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fleur de jasmin

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  • fleur de jasmin


    Je me souviens de cette montagne, qui nous semblait toucher les cieux ; elle était notre espoir. Fière et dominante, nous voulions en faire notre abri ; nous caché du tumulte et de la foule.
    Le jour de tes 10 ans j’ai voulus te l’offrir en cadeau ; et nous tentâmes la grande escalade

    C’était un soir d’été ; nos petits pas raisonnaient sur l’asphalte poisseux de Bab el oued ; et la chaleur d’Aout nous étouffait.
    Tu me suivais comme une phalène ; tes yeux reflétaient ton bonheur ardent ; lumineux, et moi heureux de ton bonheur je me sentais invincible. Fort de ta présence et comblé par tes sourires enchanteurs.
    Nous avions traversé en premier le cimetière chrétien de Sainte Eugène, je n’avais en moi nulle peur. J’aurai pu choisir de faire un petit détour pour éviter cet endroit lugubre mais je n’ai rien fait. je t’avoue que c’était mon seul prétexte pour te tenir la main et étaler mon héroïsme.
    Nos petites mains entrelacés nous traversâmes les morts étrangers. Ils étaient aussi silencieux que la mort elle-même.
    Juste à la sortie du cimetière sous la grande lune qui nous suivait, tu t’es arrêté devant ce tombeau craquelé sur le quelle la photo d’un enfant de notre âge pendait au-dessus d’une épitaphe que nous ne savions pas déchiffrer.
    Tu t’es agenouillée devant le mort, et tu as versé toutes les larmes de ton corps; je ne comprenais pas le pourquoi de ton malheur ni la raison de tes pleurs!! De ta petite voix cristalline tu me répétais : « les enfants meurent aussi!!! » c’était ta découverte ou plutôt ton affreux constat.
    Je fis le tour du caveau pour réfléchir à ton chagrin qui creusait en moi un abime de douleurs, je n’avais rien à foutre du mort inconnu enseveli depuis un demi-siècle dans ce sépulcre en ruines.
    J’étais prêt à tout pour te réconforté. Quand je réapparus devant toi j’avais dessiné sur mon visage le plus beau sourire dont j’étais capable.
    - Tu es naïve yasmine. (J’ai simulé un rire au quel tu as cru)
    - (tes larmes brillaient sur tes joues de pêche. Et d’une voix étouffée tu m’avais dit) on ne doit pas mourir avant d’avoir vécu ! si dieu existe il ne permettrait jamais un tel sort.
    - Mais pourquoi pense-tu que c’est un enfant qui est enterré ici ?
    - (je me suis avancé et j’ai posé ma main sur ta frêle épaule ; je sentais ton corps trembler sous l’ampleur de tes émois ; tu n’arrivais pas à piper mot pour répondre à ma question. tu as juste pointé de ton petit doigt de cristal la photo de l’enfant accrochée à la stèle)

    Tel un diablotin sous la lumière blafarde de cette lune d’été je me suis affalé devant toi en éclatant de rire, j’ai prétendu avec un sourire malin que ce n’était pas un enfant mais un très vieux monsieur qui avait vécu cent ans de bonheur et que tellement il avait eut une vie pleine, il n’avait pas prit le temps de se prendre en photo, alors ses petits enfants n’avaient trouvé qu’une vielle photo de quand il était enfant.
    Tu avais foi en moi. tu m’avais jaugé avec ton regard innocent mais mes manières savantes rendaient insoupçonnable le mensonge. Il avait suffi que je t’offre mon dernier bonbon pour que tu retrouve ton sourire radieux.

    Nous avions continué l’escalade, une marche qui dura des heures. Armé d’un bâton plus grand que moi je me sentais chevalier ; mon courage était mon armure et tu étais la plus belle princesse de l’univers que je devais mener à notre château imaginaire.

