Agadir: Les dysfonctionnements de l’Hôpital Hassan II
· Mauvaise prise en charge, corruption, favoritisme…
«Mauvaise prise en charge, corruption, favoritisme, saleté… ». Les usagers de l’Hôpital Hassan II ne trouvent pas suffisamment de mots pour décrire les dysfonctionnements dont souffre l’Hôpital Hassan II d’Agadir. Pourtant, l’établissement, le plus ancien centre hospitalier du Souss, semble même être un exemple en termes de qualité pour les autres structures du même genre à l’échelle du pays. Par ailleurs, l’établissement bénéficie du soutien de la société civile pour la mise à niveau de son infrastructure. C’est cette même société civile qui monte aujourd’hui au créneau pour protester contre la situation de l’hôpital. L’autorité locale a aussi tiré de son côté la sonnette d’alarme.
De fait, l’Hôpital Hassan II souffre d’une infrastructure toujours insuffisante, d’un grand déficit en ressources humaines et d’équipements sanitaires obsolètes et mal entretenus. Rien d’étonnant que les usagers n’en peuvent plus et en parlent tout haut à qui veut les entendre. Pour Fatima, une Sahraouie dont le fils est admis au pavillon des maladies infectieuses, «le plus grand mal dont souffre cet établissement est la corruption et le favoritisme. Si on ne graisse pas la patte, on est tout simplement ignoré! Il faut payer pour chaque acte!», déplore-t-elle. L’usager se plaint aussi du suivi médical. «Le médecin, quand il finit par venir, ne franchit pas le seuil de la chambre. Il donne ses directives oralement sans même ausculter le malade!».
Admise au même pavillon depuis douze jours, Anissa a moins de chance. Selon son père, «tout ce que l’hôpital lui offre, c’est un lit, rien de plus. Même sa température, c’est sa mère qui s’en charge. Ici, on ne s’occupe pas d’elle et son état psychologique s’en est fortement ressenti». A ce propos, un médecin explique: «Nous sommes tellement débordés de travail que parfois l’aide des membres de la famille des patients est souhaitée voire sollicitée». Soit. Mais, les membres des familles des patients ne sont pas médecins. Le serment d’Hippocrate n’impose-t-il pas aux médecins de faire acte d’abnégation pour sauver leurs patients? Qu’en est-il dans cet hôpital?
Dans le pavillon pour enfant, la situation n’est pas meilleure. Une maman dont le bébé a 40° de fièvre s’est entendue dire «qu’elle doit lui administrer elle-même un médicament, si elle l’a sur elle. Le médecin ne pouvant le voir que le lendemain dans la journée». Et la liste des réclamations est bien plus longue.
Contactés par L’Economiste, les responsables de l’hôpital affirment qu’ils «font de leur mieux pour répondre à la demande des usagers». «Mais la vocation régionale de l’établissement conjuguée à l’insuffisance des ressources humaines rend en difficile la mission», soulignent-ils. De fait, l’Hôpital Hassan II emploie 130 médecins environ et 330 infirmiers à travers 20 services répartis sur 4 départements. «Nous avons un déficit de 80 infirmiers. Par ailleurs, nous n’avons qu’un seul neurologue, un seul endocrinologue et un seul dermatologue. Malgré cela, nous enregistrons 70.000 consultations en urgence par an et près de 35.000 consultations spécialisées annuellement», précise Dr Khalid El Alami, directeur de l’hôpital.
Pour les représentants de la société civile, le problème n’est pas une question de nombre de personnel mais de gestion de la ressource. «Beaucoup trop de médecins de l’hôpital travaillent en même temps dans le privé. Et cela au détriment du fonctionnement de la structure publique», déplore un membre d’une ONG.
Quoi qu’il en soit, la dégradation de ce service public de la santé laisse voir un grand décalage entre le discours officiel et la réalité. «La situation de l’Hôpital Hassan II, où on ne peut, pour une opération, offrir ni le fil, ni l’aiguille ni même le gant, est en complète contradiction avec le développement auquel aspire la région», déplore un observateur. A cette situation les responsables de l’hôpital semblent réagir ces derniers jours. Ils ont mobilisé les troupes et un plan d’action d’urgence a été mis en œuvre. Hygiène, campagne de communication, anti-corruption, amélioration de l’accueil à travers le renforcement d’une cellule à l’entrée de l’établissement… plusieurs dispositions ont été mises en œuvre. Alors mesures ponctuelles ou changement réel des habitudes? On ne tardera pas à le savoir.
