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Une histoire de Pouvoir .

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    Une histoire de Pouvoir : la Pression ou le Pressing ?
    par Kamel Daoud
    Un wali se lève le matin et décide : le pressing d'un Algérien sera fermé parce qu'il se trouve au rez-de-chaussée d'un immeuble où habite l'oncle d'un ministre trop proche de Bouteflika et de sa région, sa politique, sa confiance et de sa philosophie de reconquête des Pouvoirs. Cela se passe dans une wilaya de l'ouest du pays, en Oranie, mais, en même temps, un peu partout en Algérie. Pourquoi ? Parce que c'est la vie du Pouvoir : il doit s'exercer, tout le temps comme un Bodybuilder. Faut-il encore en parler de cet exercice national qui réduit tout, de la sexualité à la monnaie, à une histoire de chaises et de domination ? Au risque de se répéter comme les décors des cafés dans les villes et villages ? Oui. Parce que la plus grande aventure algérienne, c'est la conquête du Pouvoir. L'Algérie est une terre de conquête, curieusement, pour les conquérants mais aussi pour les siens. Plus proches de nous, vous l'avez tous remarqué depuis des années : tous les Algériens rêvent de devenir agent de sécurité, policier, gendarme, ou chauffeur. La raison ? Il s'agit de métier de « Pouvoir » où c'est à l'autre de s'écraser : le piéton, le citoyen, le « cha'âbi », le civil. Pour ces quatre cas, il s'agit de fonction productive d'autorité et pas de plus-value ni de richesse à partager. Pour ces quatre emplois, il ne s'agit pas d'emploi, mais de prédominance, préséance et illustration de valeur par la force. Le Peuple étant toujours à l'image de son Pouvoir, les jeunes Algériens rêvent de pouvoir et de devoir. Un ancien colon l'a dit au père du chroniqueur : « dans ce pays, il faut soit porter la casquette, soit prendre la mer ». Sans cela, le pain est dur, la vie sourde, le toit impossible et l'écrasement perpétuel et permanent. Pourquoi fermer un Pressing qui fonctionne depuis des décennies ? C'est parce que le pressing fait peut-être du bruit et cela dérange l'oncle du ministre ce qui dérange le ministre lui-même et donc le wali, dont l'emploi ne dépend pas du peuple. Au-delà de l'anecdote, il y a là l'évidence : le Pouvoir a la mentalité d'un Libérateur de propriété et pas du défenseur d'une nation. Après l'Indépendance, le Pouvoir (et ses employés) se comportera comme un seigneur foncier, avec droit de cuissage sur la liberté, le droit de chasser qui il veut de ses terres et de choisir les races à élever et celles à enterrer. Fondamentalement, le peuple, quels que soient les discours, est dans la catégorie moyenâgeuse du serf et du métayer, explique-t-on. Ce n'est pas une image mais une évidence anthropologique en Algérie. Nous avons encore ce rapport féodal à la nation avec ce rapport de sujétion alimentaire pour les employés des « Libérateurs ».

    D'où le fantasme de tout Algérien : on ne peut être libre que si on est dominant. Voici un autre résumé raconté : un homme, dans une wilaya des Haut Plateaux, a réellement demandé un jour à ce qu'on le nomme colonel, sans salaire, ni avantage, ni résidence, ni quoi que ce soit. Juste « pour le plaisir d'être salué au garde-à-vous par tous les Algériens qui me croisent du matin au soir », répondra-t-il. C'est dire que l'histoire de Pressing remonte à loin.

    Le Quotidien d'Oran .
    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "

  • #2
    la plus grande aventure algérienne, c'est la conquête du Pouvoir.
    L'Algérie est une terre de conquête, curieusement, pour les conquérants mais aussi pour les siens.
    (...)Il s'agit de métier de « Pouvoir » où c'est à l'autre de s'écraser : le piéton, le citoyen, le « cha'âbi »

    Le Peuple étant toujours à l'image de son Pouvoir,
    les jeunes Algériens rêvent de pouvoir et de devoir. Un ancien colon l'a dit au père du chroniqueur :
    « dans ce pays, il faut soit porter la casquette, soit prendre la mer ».
    Sans cela, le pain est dur, la vie sourde, le toit impossible et l'écrasement perpétuel et permanent.

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    "On est les seuls à croire au père Noël jusqu'à 30 ans"
    Manifeste/Shurik'n

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