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La vente de MiG à l’Algérie tourne au vinaigre
Guerre économique ou simple défaillance, la vente de MiG à l’Algérie tourne au vinaigre.
Aviation militaire Nous vous en parlions précédemment : l’Algérie, dans son désir de devenir la puissance dominante dans sa région, s’est portée acquéreuse de MiG-29 en janvier 2006 et de pièces détachées auprès de la corporation MiG pour un montant de 7 milliards de dollars.
Cette commande montre une fois de plus le désir de la Russie de regagner son influence d’autrefois. Entre le Moyen-Orient et le Maghreb, Moscou donne de plus en plus de fil à retordre aux Européens comme aux Américains.
Cependant, l’affaire a prit une tournure assez inhabituelle pour les Russes puisqu’Alger vient de renvoyer quinze chasseurs MiG-29SMT et MiG-29UBT déjà livrés. En cause : la société russe ATK AviaRemSnab, qui aurait livré des pièces détachées anciennes, mais présentées comme neuves, en allant piocher dans de vieux stocks fabriqués entre 1982 et 1990 mais en les dotant de certificats falsifiés.
Si déjà les rumeurs d’il y a quelques mois présentaient ces chasseurs destinés à l’Algérie comme vétustes avaient étaient réfutées à la fois par Moscou et Alger, aujourd’hui c’est un coup dur qui est porté à la coopération militaire et technique russo-algérienne, et plus largement aux exportations d’armes russes dans le monde.
L’affaire instruite au parquet de Moscou pour escroquerie est traitée différemment selon les sources mais le désaccord reste le même. Si l’affaire avait tout d’abord était présentée comme politique par les journalistes russes, cette thèse vole maintenant en éclat de par cette instruction judiciaire.
Pour eux, la qualité des avions n’était pas en cause du renvoi des MiG, qui était motivé politiquement. Or, il semblerait bien que l’affaire cache une recherche de profit facile dans laquelle le sous-traitant aurait voulu retirer plus que les 14,315 millions de dollars prévus. Il faut dire que le complexe militaro-industriel souffre particulièrement de la baisse des commandes envers les industriels locaux (même le légendaire Kalachnikov pourrait déposer les armes).
Le patron d’AviaRemSnab, Musail Ismailov, et son adjoint Aleksandr Koutoumov, sont déjà en prison pour usage de faux certificats pour des pièces détachées obsolètes et vendues comme étant des neuves à l’entreprise MiG. Les deux compères avaient déjà été condamnés en mai dernier pour des faits similaires. Il s’agissait là de la livraison de MiG pour une société privée polonaise, Polit-Elektronik. Musail Ismailov et son adjoint ont alors écopé de cinq ans de prison.
Les dernières déclarations tentent en tout cas de modérer cette affaire qui tourne au scandale politique entre les deux pays sur fond de manipulations extérieures. Selon Kommersant, la fraude a été découverte avant que les composants eurent été installés sur les avions. Une tentative qui paraît assez simpliste pour faire croire que les MiG renvoyés par l’Algérie ne comportaient pas de pièces détachées en mauvais état.
Reste que cette affaire éminemment stratégique pour la Russie comporte certaines zones d’ombre, relayées notamment par l’agence RIA Novosti (dont la dépêche comporte toutefois cet avertissement : cet article est tiré de la presse et n'a rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti). En effet, si le renvoi de ces MiG s’est fait la veille de la visite du président algérien Abdelaziz Bouteflika à Moscou, la thèse du geste politique algérien semble assez plausible. Alger a pour le moment choisi de s’allier avec la Russie suite à un accord assez avantageux.
L'Algérie et la Russie avaient ainsi conclu un accord portant effacement de la dette algérienne contre l'acquisition de biens et services russes, d'une valeur équivalente, dont des équipements militaires. Moscou s'était engagée alors à effacer la dette de l'Algérie envers l’ex-URSS, estimée à 4,7 milliards de dollars. Le fait qu’avant leur envoi sur la côte Sud de la Méditerranée, les avions aient été réceptionnés par des spécialistes algériens, qui les avaient eux-mêmes vérifiés à leur arrivée dans le pays, et qui avaient même commencé à les exploiter paraît douteuse. Comment ces derniers spécialistes n’auraient-ils pas vu des aberrations telles que des pièces portant des traces de rouille ?
