Annonce

Réduire
Aucune annonce.

"Dialogue sur le tabou arménien",

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • "Dialogue sur le tabou arménien",

    Gaïdz Minassian
    (Le Monde, 17/09/2009)



    Il aura donc fallu attendre 2009 pour qu'un Turc et un Arménien acceptent d'évoquer ensemble la question du génocide de 1915 à travers un livre. Dialogue sur le tabou arménien est un premier essai concluant. L'économiste turc Ahmet Insel et le philosophe français d'origine arménienne Michel Marian répondent aux questions de la journaliste Ariane Bonzon, tels deux patients ayant enfin franchi le pas du cabinet de psychanalyse pour surmonter leur traumatisme.

    Car il s'agit bien d'une thérapie bilatérale à laquelle le lecteur assiste. L'un est l'initiateur d'une pétition en Turquie demandant "pardon aux Arméniens pour la Grande Catastrophe", l'autre l'a remercié publiquement pour son geste. D'un commun accord, ces deux anciens militants d'extrême gauche ont dressé leur "feuille de route" du dialogue, expression à la mode en Turquie et en Arménie, alors que les deux Etats sont à quelques semaines de normaliser leurs relations.

    Mais si d'un côté, ce sont les Etats qui parlent paix et coopération, de l'autre ce sont deux intellectuels qui essaient de retisser les liens d'une histoire commune. La démarche est courageuse, le ton parfois franc, parfois émouvant, tant ils abordent de façon simple des sujets jusqu'alors refoulés dans les inconscients collectifs turc et arménien. Matières anthropologiques, sociologiques, juridiques, politiques et historiques, tout est utilisé de telle sorte que le lecteur se dise que, finalement, Turcs et Arméniens ont plus d'éléments en commun qu'on ne saurait le penser. Y compris le travail de mémoire auquel se prête Michel Marian en s'interrogeant sur le mouvement révolutionnaire arménien au XIXe-XXe siècle et sur le terrorisme arménien (1975-1985), qu'il condamne.

    Quant à Ahmet Insel, qui s'emmêle dans les fils de la définition du concept de génocide, il nuance le cas arménien puis l'associe à la liste des génocides en glissant un petit oui entre deux répliques de son interlocuteur. Sans doute le mot lui brûlerait-il moins les lèvres si son gouvernement abrogeait l'arsenal répressif des articles 301 et 305 du code pénal turc, qui menacent de peine de prison toute personne qui porte atteinte à la dignité de la Turquie en évoquant le génocide des Arméniens. Les hauts responsables n'ont pas été jetés en prison à l'époque, pourquoi y envoyer des innocents quatre-vingt-treize ans plus tard ?
    Chaque pétales de cette rose correspond à tout l'amour qui nous unit depuis le premier jour . Donc il ne pourra à jamais se fâner.
Chargement...
X