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Spéculations en Russie sur la rivalité Medvedev-Poutine

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  • Spéculations en Russie sur la rivalité Medvedev-Poutine

    Dix-huit mois après son accession au sommet de l'Etat russe, le président Dmitri Medvedev demeure une énigme. Le discours qu'il doit prononcer, mercredi 23 septembre aux Nations unies, sera un nouveau test de sa volonté de s'émanciper, dans les mots et les intentions, de son prédécesseur, Vladimir Poutine. Celui-ci, au rang de premier ministre, est considéré comme le chef réel de l'exécutif. Sur le plan international, les attentes sont grandes. La visite américaine de M. Medvedev s'inscrit dans un contexte de détente, après le renoncement américain au projet de bouclier antimissile en République tchèque et en Pologne.

    Les partenaires occidentaux de la Russie voudraient l'impliquer davantage sur les questions de sécurité. Ils ont relégué au second plan les sujets qui fâchent : l'adhésion de la Géorgie et de l'Ukraine à l'OTAN, le bouclier. Moscou va-t-il répondre à ces gestes ? Cette question est liée à une autre, de politique intérieure. D'alliés, Dmitri Medvedev et Vladimir Poutine peuvent-ils se transformer en concurrents ?

    A Moscou, des voix se sont élevées ces derniers temps pour réclamer l'avènement d'un "nouveau Gorbatchev". En raison des difficultés économiques et d'échéances internationales cruciales, le besoin d'une nouvelle donne se fait sentir. Une bonne partie de l'intelligentsia russe voudrait voir "un leader charismatique" à la tête du pays. "Vingt ans ont passé et la Russie se retrouve de nouveau à un tournant. (...) L'équation est simple : ou nous nous démarquons des grands pays développés pour aller vers la déchéance et la paupérisation, ou bien nous essayons de gagner le peloton de tête grâce à une nouvelle respiration", écrivait le sociologue Evgueni Gontmakher dans le quotidien des affaires Vedomosti du 18 septembre.

    Une voix critique, impitoyable, s'est élevée récemment. Selon elle, la Russie a échoué "ces vingt dernières années à se débarrasser de sa dépendance humiliante à l'égard des matières premières." Le "paternalisme" entraîne un "manque d'initiative ". Face au "déficit de nouvelles idées", de mauvaises habitudes se sont enkystées : "Les pots-de-vin, le vol, la paresse mentale et spirituelle, l'alcoolisme." Ce constat sans fard est tiré d'une tribune publiée par Dmitri Medvedev sur le site du quotidien en ligne Gazeta.ru.

    "Cela prouve que nous n'avons pas fait tout le nécessaire dans les années précédentes", conclut le président russe. Il n'en fallait pas plus pour que son propos soit interprété comme une attaque contre Vladimir Poutine. Y aurait-il des failles dans le tandem au pouvoir ? Cette interprétation a été renforcée par les critiques incessantes du président russe envers les Corporations d'Etat, créés par son mentor.

    Dirigés par des proches de M. Poutine, ces conglomérats gigantesques ont droit à une aide financière illimitée de l'Etat. Leur efficacité est de plus en plus contestée par les libéraux. Certains économistes, proches du président, prônent leur disparition. Début août, le Kremlin a ordonné une enquête sur les aides attribuées par l'Etat. Les analystes financiers y voient la volonté de récupérer des fonds publics pour faire face au déficit budgétaire - le premier depuis dix ans - et non une remise en question de la gestion de M. Poutine.

    Des ailes semblent avoir poussé au président russe. Il y a quelques jours, il n'a pas exclu de se présenter à l'élection présidentielle de 2012. "Auparavant, je n'avais pas l'intention de me présenter mais le sort en a décidé autrement. Il est trop tôt pour le dire mais je n'exclus rien", a-t-il dit aux experts étrangers du groupe de Valdaï.

    Un peu plus tôt, Vladimir Poutine avait confié une autre vision des choses à ces mêmes experts : "En 2012, nous réfléchirons ensemble et nous déciderons en fonction des réalités du moment, et nos projets personnels." Le premier ministre a garanti que le processus, où les électeurs ne semblent guère avoir leur place, se fera en douceur parce que "nous sommes du même sang et sur la même longueur d'onde".

    La campagne électorale pour 2012 semble déjà se limiter à deux participants. Le tandem a de beaux jours devant lui. "Pour des raisons historiques, la démocratie a plus de chance de s'imposer par le haut que par le bas. La population est passive ; elle ne veut pas s'occuper de politique et pourtant il le faudra bien", confiait récemment à Radio Svoboda, Igor Iourguens, le directeur de l'institut du développement contemporain.

    source : Le Monde
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