pantalon de moyenne qualité, un parent d’élève, un seul élève, devra s’acquitter d’une facture salée de près de 3 000 à 4 000 dinars. Sans compter d’autres articles qui accompagnent ces effets vestimentaires. Mais, doucement !

    Dans ce quartier populaire, les commerçants affichent également des prix négociés et négociables. Négociés à l’achat chez l’importateur ou le grossiste, négociable une fois le produit mis sur l’étal. De quoi donner une chance aux petites bourses d’alléger un tant soit peu leurs dépenses. Du coup, à Bab El-Oued, un parent d’élève peut effectuer les mêmes achats, à moins qu’il ne fasse la tournée des magasins, à des prix abordables.

    Mais la douleur devient apparente au moment de la présentation de “la douloureuse” dans le cas où le même client devra acheter à son enfant des vêtements pour la fête de l’Aïd. À quelques sous près de 4 000 dinars, la facture passe vite à 6 000 dinars, si l’on comptabilise deux ou trois simples effets supplémentaires à raison de 1 000 dinars la pièce.

    Sans exagérer, un enfant coûte ainsi aux parents prudents 6 000 dinars. Dans le second cas, avec des prix négociés, le parent devra dépenser une moyenne de 4 000 dinars pour les mêmes achats pour cette double circonstance. En attendant l’achat des livres, les articles scolaires et les petits détails qu’exigent généralement les enseignants à chaque rentrée scolaire. Une vieille dame n’a pas cessé de s’exclamer devant la flambée des prix. Venue effectuer ses achats, cette sexagénaire s’étonnera davantage quand elle abordera les prix d’autres effets, elle qui a un petit-fils qui fera bientôt sa circoncision. “C’est très cher mon fils. Heureusement que je suis venue à Bab El-Oued où j’ai le choix de la qualité et des prix. Il ne nous reste plus rien alors que le mois du Ramadhan est à sa troisième semaine”, dira-t-elle comme pour extirper sa douleur, voire sa colère.

    Les grandes surfaces ou le shopping impossible

    Il est 22h30, nous quittons Bab El-Oued. Direction la place du 1er-Mai. Ici, “la température commerciale” est plutôt tiède. Le grand bazar fermé, les boutiques sises rue Hassiba-Ben-Bouali sont inondées de consommateurs. Dehors, point de monde. Les prix affichés sont plutôt élevés. Ici, un ensemble de moyenne qualité, voire de 3e et 4e choix est cédé entre 1 800 et 2 500 dinars. Un tablier d’écolier est affiché entre 750 et 1 200 dinars, surtout sur les deux couleurs exigées par le département de Benbouzid, à savoir le bleu et le rose. “Ces couleurs ne sont pas disponibles en grandes quantités. Nous les achetons à des prix élevés, nous ne pouvons même pas laisser une marge pour le client qui a deux ou trois enfants ! Nous reconnaissons que c’est très cher. Mais, il y aura moins de pression dans les jours à venir”, commente, gêné, un commerçant qui se plaint des concurrents chinois. “Ils ouvrent des magasins à tout bout de champ, ils vendent des produits de mauvaise qualité et nous font concurrence. C’est normal, c’est le commerce, mais l’État doit veiller au contrôle des produits”, dira encore ce marchand pas du tout habitué à la compétitivité. Ailleurs, nous dit-on, comme dans les grandes surfaces de Mohammadia, El-Harrach, Bab-Azzoun ou encore Bordj El-Kiffan, le shopping est quasiment impossible. “Il y a trop de monde. Et il y a de moins en moins de disponibilité de produits très demandés comme les ensembles pour enfants et les blouses d’écoliers. Il y a un rush comme pas possible. Je préfère encore Bab El-Oued, notamment à cause des espaces, mais surtout des commerçants. Ils ne trichent pas sur les prix et le produit. Il y a une grande concurrence”, nous dira un fonctionnaire visiblement désenchanté par ces traditionnels achats où tous les prix connaissent un pic extraordinaire.

    Sidi-Yahia : touche pas à mon porte-monnaie !

    Il est minuit passé quand nous arrivons au quartier commercial, réputé pour être le secteur des riches : Sidi-Yahia. Hormis des groupes assis sur les terrasses pour siroter un thé ou apprécier une chicha à l’égyptienne, point d’encombrement de familles. Le topo est totalement différent des deux quartiers précédents où les Algériens sont portés sur tous les effets scolaires et de la fête de l’Aïd. Les franchises installées dans ce quartier huppé de la capitale ne connaissent pas de rush, encore moins de fréquentation à cause des prix, certes non affichés, mais pas trop difficile à deviner. Ah, des familles dans un magasin ! On exige la qualité, on demande la disponibilité, sans demander le prix. Dans ce seul magasin que nous avons visité – car c’est le seul fréquenté par les familles –, les tarifs sont exorbitants. Faisons le tour de la boutique, avec la bénédiction d’une jeune demoiselle qui accepte de nous donner les prix de tous les articles : 3 500 à 4 000 dinars un ensemble, 1 800 à 3 000 dinars les souliers pour bébé et/ou enfant, 1 200 à 2 000 dinars la chemise, idem pour les pantalons, et entre 1 900 à 2 500 dinars le tee-shirt. En moyenne, sans compter les effets de l’Aïd, un enfant, un seul enfant, reviendrait à 7 000 et 9 000 dinars. Si le parent prend en considération d’autres frais (tricot de peau, chaussettes…), il devra alors payer la bagatelle de 12 000 à 15 000 dinars. “C’est vrai que j’habite Sidi-Yahia, mais j’ai toujours fait mes courses aux grandes surfaces. Ici, il n’y a pas d’occasions. Ici, on ne négocie pas les prix des articles. Ou tu as de l’argent et tu payes comptant, ou tu quittes les lieux pour chercher ailleurs”, nous expliquera un père de famille qui affiche sa totale indifférence pour ce double événement. Froideur dans les magasins, échec des franchises qui espéraient rafler la mise, mais surtout déception des enfants natifs de cette localité, la rentrée sociale à Sidi- Yahia ne fait pas l’actualité.

    Par Liberté
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