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Le Mystère de Gaulle. Son choix pour l'Algérie

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  • Le Mystère de Gaulle. Son choix pour l'Algérie

    Benjamin Stora: plus on s'éloigne dans le temps de la guerre d'Algérie, plus on s'en rapproche
    Par Emmanuel Hecht
    L'express
    21/09/2009

    Il y a cinquante ans, le discours de De Gaulle sur "l'autodétermination" marque un tournant décisif. Benjamin Stora décrypte cette date oubliée. Et il explique le poids de cette guerre dans la conscience française. Le dossier de L'Express en témoigne.

    La seule voie qui vaille est celle du libre choix que les Algériens voudront bien faire de leur avenir." Le 16 septembre 1959, à 20 heures, dans un discours radiotélévisé, le général de Gaulle lâche le mot "autodétermination". L'indépendance de l'Algérie n'est pas pour demain, mais, pour la première fois, elle est évoquée. C'est un "basculement décisif", une "date clef tombée depuis lors dans un trou mémoriel", affirme Benjamin Stora, l'un des meilleurs historiens de la période, dans Le Mystère de Gaulle. Son choix pour l'Algérie.

    Il y a tout juste cinquante ans, le 16 septembre 1959, de Gaulle ouvre la voie à l'indépendance. C'est la thèse de votre dernier livre. Pourquoi revenir sur cet épisode ?

    L'idée m'est venue lors d'une recension bibliographique sur l'Algérie. A l'exception des ouvrages favorables des compagnons de De Gaulle, la majorité des livres lui est hostile, à droite et à gauche. Pourquoi de Gaulle, figure emblématique de l'unité de la nation, ne réalise-t-il toujours pas le consensus sur la question de l'Algérie ? J'ai voulu comprendre ce paradoxe. Le Mystère de Gaulle répond à trois questions qui courent tout au long de ces livres. De Gaulle a-t-il fait preuve de "duplicité", comme l'en accusent ses adversaires de droite ? Est-il - thèse de gauche - un grand décolonisateur, soucieux de l'"homme du Sud", selon les belles paroles d'Albert Camus ? Mérite-t-il, enfin, sa réputation d'animal politique ? A l'issue de mon enquête, les réponses sont claires. Non, de Gaulle n'a pas mis en oeuvre de double jeu : dès le début, il a exprimé la nécessité de sortir du statu quo colonial, comme le montrent les nombreuses confidences faites à ses proches. Non, de Gaulle n'est pas un tiers-mondiste ; pétri de culture maurrassienne, il défend d'abord les intérêts de la France. Oui, de Gaulle est, derrière ses envolées lyriques à la Chateaubriand, un tacticien qui compte ses partisans et adversaires ; et il est un stratège au dessein clair : désengager la France du Sud, la repositionner en Europe, à l'écart de l'antagonisme des deux blocs.

    Pourquoi tout le monde est-il passé à côté de cette allocution ?

    D'abord, l'intervention - un homme seul détaillant pendant vingt-trois minutes les options de sa politique algérienne - n'a rien de spectaculaire. Les partis réagissent par réflexe. Le PCF y voit une manoeuvre de plus ; la SFIO n'existe plus assez pour avoir un avis ; l'UNR, le parti gaulliste, est divisée. Le MRP, chrétien-démocrate, est le seul qui adhère aux propos de De Gaulle, mais il n'y voit pas un tournant. Les ultras de l'Algérie française crient à la trahison, mais ils ne sont pas encore prêts à la rupture. L'armée, elle, est occupée par la guerre sur le terrain. Et les dirigeants algériens sont en conclave à Tunis depuis le 10 juillet, pour tenter de dépasser leurs profondes divisions. L'un des seuls à saisir l'importance du discours est l'un des leurs : Ferhat Abbas, alors président du gouvernement provisoire algérien. Mais il est isolé au sein d'une direction du FLN composée d'activistes rivalisant dans la surenchère révolutionnaire. Quant à l'opinion française, elle est lasse de la guerre en Algérie. La jeunesse, celle d'A bout de souffle, le premier long-métrage de Godard, qui sort sur les écrans, n'a qu'une obsession : échapper à la mobilisation et vivre.

