Pour faire face a la fuite des cerveaux, le président russe Vladimir Poutine promet un salaire de Mille dollars aux meilleurs chercheurs du pays….un salaire dont seraient satisfait les chercheurs russes selon un temoinage.
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MOSCOU (AFP) - Mille dollars, c'est le salaire mensuel que promet le président russe Vladimir Poutine aux meilleurs chercheurs du pays pour stopper la fuite des cerveaux vers l'Ouest. La hausse doit être progressive et démarrer en 2006.
A 22 ans et avec un salaire mensuel de 800 dollars dans un laboratoire de physique nucléaire prestigieux, Andreï Aleïev peut s'estimer heureux. Mais tout ce que ce jeune chercheur travaillant pour l'Etat peut attendre, c'est 200 dollars de plus d'ici quatre ans.
Mais pour Andreï Aleïev, qui gagne déjà quatre fois plus que le salaire moyen des chercheurs (environ 200 dollars) grâce à des contrats avec des laboratoires étrangers, c'est dérisoire.
Et après son doctorat, ce jeune diplômé aura des chances de trouver du travail à l'étranger où il gagnera au moins trois fois plus.
La fuite des cerveaux a déjà privé la Russie d'au moins 500.000 chercheurs depuis la chute de l'Union soviétique en 1991, et elle coûte des milliards de dollars en manque à gagner à l'Etat.
Elle s'est légèrement ralentie ces dernières années, mais après les chercheurs expérimentés formés à l'époque soviétique, elle touche désormais les plus jeunes et les plus brillants, déjà mieux rémunérés que les autres.
"Pour l'instant, je suis bien ici", explique le physicien passionné, qui observe les atomes à longueur de journée sur une sonde atomique tomographique d'un million et demi de dollars, acquise grâce aux contacts à l'étranger et aux efforts personnels du directeur de son laboratoire.
"Je n'ai pas de projet de départ, mais cela pourrait arriver", prévient le jeune chercheur, considéré par ses supérieurs comme l'un des plus sérieux espoirs de l'Institut de Physique théorique et expérimentale de Moscou (Itep).
Si les promesses d'augmentation des salaires et d'investissement dans l'éducation scientifique et l'équipement obsolète des laboratoires sont généralement bien reçues par les chercheurs, les conditions dont elles sont assorties inquiètent aussi.
Privatisation de nombreux laboratoires, réduction du personnel scientifique pléthorique en Russie, mais aussi diminution du temps passé par les chercheurs à l'étranger, alors que la recherche russe est de plus en plus intégrée à la recherche mondiale.
Alexandre Goloubev, responsable du laboratoire de physique des plasmas à l'Itep, se rend régulièrement en Allemagne où son laboratoire obtient des contrats de recherche bien payés.
"Je gagne moi-même 1.000 dollars par mois et une bonne partie vient de mon travail à l'étranger", relève le chercheur de 47 ans.
L'Itep, situé dans l'enceinte d'un palais tsariste du 18ème siècle, est l'un des rares ex-instituts de recherche soviétique à s'être adapté, non sans difficultés, aux nouvelles réalités économiques. Son directeur, Boris Charkov, reconnaît être passé maître dans l'art de la chasse aux bourses scientifiques.
Autrefois fermé, l'Itep collabore désormais avec une dizaine d'instituts européens, ce qui lui assure environ 30% de son budget.
Mais pour sortir de la crise, ce centre, créé par décret de Staline en 1945 pour développer l'énergie nucléaire et toujours considéré comme l'un des plus réputés au monde, a du passer du domaine militaire au nucléaire civil et de la recherche fondamentale pure à des travaux complémentaires de recherche appliquée dans d'autres domaines de la physique.
Aujourd'hui, en plus de la diversification, il tente aussi de former et de retenir une nouvelle génération de chercheurs, mission quasi-impossible dans un milieu qui manque toujours de prestige.
Pour le professeur Patrick Lefort du bureau du CNRS à Moscou, le potentiel scientifique russe est "un peu vieillissant" et la question est de savoir si le pouvoir saura prendre les mesures nécessaires pour "passer le flambeau" à la nouvelle génération.
