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L’art de bâtir, un acte culturel en perdition en Algérie

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  • L’art de bâtir, un acte culturel en perdition en Algérie

    Les facteurs influents dans la production de la qualité

    La qùalité dans la construction a été et demeure toujours l’objectif recherché dans l’art de bâtir. Un ouvrage ou projet immobilier est dit de bonne qualité lorsqu’il présente une belle vue d’ensemble, de l’harmonie, du confort et une Iongue durabilité, opposant une bonne résistance aux effets naturels. Les règlements et normes de construction consignent et fixent les critères de performance à respecter par les différents intervenants de l’acte de bâtir, le maître de l’ouvrage dans la gestion des projets, le maître d’œuvre dans la maîtrise de la conception, l’entrepreneur ou l’artisan dans la réalisation, le chargé du suivi dans le contrôle et la conformité de l’exécution, le fournisseur ainsi que le fabricant dans la qualité des matériaux livrés et mis à la disposition. Dans ce qui suit, nous allons essayer de définir le rôle et la responsabilité de chaque intervenant dans la production de la qualité, à savoir :

    La gestion scientifique des projets

    Un projet mal géré ne pourra point donner lieu à un produit de bonne qualité. Gérer scientifiquement un projet de construction, c’est mettre en exergue l’équation : prévoir = organiser = contrôler et cela durant toutes les phases inhérentes à la réalisation. En effet, à partir du choix du site d’implantation, de la désignation réfléchie du maître d’œuvre ou de l’architecte jusqu’au choix le plus judicieux de l’artisan ou de l’entreprise chargée de l’exécution, tout doit se passer dans la transparence, en se basant sur des critères de compétence, de qualification et de maîtrise de l’art. La meilleure qualité de produit est basée sur la concurrence. Ce constat est corroboré par l’arrivée d’entreprises étrangères.

    2- La maîtrise dans la conception

    Une conception de projet doit requérir tout le génie créateur de son concepteur. Un projet bien étudié dans le détail est un projet a priori réussi, qui facilite l’exécution et réduit les délais de réalisation. Par contre, un projet conçu dans la précipitation induit automatiquement des imprévus qui génèrent des dépenses supplémentaires et des retouches hasardeuses et récurrentes, outre qu’elles prolongent les délais et se traduisent en bout de chaîne par une réalisation médiocre. En tout état de cause, la conception doit tenir compte des instruments d’urbanisme existants, réfléchis dans l’avenir urbanistique, environnemental et même sentimental, comme le disait l’architecte J. J. Deluz : « ... le rôle de l’architecte, c’est d’intégrer l’architecture dans un milieu avec les qualités architecturales et esthétiques qui dépendent de la sensualité. » L’utilisation et l’intégration de matériaux locaux doivent être une préoccupation dans la conception, favorisant ainsi le souci de la qualité dans la production des matériaux. Dans le processus d’étude et en collaboration avec l’architecte, l’ingénieur propose le système de construction et une étude de structure qui doit convenir en matière de résistance, d’économie et de confort. Pour ces raisons, l’architecte et l’ingénieur doivent assumer conjointement la responsabilité dans la réussite ou l’échec de la conception qu’ils auront élaborée.

    3- La qualité des matériaux

    Tout ouvrage ou partie d’un projet de construction est constitué en l’agglomération de certains matériaux de construction naturels comme la pierre, le bois, la terre, etc. ou manufacturés, tels la brique, le ciment. Les qualités exigées des matériaux ont trait à la propreté, la résistance ainsi que les propriétés physico-chimiques qui devront correspondre et répondre aux exigences de qualité. Afin de procéder à la vérification des caractéristiques techniques des produits livrés, les entreprises qui sont en mesure de la faire doivent être équipées de laboratoires de contrôle, à défaut, travailler en collaboration avec des laboratoires indépendants dont la compétence est avérée. Il est déplorable de constater que des techniciens spécialisés dans le contrôle des matériaux de construction soient une rareté sur les chantiers, en dépit du fait que des ingénieurs sortent régulièrement des instituts spécialisés en nombre et en qualité. Le contrôle de conformité des matériaux relève de la responsabilité du maître de l’œuvre chargé du suivi et qui représente le client ou le maître d’ouvrage.