La situation est cependant tendue côté algérien. Certaines sources ont déjà fait état de pressions françaises et américaines pour ces contrats sur lesquels Paris et Washington avaient elles-mêmes des vues. Selon un responsable du Service fédéral de coopération militaire et technique, « Alger a besoin de montrer à la France et aux Etats-Unis qu'elle n'est pas attaché à sa coopération avec la Russie dans tous les domaines: pétrole, gaz, secteur militaire ». Pour lui, « le contrat MiG est simplement tombé au mauvais moment: il a été choisi comme instrument de démonstration politique parce qu'il était le premier contrat dans le cadre duquel la Russie effectuait une importante livraison. »
Les Russes jouent finalement gros avec cette affaire sur un marché où on paye au prix fort ses erreurs. Si le contrat n’a pas été rompu (même si l’Algérie a suspendu le paiement pour les contrats en cours avec les Russes), Moscou aurait d’ores et déjà proposé des chasseurs plus modernes, des MiG-29M2 ou MiG-35. De manière à préserver le prestige de l’industrie de l’armement russe, les chasseurs MiG-29SMT renvoyés par Alger seront peut-être intégrés aux forces armées russes.
Moscou va devoir assumer ses propos visant les Occidentaux quant à sa capacités à remplacer des clients étrangers par des besoins nationaux. Ce contrat aurait aussi subit des pressions extérieures, et principalement françaises selon la presse russe. On sait que Paris prétendait également à un contrat pour la vente de Rafale à l’Algérie. Outre le prix de l’appareil, le remboursement de la dette de l’ex-URSS, la Russie avait de bons arguments. Qui plus est, la Russie a proposé de reprendre, en tant que paiement pour les chasseurs, les vieux MiG-29 (36 appareils) achetés jadis par l’Algérie à l’Ukraine et à la Biélorussie et déjà été exploités par les forces aériennes algériennes. Une affaire en or pour un pays en développement.
En dehors de Paris, Washington fait également pression pour garder le controle sur la zone. On se rappelle alors l’affaire de la vente de F-16 au Maroc voisin. L’apaisement des relations entre les Etats-Unis et la Russie ont beau être un axe majeur de la nouvelle politique étrangère américaine, les zones de conflit demeurent et la guerre économique fait rage. Cette déroute algérienne impliquant la crédibilité et le savoir-faire de la Russie n’augure en tout cas rien de bon pour le futur des ventes d’appareils russes dans le monde.
© Copyright La Libre
Aviation militaire Nous vous en parlions précédemment : l’Algérie, dans son désir de devenir la puissance dominante dans sa région, s’est portée acquéreuse de MiG-29 en janvier 2006 et de pièces détachées auprès de la corporation MiG pour un montant de 7 milliards de dollars.
Cette commande montre une fois de plus le désir de la Russie de regagner son influence d’autrefois. Entre le Moyen-Orient et le Maghreb, Moscou donne de plus en plus de fil à retordre aux Européens comme aux Américains.
Cependant, l’affaire a prit une tournure assez inhabituelle pour les Russes puisqu’Alger vient de renvoyer quinze chasseurs MiG-29SMT et MiG-29UBT déjà livrés. En cause : la société russe ATK AviaRemSnab, qui aurait livré des pièces détachées anciennes, mais présentées comme neuves, en allant piocher dans de vieux stocks fabriqués entre 1982 et 1990 mais en les dotant de certificats falsifiés.
Si déjà les rumeurs d’il y a quelques mois présentaient ces chasseurs destinés à l’Algérie comme vétustes avaient étaient réfutées à la fois par Moscou et Alger, aujourd’hui c’est un coup dur qui est porté à la coopération militaire et technique russo-algérienne, et plus largement aux exportations d’armes russes dans le monde.
L’affaire instruite au parquet de Moscou pour escroquerie est traitée différemment selon les sources mais le désaccord reste le même. Si l’affaire avait tout d’abord était présentée comme politique par les journalistes russes, cette thèse vole maintenant en éclat de par cette instruction judiciaire.
Pour eux, la qualité des avions n’était pas en cause du renvoi des MiG, qui était motivé politiquement. Or, il semblerait bien que l’affaire cache une recherche de profit facile dans laquelle le sous-traitant aurait voulu retirer plus que les 14,315 millions de dollars prévus. Il faut dire que le complexe militaro-industriel souffre particulièrement de la baisse des commandes envers les industriels locaux (même le légendaire Kalachnikov pourrait déposer les armes).