AP.
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MOSCOU (AFP) - Mille dollars, c'est le salaire mensuel que promet le président russe Vladimir Poutine aux meilleurs chercheurs du pays pour stopper la fuite des cerveaux vers l'Ouest. La hausse doit être progressive et démarrer en 2006.
A 22 ans et avec un salaire mensuel de 800 dollars dans un laboratoire de physique nucléaire prestigieux, Andreï Aleïev peut s'estimer heureux. Mais tout ce que ce jeune chercheur travaillant pour l'Etat peut attendre, c'est 200 dollars de plus d'ici quatre ans.
Mais pour Andreï Aleïev, qui gagne déjà quatre fois plus que le salaire moyen des chercheurs (environ 200 dollars) grâce à des contrats avec des laboratoires étrangers, c'est dérisoire.
Et après son doctorat, ce jeune diplômé aura des chances de trouver du travail à l'étranger où il gagnera au moins trois fois plus.
La fuite des cerveaux a déjà privé la Russie d'au moins 500.000 chercheurs depuis la chute de l'Union soviétique en 1991, et elle coûte des milliards de dollars en manque à gagner à l'Etat.
Elle s'est légèrement ralentie ces dernières années, mais après les chercheurs expérimentés formés à l'époque soviétique, elle touche désormais les plus jeunes et les plus brillants, déjà mieux rémunérés que les autres.
"Pour l'instant, je suis bien ici", explique le physicien passionné, qui observe les atomes à longueur de journée sur une sonde atomique tomographique d'un million et demi de dollars, acquise grâce aux contacts à l'étranger et aux efforts personnels du directeur de son laboratoire.
"Je n'ai pas de projet de départ, mais cela pourrait arriver", prévient le jeune chercheur, considéré par ses supérieurs comme l'un des plus sérieux espoirs de l'Institut de Physique théorique et expérimentale de Moscou (Itep).
Si les promesses d'augmentation des salaires et d'investissement dans l'éducation scientifique et l'équipement obsolète des laboratoires sont généralement bien reçues par les chercheurs, les conditions dont elles sont assorties inquiètent aussi.
Privatisation de nombreux laboratoires, réduction du personnel scientifique pléthorique en Russie, mais aussi diminution du temps passé par les chercheurs à l'étranger, alors que la recherche russe est de plus en plus intégrée à la recherche mondiale.
Alexandre Goloubev, responsable du laboratoire de physique des plasmas à l'Itep, se rend régulièrement en Allemagne où son laboratoire obtient des contrats de recherche bien payés.
"Je gagne moi-même 1.000 dollars par mois et une bonne partie vient de mon travail à l'étranger", relève le chercheur de 47 ans.
L'Itep, situé dans l'enceinte d'un palais tsariste du 18ème siècle, est l'un des rares ex-instituts de recherche soviétique à s'être adapté, non sans difficultés, aux nouvelles réalités économiques. Son directeur, Boris Charkov, reconnaît être passé maître dans l'art de la chasse aux bourses scientifiques.
Autrefois fermé, l'Itep collabore désormais avec une dizaine d'instituts européens, ce qui lui assure environ 30% de son budget.
Mais pour sortir de la crise, ce centre, créé par décret de Staline en 1945 pour développer l'énergie nucléaire et toujours considéré comme l'un des plus réputés au monde, a du passer du domaine militaire au nucléaire civil et de la recherche fondamentale pure à des travaux complémentaires de recherche appliquée dans d'autres domaines de la physique.
Aujourd'hui, en plus de la diversification, il tente aussi de former et de retenir une nouvelle génération de chercheurs, mission quasi-impossible dans un milieu qui manque toujours de prestige.
Pour le professeur Patrick Lefort du bureau du CNRS à Moscou, le potentiel scientifique russe est "un peu vieillissant" et la question est de savoir si le pouvoir saura prendre les mesures nécessaires pour "passer le flambeau" à la nouvelle génération.
AP.
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