    La qualification dans la réalisation

    Le chargé d’exécution (artisan ou entreprise) doit être choisi suivant des critères préétablis, conformément à la réglementation. Ce choix doit être soutenu par le maître de l’œuvre, seul apte à désigner le chargé de réalisation en mesure de produire une qualité suffisante pour sa conception et dont l’offre est la plus avantageuse au regard du rapport qualité/prix qui est un déterminant important. Cela en plus d’une prestance technique, des moyens nécessaires suffisants et un savoir-faire indiscutabIe. En tout état de cause, il est recommandé de ne pas confondre entre vitesse et précipitation au cours de la réalisation d’un projet. Un artisan maçon pourrait bien construire une surface plus importante dans la précipitation mais la qualité d’exécution s’en ressentirait indéniablement. La préoccupation essentielle des autorités du secteur de la construction devrait être celle d’assurer un transfert de technologies lors de l’attribution des projets étatiques d’envergure au profit des entreprises étrangères. L’association des entreprises locales à la réalisation de ces projets pourrait être un moyen pour elles de capter la technologie novatrice dans le domaine. De même que la mise en commun des moyens de nos entreprises sous forme de groupement ou de partenariat pourrait favoriser une synergie capable de rivaliser avec les consortiums étrangers qui dictent actuellement le niveau de prix de leurs prestations, bien souvent sans contrepartie en matière de transfert de savoir-faire et depuis peu, sans aucun impact sur la résorption du chômage qui étiole notre jeunesse.

  • #2
    Le contrôle de la qualité

    Le contrôle de la qualité consiste à veiller au respect de l’exactitude dans l’exécution de toutes les tâches inhérentes à la construction d’un élément ou d’un ensemble d’éléments constituant un ouvrage. En effet, la qualité d’un ouvrage dépend principalement de la rigueur dans le contrôle appliqué le long du processus de réalisation, allant du simple détail à l’ensemble. Le contrôle de qualité s’opère sur 3 phases, à savoir : A- a priori de la réalisation

    En effet, l’approbation de l’étude est la phase où le contrôle s’effectue pendant la conception du projet, à partir de l’établissement de l’esquisse et de son approbation par le client sur la base des instruments d’urbanisme projetés. Viennent ensuite l’avant-projet et le projet d’exécution, qui sont des phases de développement de l’esquisse initiale approuvée et, enfin, le dossier d’étude déposé auprès de l’administration compétente qui délivre l’autorisation ou permis de construire nécessaire au démarrage des travaux. Cependant et avant le démarrage de l’exécution, il est indispensable de faire approuver l’étude technique (ou de génie civil) par l’organisme de contrôle technique (dans notre pays, le C T C) qui veillera à la vérification de la résistance des ouvrages et la validité des systèmes et procédés constructifs adoptés.

    B- pendant la réalisation


    Le chargé de l’exécution devra posséder toutes les capacités et les compétences nécessaires pour l’exécution du projet à même de déceler au préalable toutes les erreurs éventuelles qui peuvent se glisser dans l’étude du projet. L’exécution des ouvrages est assujettie à l’accord des techniciens ou ingénieurs représentant le maître de l’œuvre dans la mission de suivi ayant pour souci la conformité de l’exécution et le respect des règles de l’art dans la réalisation. En effet, la qualité de réalisation d’un projet est du ressort du maître de l’œuvre chargé du suivi. De ce fait, un projet de mauvaise qualité est un projet mal suivi.