    Algérie. Les années pieds-rouges, un livre de Catherine Simon, raconte l'aventure de ces Français - instituteurs, médecins, ingénieurs - qui ont traversé la Méditerranée pour bâtir la nouvelle Algérie indépendante. Pourquoi cet épisode est-il méconnu ?

    Le récit historique est possible lorsque les acteurs se décident enfin à parler. Or, les "pieds-rouges" n'ont pas parlé, parce que leur aventure fut un échec. Militants de gauche, d'extrême gauche, tiers-mondistes, ils sont arrivés pleins de bonne volonté et d'enthousiasme, mais leur expérience a été stoppée net, en 1965, par un coup d'Etat bonapartiste, celui du colonel Boumediene. Ils ont été arrêtés, parfois torturés, et renvoyés en France. Les "pieds-rouges" appartiennent au camp des vaincus, et ce sont les vainqueurs qui écrivent l'Histoire. Leur drame est de ne pas avoir compris la nature du nationalisme algérien. Ils en avaient une perception floue, marxisante, laïque. Ils ignoraient qu'un de ses piliers était l'islam, religion d'Etat dès 1963. Après Mai 68, on ne parle plus de l'Algérie. Le livre important de Catherine Simon lève le voile sur ce "chaînon manquant" des histoires algérienne et française.

    La rentrée littéraire est marquée par la publication de romans autour de l'Algérie (Mauvignier, Martinoir) . Comment expliquez-vous cette résurgence ?

    Plus on s'éloigne dans le temps de la guerre d'Algérie, plus on s'en rapproche... En clair : une période de latence est nécessaire avant de parler. Lorsque j'ai commencé ma thèse sur Messali Hadj [NDLR : leader du nationalisme algérien] vers 1975, pratiquement personne à l'université ne s'intéressait à l'Algérie. Aujourd'hui, qui conteste l'importance de l'histoire algérienne dans la conscience française ? Pourtant, des livres en langue française sur l'Algérie, il y en a toujours eu, mais on n'y prêtait pas attention. J'ai comptabilisé, pour la période 1960-2000, 179 ouvrages écrits par des femmes, dont 101 romans de pieds-noirs. De cette vaste production, un seul nom a été retenu, celui de Marie Cardinale. Les sursauts de mémoire revendicatifs, portés par le "mouvement beur" dans les années 1980, ont remis l'Algérie au goût du jour. Pieds-noirs et enfants de l'immigration se sont alors disputé l'héritage de la mémoire algérienne. Derrière la question coloniale ont émergé d'autres enjeux, au coeur de la société française : la place de la religion et des communautés dans la République, la laïcité, le statut de la femme, le dialogue interculturel, le rapport opprimé-oppresseur, celui de la fin et des moyens en politique - donc, la question du terrorisme... C'est cette convergence qui replace l'histoire algérienne dans l'actualité.

  • #2
    Ils ignoraient qu'un de ses piliers était l'islam, religion d'Etat dès 1963.
    Les pilliers des cadres de l'etat algerien au lendemain de l'indépendance était le socialisme et le marxisme et non l'islam. Quand au pieds rouges on ne voyaient en eux que des espions à la solde des USA. En 1963 l'URSS existait toujours et Nasser était encore vivant, dont les cadres de la revolution algerienne étaient tres proches. Il ne faut pas perdre de vue qu'entre Nasser et les freres musulmans la rupture était déjà consommé. La connotation religieuse que Stora veut donner à l'Algerie des années 60 ne tient pas debout.

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    • #3
      dès le début, il a exprimé la nécessité de sortir du statu quo colonial, comme le montrent les nombreuses confidences faites à ses proches.
      Plutôt un visionnaire ! sauver la France politiquement et économiquement ( effort de guerre ) , éviter une autre Dien Bien Phù ( une autre Hchouma )

      de Gaulle voulait entrer dans une nouvelle ère le néo –colonialisme ( post-indépendance ) plus bénéfique pour les intérêts français qu une colonisation effective et ruineuse en économie et en perte humaine .
      A qui sait comprendre , peu de mots suffisent

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      • #4
        Un sujet fort intéressant où pour la première fois, je ne suis pas d'accord avec le "constantinois" Benjamin Stora.

        Malheureusement, il est tard et je n'a pas la motivation d'attaquer une question si complexe.

