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La chanson kabyle dans le creux de la vague

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  • La chanson kabyle dans le creux de la vague

    Il est tout à fait établi que la chanson kabyle a connu ses temps de gloire durant au moins les années 70 et 80… Et comment puisque ses promoteurs ne font pas que chanter mais ils véhiculaient tous et sans exception des messages éducatifs qui ont participé largement à réveiller les esprits et à combattre l’ignorance et l’indifférence qui caractérisaient les montagnards du Djurdjura.

    Il faut reconnaître aux anciens chanteurs le mérite d’avoir été les précurseurs du progrès et de la prise de conscience généralisée en Kabylie en terme de la revendication identitaire et de la nécessité d’instaurer la démocratie dans tout le pays. Durant les années phares de la chanson kabyle il n’y avait presque pas besoin d’aller à l’école pour apprendre, il suffisait d’écouter Da Slimane Azem pour découvrir la vérité, apprendre plein de leçons qui vous serviront dans la vie de tous les jours et découvrir dans ces chansons les tenants et les aboutissants de la vie politique et culturelle mis en place par les partisans du baâthisme.

    Il faut dire que Da Slimane et consorts d’antan étaient simplement des écoles véritables qui accomplissaient leur mission avec brio. Les années 70 ont vu l’émergence d’une classe artistique de haute gamme à l’image de Lounis Aït Menguellat, Idir, Imazighen Imoula, Ideflawen et tous les autres. Ceux-là même qui ont su placer la chanson kabyle sur la scène nationale et internationale.

    Qu’y a t-il de meilleur que d’écouter Ait Menguellat jouer de sa guitare des airs musicaux calmes et enchanteurs, et faire jouir son ouïe de ses poèmes structurés porteurs de message d’espoir pour une vie meilleure et mettant à nues toutes les basses manœuvres de nos gouvernants de tous bords et tout cela dans un lexique académique que seuls les avertis pourraient saisir le sens profond. Idir, Imazighen Imoula, les Abranis et Ideflawen pour ne citer que ceux-là ont su avec succès produire des œuvres artistiques qui, non seulement ont donné une grande dimension à la chanson kabyle mais encore ont considérablement contribué à casser plein de tabous et à défier les interdits et la ligne rouge tracée par le pouvoir qui s’apprêtait avec tous les moyens dont il disposait à anéantir tout ce qui a trait à la Kabylie et aux Kabyles.

    Matoub à travers ses centaines de chansons engagées à pu sensibiliser à lui seul l’opinion publique locale qui à chaque fois revient à la charge en exigeant la reconnaissance officielle de l’identité amazighe. Eh, Oui ! Même après son lâche assassinat, Lounès continue plus que jamais sa noble mission. N’est-ce pas lui qui avait dit un poète peut-il mourir ? Non, bien sûr que non !

    Cette Kabylie qui a enfanté des géants dans le monde artistique, scientifique et politique se voit aujourd’hui contrainte de porter des nains, des amateurs et des aventuriers qui ne savent même pas où ils vont.

    La scène artistique kabyle connaît à présent une régression honteuse, il n’y a qu’à voir du côté des disquaires pour comprendre que le niveau a trop baissé. Du n’importe quoi à vous donner l’envie de vomir !

    Plein de bruit acoustique, plein de gymnastique dans des tenues légères envoyant en l’air toutes nos valeurs morales. Les “je t’aime”, les visas et les ahalala insignifiants ont remplacé les bonnes paroles et la bonne poésie qui caractérisaient la chanson kabyle.

    Les girouettes, les pirouettes et les marionnettes ont remplacé les poètes, les artistes éducateurs et les hommes cultivés et engagés. Quel triste sort !

    La Kabylie qui a donné naissance à Da Slimane, à Cherif Khedam et à Aït Menguellat n’a vraiment pas porter sur son sol des charlatans !!! Quand on a rien à dire, il vaut mieux se taire !

    Par Hocine Taïb, La Dépêche de Kabylie
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