    Pour l’épisode des chiens. Je t’avoue que j’ai eus peur. Les fantômes n’existent pas mais les crocs et les aboiements de ses bêtes errantes étaient bien réels. Le sang glacé jusqu’à l’échine devant ces monstres de la nuit je n’avais pu que couvrir ta fuite
    Mes cris et mon affolement les avaient retenus le temps que tu te refugie dans l’enceinte de Note dame d’Afrique. Je te rejoignis en sacrifiant mon arme en bois et un lambeau de ma chemise neuve sur les pieux acérés du muret de l’église.
    Grelotant derrière ce mur protecteur, nous échangeâmes un regard d’effroi et nos mains glacées ne purent se joindre. Je te pris dans mes bras pour te couvrir de ma chaire et ta chaire de porcelaine tintait contre mon petit torse d’enfant. J’ai eus tellement peur pour toi !!! Tellement peur !!!
    Nul malheur ne devait t’atteindre ; nulle larme ne devait être versée par tes yeux ! je t’aimais plus que tout ; je ne vivais que pour toi.
    Les aboiements des chiens sauvages se turent petit à petit et le silence sacré de la basilique chassa nos angoisses meurtrières. Nous quittâmes notre muret bienfaiteur et nous avançâmes vers cette imposante battisse sombre et mystérieuse. Sous la lueur de la lune elle paraissait suspendue aux étoiles. Je ne pouvais douter de son caractère divin. Une paix céleste régnait dans cet espace clos. Dieu y vivait surement.
    Nous fîmes le tour de l’église pour arriver au devant d’un grand portail de bois sculpté. Pardessus l’arcade de cette somptueuse entrée une imposante statue de bronze coiffée d’or jetait un regard triste et absent dans les eaux dormants de la méditerranée.
    Nous étions bénis ; heureux ; presque libres !
    Je n’ai jamais plus ressenti cette sensation de plénitude et de sécurité. Cette nuit la ; la déesse noire nous avait maternés. Son asile était douillet et son silence enlaçait nos corps fatigués.
    Nous ; nous installâmes sur le bord de la balustrade qui dominait hautainement les faubourgs de BOLOGHINE ; blottie contre moi sur ce trône de chimère tu m’avais dis « Merci » mais moi ; j’avais enterré mes larmes dans les profondeurs de mon âme coupable, je n’avais pu te mener au sommet de la montagne qui nous dominait toujours et marquait mon impotence.
    Les premières lueurs du jour embrasèrent l’horizon. Et les étoiles intimidées par l’aurore naissante s’éclipsèrent dans les entrailles de l’univers inconnu. Je t’étreignis si fort que tu disparus me laissant seul devant ce soleil de catastrophe.
    "En mode renaissance"

  • #2
    fleur de jasmin

    Une merveille que ce conte de l’enfance, merci pour le bonheur de lire les péripéties de cette belle ascension. Les larmes cachées dans les profondeurs ce chevalier en herbe éclaboussent tes mots et font jaillir l’innocence.
    Des images se dessinent dans un langage a fleur de peau, la singularité de ton expression une émouvante découverte.



    Vive ta renaissance !

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    • #3
      Merci Ludica

      On s’oubli tellement sur ce chemin incertain et escarpé qu’est la vie. Les routes tortueuses et les grandes incertitudes des adultes que nous somme !
      Un retour aux sources ; a la matrice a cet univers intérieur peuplé de mythes. de notre tendre enfance abandonnée ; envolée.
      A ces moments parfaits ou nous croyions toujours !
      Merci Ludica ; très heureux que ca te transporte et plus encore que ca t’émeut.
      "En mode renaissance"

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      • #4
        Moments parfaits

        Ta plume sais les raconter, jusqu'a illuminer les routes tortueuses et les grandes incertitudes.

        Merci encore quefaire!

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        • #5
          Que faire,

          Ton recit "sent " vraiment le parfum de jasmin, delice pour l' odorat spirituel....
          Il reflete aussi la tendre et habituelle innocence d'um amour pur et enfantin

          Merci pour le partage et Bravo!!!

          S
          " Le bonheur n' est pas une recompense mais une consequence, La souffrance n' est pas une punition mais un resultat...."
          NULLA DI NUOVO SOTTO IL SOLE.."

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          • #6
            merci suzanna, merci Ludica

            meric a vous deux vos encouragement me vont droit au coeur.

            n'oublions jamais nos coeurs d'enfant
            "En mode renaissance"

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