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        • #5
          jovial

          le seul bouquin historique interressant de Benjamin Stora , c est " le FLN mirage et réalité " , il parle de Gaulle , du post-indépendance et des officiers issus de l armée française

          je te conseil de lire .
          A qui sait comprendre , peu de mots suffisent

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          • #6
            Houari16:

            Merci. Mais de plus en plus, je m'éloigne des écrivains français en relation avec l'Algérie.
            _______________________

            Pas plus hier qu’aujourd’hui. Est-il présomptueux de croire que l’on en fait partie ? Mais je n’étais d’accord ni avec Francis Jeanson, ni avec André Mandouze, ni surtout avec Sartre. Lorsqu’à la fin des fins, Sartre fut obligé de me concéder qu’on ne pouvait plus exclure que De Gaulle finisse par faire la paix en Algérie, l’auteur de «La Nausée», ajoutait : «Mais que serait votre indépendance réalisée par un de Gaulle ? Un simple abandon aux bourgeois d’Alger ? Il n’y aura de véritable indépendance que lorsque les révolutionnaires auront fondé en même temps un Etat révolutionnaire à Alger et à Paris».

            Sartre croyait à ce qu’il disait à ce moment-là, contre Gilles Martinet, directeur de « France-Observateur », et contre moi-même. De quel côté étions-nous en définitive lui et moi ? Eh bien, du côté de l’émancipation totale des Algériens mais hostiles à la confiscation par le seul FLN, par son parti unique et son armée, de la «République laïque et démocratique algérienne». J’ai ferraillé contre Jeanson et contre Mandouze, qui sont devenus depuis des amis. Mais c’est vrai que je ne me serais jamais résolu à porter les valises de résistants qui intégraient dans leurs méthodes les attentats contre des civils où je pouvais compter les miens. Même si les ultras et les officiers de renseignement de l’époque proclamaient sans broncher que des articles comme les miens pouvaient être aussi meurtriers que des bombes.

            La vérité dans sa complexité

            Pourquoi rappeler tout cela ? Pour restituer la vérité dans sa complexité. Pour montrer que l’on ne peut pas, en un jour, en finir avec une colonisation vieille de cent trente ans et qui a, au surplus, comme le dit l’arabisant pied-noir Jacques Berque, « plonger plus profondément dans le cœur des Algériens. » Pour relativiser les condamnations et les reconstructions du passé. Et pour enseigner aux générations à venir qu’à la fin des fins, ce n’est pas des convulsions de la guerre d’Algérie que la France doit avoir honte. Après tout qui sait ? - une négociation prématurée aurait pu compromettre ce qui avait été acquis en Tunisie et au Maroc en suscitant une insurrection de tous les Français du Maghreb, insurrection qui eût alors été appuyée par le Parlement qui avait renversé Mendès-France. De plus, les Algériens ont eu leur large part de responsabilité dans la durée de la guerre et dans sa cruauté. Ce dont nous devons avoir honte, c’est d’abord d’avoir commis, comme bien d’autres, mais nous l’avons fait, l’irrattrapable péché de la colonisation. C’est ensuite d’avoir permis, au moment où l’on était contraint de décoloniser, le comportement de tortionnaires, même lorsque, ce faisant, ils ont imité l’ennemi. J.D.

            Source:
            http://tempsreel.nouvelobs.com/actua...jeanson&xtcr=3

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            • #7
              Houari16:

              Merci. Mais de plus en plus, je m'éloigne des écrivains français en relation avec l'Algérie.
              Jovial
              Je suis tout à fait d accord

              Au sujet de « Benjamin Stora. » , ces dernières années , vu ces déclarations sur les TV lors des débats , j ai constaté qu il a viré dans le CAMP « oh pardon dans le C** » des esprits colonisés ...il joue à la réconciliation franco-algérienne …

              *de Gaulle : « Le désir du privilège et le gout de légalité , passions dominantes et contradictoires des français de toute époque . »

              ** réponse de Malraux : « Vous savez , les français ont toujours eu du mal à se débrouiller entre le désir des privilèges et leur goût de l égalité »

              -résume la doctrine de la politique extérieure coloniale française et celle bien sùr de Gaulle . .
              -lorsque l état français s implique dans l écriture de l histoire algérienne , n attendrons rien de bon , ni de meilleur , ni de positif .
              A qui sait comprendre , peu de mots suffisent

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