L’ultimatum à l’Iran
Hier au sommet de Pittsburgh, les Occidentaux ont mis en garde l’Iran, après avoir découvert l’existence d’un nouveau site nucléaire secret dans le pays d’Ahmadinejad .
Frédéric Gerschel | 26.09.2009, 07h00
Ils devaient parler des bonus des traders, des normes comptables, des agences de notations et des fonds propres des banques. Bref, de régulation financière et de la crise économique mondiale. Ils en ont parlé, bien sûr, et sont arrivés à un accord plus ambitieux que prévu. Mais le dossier iranien s’est spectaculairement invité, hier matin, dès l’ouverture du G 20, occultant un peu le reste.
Costume sombre, cravate rouge, Barack Obama a déboulé dans la salle de presse, à Pittsburgh, flanqué de Nicolas Sarkozy à sa droite et de Gordon Brown à sa gauche pour sermonner Mahmoud Ahmadinejad et son régime après la découverte d’un second site d’enrichissement d’uranium, près de la ville sainte de Qom. « Un défi direct à la communauté internationale », a lancé le président américain d’une voix grave : « L’Iran viole les règles que toutes les nations doivent suivre et menace la sécurité du monde. Il est temps qu’elle agisse immédiatement et respecte ses obligations internationales, a prévenu Barack Obama, qui a refusé cette nuit d’écarter l’option militaire face à l’Iran, tout en assurant privilégier la diplomatie. » Une mise en garde relayée par Nicolas Sarkozy : « Ne laissons pas les dirigeants iraniens gagner du temps pendant que les centrifugeuses tournent. Si d’ici au mois de décembre, il n’y a pas un changement profond de politique, des sanctions devront être prises. Il en va de la paix et de la stabilité. »
Si cela continue, on va tout droit à la confrontation. »
En coulisse, les diplomates européens ne se font guère d’illusions et jugent que l’Iran cherchera « comme d’habitude » à gagner du temps. « Ahmadinejad jure qu’il est de bonne foi mais, en réalité, il veut sa bombe, glisse un expert du dossier. Durcir notre position ne changera pas grand-chose. Dans un premier temps, la communauté internationale pourrait décréter un blocus sur les exportations d’essence à destination de l’Iran, décision qui freinerait considérablement l’économie d’un pays qui possède certes des réserves de pétrole, mais n’a qu’une capacité de raffinage limitée.
Curieusement, c’est Téhéran qui a dévoilé l’existence de ce second site, dont il n’avait jamais été question jusqu’à présent, dans une lettre adressée au directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Mohamed Elbaradeï. On estimait jusqu’alors que la République islamique ne possédait qu’un seul site d’enrichissement d’uranium, à Natanz, dans le centre du pays, celui-ci étant ouvert à la surveillance quotidienne des inspecteurs de l’AIEA.
Mais un responsable iranien aux Nations unies a démenti le caractère secret de cette usine. « Si c’était le cas, nous n’aurions pas informé l’AIEA », a-t-il expliqué hier, en précisant que cette unité était simplement destinée à produire de l’électricité. Le président Ahmadinejad lui-même a réitéré ce démenti. Pourtant, selon des experts américains, le nouveau site, qui serait opérationnel dans quelques mois, pourrait au contraire regrouper jusqu’à 3 000 centrifugeuses, permettant l’enrichissement de l’uranium à des fins civiles ou militaires.
A la mi-journée, l’Iran, également réprimandé par la Russie et la Chine, deux pays qui lui sont traditionnellement favorables, semblait lâcher un peu de lest en promettant que l’usine de Qom serait ouverte aux inspecteurs internationaux. Pour la première fois depuis un an, Téhéran et le groupe des Six (Etats-Unis, France, Russie, Grande-Bretagne, Chine et Allemagne) doivent se retrouver le 1er octobre à Bruxelles pour un round de discussion sur le programme nucléaire iranien. L’ambiance s’annonce tendue.
