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Akbou -Idjedaren ou l'éternelle misère

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  • Akbou -Idjedaren ou l'éternelle misère

    Enserré entre l’oued Boulaguan et la rue des Fontaines, le quartier Idjedaren illustre l’échec de toutes les politiques d’éradication de l’habitat précaire et d’urbanisme entreprises jusqu’à ce jour par les différentes institutions du pays et dans une certaine mesure, même le travail des associations dans le sens où ce quartier cumule les problèmes de tout ordre qu’on trouve plus au moins exprimés dans les autres quartiers et villages de la commune d’Akbou et ailleurs.

    Situé sur un terrain en pente, en contrebas de l’ancienne ville d’Akbou, ce quartier a servi de réceptacle à des gens en butte à diverses difficultés venus de toutes les localités de la région notamment au temps du colonialisme et de la période post-indépendance. Les premières maisonnettes construites dans ce quartier, probablement au début du siècle dernier ou à la fin du 20ème, sont faites de terre argileuse mélangée à de la paille en guise de ciment, des toitures faites de roseaux et de branches d’arbres sont remplacées petit à petit à la faveur de développement de l’industrie, par des tuiles et surtout par de la tôle, les rues sont étroites et enchevêtrées les unes dans les autres, constituant de la sorte un véritable labyrinthe pour tout étranger qui s’y aventure. Aucune voiture ne peut y passer.

    On raconte que lors des manifestations célébrant les évènements d’Avril 80, les manifestants pourchassés par les CRS trouvaient en ce quartier une véritable forteresse non seulement pour se cacher mais aussi pour organiser leurs ripostes. “Les forces de l’ordre ne s’y aventuraient jamais de peur d’être prises comme dans un étau par des manifestants en furie d’autant plus, que les habitants vivant dans le dénuement le plus total, étaient complices des manifestants” nous dira un habitant qui s’en souvient.

    Dans certaines maisonnettes, les compteurs d’électricité sont suspendus à l’aide de simple fils de fer aux toits et les compteurs et conduites d’eau côtoient dangereusement le réseau d’évacuation des eaux usées.

    En été, les habitants brûlent sous la tôle comme dans un four et en hiver, les pluies font de certaines d’entre elles, de véritables “baignoires”. “Des essaims de moustiques montent de l’oued Boulaguan et envahissent nos maisons. Leurs piqûres acerbes déroulent devant nos yeux tout le film de notre misère éternelle !” nous confie un habitant.

    Face à cette situation intenable, des habitants des quartiers ont agrandi leurs maisons parfois sans aucun document administratif leur permettant de procéder à de tels travaux car la quasi-totalité ne possède pas d’actes de propriétés. “J’ai 70 ans, je suis né, grandi et vieilli ici, malgré cela l’administration refuse de m’établir un acte de propriété ! Alors, pour ne pas finir dans la misère ma vie comme je l’ai commencée et éviter à mes enfants de vivre dans la galère, nous avons renouvelé notre maison”, nous dira Dda Mohand, sexagénaire, rencontré dans le quartier.

    Ainsi, plusieurs maisons construites en ciment, sable et rond à béton, ont poussé dans ce quartier anarchiquement, empêchant les pouvoirs publics d’implanter sur le site d’Idjaren une nouvelle cité conforme aux normes de construction et d’urbanisme, il y a de fortes chances que ce quartier demeure, même si des maisons “modernes” y poussent, un éternel bidonville.

    Faute d’un plan d’aménagement et d’une prise en charge opportune et “bien pensé”, le bidonville situé au cœur de la ville d’Akbou s’éternise et ce, malgré tous les efforts consentis par l’Etat, car faut-il le rappeler, les habitants de ce quartier ont toujours bénéficié des plans de relogement qu’ils soient sociaux locatifs ou autres. Un relogement partiel qui débouche toujours sur un repeuplement total soit par l’augmentation naturelle des habitants natifs du quartier ou par l’occupation des maisons des relogés par des “arrivistes”. Il en est de même à Akbou pour les cités GMS, Piton et stade.

    La logique et le bon sens voudraient que des mesures efficientes soient prises pour éradiquer ces quartiers pour toujours par l’attribution de logements à tous les citoyens qui y habitent afin de libérer les assiettes de terrains sur lesquelles elle sont implantées et empêcher que d’autres citoyens y viennent s’installer ou que d’autres non recasés entament des constructions en dur.

    Par La Dépêche de Kabylie
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