    C- a posteriori de la réalisation

    L’entreprise chargée de l’exécution et le maître d’œuvre restent solidairement responsables pendant toute la période décennale (10 années après la réception du projet) pour ce qui est des vices apparents ou cachés, dussent-ils être à la mauvaise conception ou aux manquements dans la réalisation. Cela dit, pendant la période d’utilisation, un entretien périodique doit s’opérer tout au long de la durée de vie du projet et remédier à chaque malfaçon qui apparaît avec une technicité appropriée de l’entretien. Cette période d’entretien reste du ressort des organismes responsables de la gestion des biens immobiliers spécialisés et ayant les moyens et compétences nécessaires à cette tâche. Un bon entretien contribue à prolonger sensiblement la durée de vie d’un projet. L’habitat est en crise perpétuelle dans notre pays. Tous les prétendus plans de redressement entrepris ont échoué et cela malgré les moyens et efforts consentis par un Etat omnipotent, omniscient et omniprésent, mais sans efficacité. Très convoité car stratégique, le secteur de la construction en Algérie est livré à un opportunisme débridé qui a laissé la porte béante à la médiocrité dont on ne cesse de payer les conséquences. L’urbaniste Hamid Ougouadfel expliquait clairement le phénomène de « perdition » de l’acte de bâtir, dans son intervention à la revue Vies de Villes et disait : « ... Dans la vie, lorsqu’on est perdu, on revient en arrière pour retrouver son chemin ou le lieu de « perdition », nous n’hésitons pas à parler de perdition, car il y a un sens moral dans cette idée. Avec le passage de l’Algérje à l’économie de marché, il y a un risque très fort d’une destruction partielle ou totale du patrimoine urbain et architectural, du fait d’une spéculation par de nouveaux riches sans conscience parce que sans références. »

    En effet, l’espace urbain actuel, constitué d’ensembles standardisés, se caractérisant par l’uniformité, la laideur, la promiscuité, la saleté qui sont autant de facteurs propices à l’incrustation du mal-vivre et l’explosion de la violence au quotidien, produisent un souci qui demeure le problème culturel le plus grave que nous connaissons aujourd’hui, dans la mesure où il affecte directement notre quotidien, dénature nos comportements et compromet notre avenir. Sans entrer dans des considérations fastidieuses qui sous-tendent et prolongent cette situation critique dans laquelle se trouve l’acte de bâtir qui est du ressort du politique et des pouvoirs publics, le défi d’aujourd’hui ne se pose pas en termes de moyens (financiers, humains, technologiques) mais relève de la capacité de tous les protagonistes de l’acte de bâtir à élever le niveau de la prestation, en matière de gestion, de conception et de réalisation des projets. L’Algérie est un pays très vaste et culturellement très riche. Des siècles d’histoire ont façonné les usages et les modes de vie de chaque région. Cette diversité culturelle est traduite concrètement et en particulier par l’architecture qui varie sensiblement d’une région à une autre. Il est impératif de s’enrichir de ces modèles qui ont traversé les âges. Par voie de conséquence, savoir sauvegarder notre patrimoine architectural et améliorer le cadre bâti actuel relève des valeurs culturelles qui nous unissent et coopérer à réfléchir dans la manière de les préserver relève de l’urgence et de notre devoir. Les acteurs qui interviennent dans l’acte de bâtir sont multiples et divers. Mais c’est la synergie et la conjugaison des efforts de tous qui peuvent assurer le couronnement de cette entreprise ardue mais vitale, loin des avantages étriqués et des intérêts exclusifs de personnes ou de groupes, en proposant ses idées avec courage et lucidité, en exhortant la réflexion, en identifiant les difficultés, en se référant à l’aune des vraies valeurs culturelles de notre société pour changer cet état d’esprit défaitiste afin de retrouver notre culture de « bien bâtir » et améliorer l’avenir de la construction dans notre pays.

    Par B. Yahiaoui Ingénieur - promoteur du procédé M. P. C. , El Watan

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