Le Parisien
Hier au sommet de Pittsburgh, les Occidentaux ont mis en garde l’Iran, après avoir découvert l’existence d’un nouveau site nucléaire secret dans le pays d’Ahmadinejad .
Frédéric Gerschel | 26.09.2009, 07h00
Ils devaient parler des bonus des traders, des normes comptables, des agences de notations et des fonds propres des banques. Bref, de régulation financière et de la crise économique mondiale. Ils en ont parlé, bien sûr, et sont arrivés à un accord plus ambitieux que prévu. Mais le dossier iranien s’est spectaculairement invité, hier matin, dès l’ouverture du G 20, occultant un peu le reste.
Costume sombre, cravate rouge, Barack Obama a déboulé dans la salle de presse, à Pittsburgh, flanqué de Nicolas Sarkozy à sa droite et de Gordon Brown à sa gauche pour sermonner Mahmoud Ahmadinejad et son régime après la découverte d’un second site d’enrichissement d’uranium, près de la ville sainte de Qom. « Un défi direct à la communauté internationale », a lancé le président américain d’une voix grave : « L’Iran viole les règles que toutes les nations doivent suivre et menace la sécurité du monde. Il est temps qu’elle agisse immédiatement et respecte ses obligations internationales, a prévenu Barack Obama, qui a refusé cette nuit d’écarter l’option militaire face à l’Iran, tout en assurant privilégier la diplomatie. » Une mise en garde relayée par Nicolas Sarkozy : « Ne laissons pas les dirigeants iraniens gagner du temps pendant que les centrifugeuses tournent. Si d’ici au mois de décembre, il n’y a pas un changement profond de politique, des sanctions devront être prises. Il en va de la paix et de la stabilité. »
Si cela continue, on va tout droit à la confrontation. »
En coulisse, les diplomates européens ne se font guère d’illusions et jugent que l’Iran cherchera « comme d’habitude » à gagner du temps. « Ahmadinejad jure qu’il est de bonne foi mais, en réalité, il veut sa bombe, glisse un expert du dossier. Durcir notre position ne changera pas grand-chose. Dans un premier temps, la communauté internationale pourrait décréter un blocus sur les exportations d’essence à destination de l’Iran, décision qui freinerait considérablement l’économie d’un pays qui possède certes des réserves de pétrole, mais n’a qu’une capacité de raffinage limitée.
Curieusement, c’est Téhéran qui a dévoilé l’existence de ce second site, dont il n’avait jamais été question jusqu’à présent, dans une lettre adressée au directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Mohamed Elbaradeï. On estimait jusqu’alors que la République islamique ne possédait qu’un seul site d’enrichissement d’uranium, à Natanz, dans le centre du pays, celui-ci étant ouvert à la surveillance quotidienne des inspecteurs de l’AIEA.
Mais un responsable iranien aux Nations unies a démenti le caractère secret de cette usine. « Si c’était le cas, nous n’aurions pas informé l’AIEA », a-t-il expliqué hier, en précisant que cette unité était simplement destinée à produire de l’électricité. Le président Ahmadinejad lui-même a réitéré ce démenti. Pourtant, selon des experts américains, le nouveau site, qui serait opérationnel dans quelques mois, pourrait au contraire regrouper jusqu’à 3 000 centrifugeuses, permettant l’enrichissement de l’uranium à des fins civiles ou militaires.
A la mi-journée, l’Iran, également réprimandé par la Russie et la Chine, deux pays qui lui sont traditionnellement favorables, semblait lâcher un peu de lest en promettant que l’usine de Qom serait ouverte aux inspecteurs internationaux. Pour la première fois depuis un an, Téhéran et le groupe des Six (Etats-Unis, France, Russie, Grande-Bretagne, Chine et Allemagne) doivent se retrouver le 1er octobre à Bruxelles pour un round de discussion sur le programme nucléaire iranien. L’ambiance s’annonce tendue.
Le Parisien
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