Voyager vers un univers parallèle, s'enfoncer dans une autre dimension, rencontrer son double,... ce sont quelques scénarios de films de science-fiction qui repose sur l'idée des univers parallèles (ou multivers). Mais si on suit les travaux de recherche en physique théorique durant les quelques dernières années, on peut se rendre compte du fait que cette idée est de plus en plus discutée et de façon très sérieuse.
Dans la suite je vous propose quelques extraits d'un dossier très intéressant que j'ai trouvé dans le magazine "La Recherche" (n° 433).
L'origine de la question:
L'idée des univers multiples a émergé d'une question déroutante à laquelle la physique n'a pas encore donné une réponse définitive: "Comment se fait-il que toutes les conditions favorisant l'apparition de la vie ont été réunies dans notre Univers ?"
L'idée d'une multitude de mondes n'est pas nouvelle, on la rencontrait chez Démocrite, Giordano Bruno (1548-1600), Rabelais, Leibniz, Hugh Everett, et tant d'autres philosophes et scientifiques.Mais la question qu'on peut se poser est: "Cette proposition est-elle scientifique?"
Les Multivers dans la science:
Certains scientifiques se sont opposé farouchement à cette idée, à l'instar de David Gross (Prix Nobel de physique, 2004) qui considère que cette hypothèse ne peut de toute manière être vérifiée.
Pourtant, l'idée des multivers n'est pas une théorie indépendantes, c'est plutôt la conséquence de plusieurs théories dans des domaines différents.
Dans la relativité générale par exemple, la vitesse de la lumière est considérée comme étant limitée. Ce qui donne à notre capacité d'observation un caractère aussi limité. Ainsi, l'univers dans lequel nous vivons actuellement est limité à une sphère d'un rayon d'environ 46 milliards d'années-lumière. Or, au delà de cet horizon un espace infini peut exister (selon la même théorie), cet zone pourrait contenir des univers parallèles et inaccessibles.
Dans la mécanique quantique, on se souvient du fameux paradoxe du chat de Schrödinger imaginé en 1935. Certains ont imaginé la possibilité de l'existence de deux univers parallèles contenant les deux états du chat (mort et vivant). Cette théorie a été proposée par Hugh Everett. Selon l'idée d'Everett, les univers pourraient coexister et se superposer, ce serait une explication des états dits "d'intrication" (comme celui du chat mort-vivant).
Une idée qui découle des lois de la physique:(par Aurélien Barrau, chercheur au laboratoire de physique subatomique à Grenoble)
L'idée découle de certaines théories de physique qui tentent d'expliquer de phénomènes liés à l'étude des particule ou de la gravitation. Le principe des "multivers" permet de résoudre un sérieux problème de la physique théorique moderne: il s'agit du problème des constante physique.
En effet, il est plutôt surprenant de voir que les constantes physiques dans notre univers ont des valeurs très particulières et parfaitement adaptées à l'apparition de la vie. Si on considère que ces constantes correspondent à une réalisation parmi une infinité d'autres ayant lieu dans les multivers, on lève le mystère.
Mais comment peut-on vérifier l'existence des multivers si ceux-ci sont inaccessibles?
Prenons l'exemple de la relativité générale, archétype de la théorie réussie.
Cette théorie prédit la constitution interne des trous noirs, ce qui est, pour l'instant, invérifiable. Cependant, ça ne nous donne pas une raison pour réfuter une théorie aussi bien construite.
Il est certain que l'idée des univers multiples devrait être considérée comme une "théorie scientifique", encore faut-il définir ce que c'est qu'une théorie scientifique.
Qu'est-ce qu'une proposition scientifique?
Selon Karl Popper, une théorie est scientifique quand on peut la réfuter. Par exemple, la proposition "Dieu existe" n'est pas scientifique parce qu'on ne peut pas prouver son inexistence. Par contre, la proposition "tous les cygnes sont blancs" est scientifique car si on trouve un seul cygne noir, on aura démontré qu'elle est fausse.
Le modèle des multivers est bien scientifique dans sa constitution, mais on est encore loin de la possibilité d'un test quantitatif. Sans même évoquer les problèmes plus technique liés au concept de mesure dans un multivers.
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