L'economiste
· Mauvaise prise en charge, corruption, favoritisme…
«Mauvaise prise en charge, corruption, favoritisme, saleté… ». Les usagers de l’Hôpital Hassan II ne trouvent pas suffisamment de mots pour décrire les dysfonctionnements dont souffre l’Hôpital Hassan II d’Agadir. Pourtant, l’établissement, le plus ancien centre hospitalier du Souss, semble même être un exemple en termes de qualité pour les autres structures du même genre à l’échelle du pays. Par ailleurs, l’établissement bénéficie du soutien de la société civile pour la mise à niveau de son infrastructure. C’est cette même société civile qui monte aujourd’hui au créneau pour protester contre la situation de l’hôpital. L’autorité locale a aussi tiré de son côté la sonnette d’alarme.
De fait, l’Hôpital Hassan II souffre d’une infrastructure toujours insuffisante, d’un grand déficit en ressources humaines et d’équipements sanitaires obsolètes et mal entretenus. Rien d’étonnant que les usagers n’en peuvent plus et en parlent tout haut à qui veut les entendre. Pour Fatima, une Sahraouie dont le fils est admis au pavillon des maladies infectieuses, «le plus grand mal dont souffre cet établissement est la corruption et le favoritisme. Si on ne graisse pas la patte, on est tout simplement ignoré! Il faut payer pour chaque acte!», déplore-t-elle. L’usager se plaint aussi du suivi médical. «Le médecin, quand il finit par venir, ne franchit pas le seuil de la chambre. Il donne ses directives oralement sans même ausculter le malade!».
Admise au même pavillon depuis douze jours, Anissa a moins de chance. Selon son père, «tout ce que l’hôpital lui offre, c’est un lit, rien de plus. Même sa température, c’est sa mère qui s’en charge. Ici, on ne s’occupe pas d’elle et son état psychologique s’en est fortement ressenti». A ce propos, un médecin explique: «Nous sommes tellement débordés de travail que parfois l’aide des membres de la famille des patients est souhaitée voire sollicitée». Soit. Mais, les membres des familles des patients ne sont pas médecins. Le serment d’Hippocrate n’impose-t-il pas aux médecins de faire acte d’abnégation pour sauver leurs patients? Qu’en est-il dans cet hôpital?
Dans le pavillon pour enfant, la situation n’est pas meilleure. Une maman dont le bébé a 40° de fièvre s’est entendue dire «qu’elle doit lui administrer elle-même un médicament, si elle l’a sur elle. Le médecin ne pouvant le voir que le lendemain dans la journée». Et la liste des réclamations est bien plus longue.
Contactés par L’Economiste, les responsables de l’hôpital affirment qu’ils «font de leur mieux pour répondre à la demande des usagers». «Mais la vocation régionale de l’établissement conjuguée à l’insuffisance des ressources humaines rend en difficile la mission», soulignent-ils. De fait, l’Hôpital Hassan II emploie 130 médecins environ et 330 infirmiers à travers 20 services répartis sur 4 départements. «Nous avons un déficit de 80 infirmiers. Par ailleurs, nous n’avons qu’un seul neurologue, un seul endocrinologue et un seul dermatologue. Malgré cela, nous enregistrons 70.000 consultations en urgence par an et près de 35.000 consultations spécialisées annuellement», précise Dr Khalid El Alami, directeur de l’hôpital.
Pour les représentants de la société civile, le problème n’est pas une question de nombre de personnel mais de gestion de la ressource. «Beaucoup trop de médecins de l’hôpital travaillent en même temps dans le privé. Et cela au détriment du fonctionnement de la structure publique», déplore un membre d’une ONG.
Quoi qu’il en soit, la dégradation de ce service public de la santé laisse voir un grand décalage entre le discours officiel et la réalité. «La situation de l’Hôpital Hassan II, où on ne peut, pour une opération, offrir ni le fil, ni l’aiguille ni même le gant, est en complète contradiction avec le développement auquel aspire la région», déplore un observateur. A cette situation les responsables de l’hôpital semblent réagir ces derniers jours. Ils ont mobilisé les troupes et un plan d’action d’urgence a été mis en œuvre. Hygiène, campagne de communication, anti-corruption, amélioration de l’accueil à travers le renforcement d’une cellule à l’entrée de l’établissement… plusieurs dispositions ont été mises en œuvre. Alors mesures ponctuelles ou changement réel des habitudes? On ne tardera pas à le savoir.
L'economiste
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