Le patron d’AviaRemSnab, Musail Ismailov, et son adjoint Aleksandr Koutoumov, sont déjà en prison pour usage de faux certificats pour des pièces détachées obsolètes et vendues comme étant des neuves à l’entreprise MiG. Les deux compères avaient déjà été condamnés en mai dernier pour des faits similaires. Il s’agissait là de la livraison de MiG pour une société privée polonaise, Polit-Elektronik. Musail Ismailov et son adjoint ont alors écopé de cinq ans de prison.
Les dernières déclarations tentent en tout cas de modérer cette affaire qui tourne au scandale politique entre les deux pays sur fond de manipulations extérieures. Selon Kommersant, la fraude a été découverte avant que les composants eurent été installés sur les avions. Une tentative qui paraît assez simpliste pour faire croire que les MiG renvoyés par l’Algérie ne comportaient pas de pièces détachées en mauvais état.
Reste que cette affaire éminemment stratégique pour la Russie comporte certaines zones d’ombre, relayées notamment par l’agence RIA Novosti (dont la dépêche comporte toutefois cet avertissement : cet article est tiré de la presse et n'a rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti). En effet, si le renvoi de ces MiG s’est fait la veille de la visite du président algérien Abdelaziz Bouteflika à Moscou, la thèse du geste politique algérien semble assez plausible. Alger a pour le moment choisi de s’allier avec la Russie suite à un accord assez avantageux.
L'Algérie et la Russie avaient ainsi conclu un accord portant effacement de la dette algérienne contre l'acquisition de biens et services russes, d'une valeur équivalente, dont des équipements militaires. Moscou s'était engagée alors à effacer la dette de l'Algérie envers l’ex-URSS, estimée à 4,7 milliards de dollars. Le fait qu’avant leur envoi sur la côte Sud de la Méditerranée, les avions aient été réceptionnés par des spécialistes algériens, qui les avaient eux-mêmes vérifiés à leur arrivée dans le pays, et qui avaient même commencé à les exploiter paraît douteuse. Comment ces derniers spécialistes n’auraient-ils pas vu des aberrations telles que des pièces portant des traces de rouille ?
La situation est cependant tendue côté algérien. Certaines sources ont déjà fait état de pressions françaises et américaines pour ces contrats sur lesquels Paris et Washington avaient elles-mêmes des vues. Selon un responsable du Service fédéral de coopération militaire et technique, « Alger a besoin de montrer à la France et aux Etats-Unis qu'elle n'est pas attaché à sa coopération avec la Russie dans tous les domaines: pétrole, gaz, secteur militaire ». Pour lui, « le contrat MiG est simplement tombé au mauvais moment: il a été choisi comme instrument de démonstration politique parce qu'il était le premier contrat dans le cadre duquel la Russie effectuait une importante livraison. »
Les Russes jouent finalement gros avec cette affaire sur un marché où on paye au prix fort ses erreurs. Si le contrat n’a pas été rompu (même si l’Algérie a suspendu le paiement pour les contrats en cours avec les Russes), Moscou aurait d’ores et déjà proposé des chasseurs plus modernes, des MiG-29M2 ou MiG-35. De manière à préserver le prestige de l’industrie de l’armement russe, les chasseurs MiG-29SMT renvoyés par Alger seront peut-être intégrés aux forces armées russes.
Moscou va devoir assumer ses propos visant les Occidentaux quant à sa capacités à remplacer des clients étrangers par des besoins nationaux. Ce contrat aurait aussi subit des pressions extérieures, et principalement françaises selon la presse russe. On sait que Paris prétendait également à un contrat pour la vente de Rafale à l’Algérie. Outre le prix de l’appareil, le remboursement de la dette de l’ex-URSS, la Russie avait de bons arguments. Qui plus est, la Russie a proposé de reprendre, en tant que paiement pour les chasseurs, les vieux MiG-29 (36 appareils) achetés jadis par l’Algérie à l’Ukraine et à la Biélorussie et déjà été exploités par les forces aériennes algériennes. Une affaire en or pour un pays en développement.
En dehors de Paris, Washington fait également pression pour garder le controle sur la zone. On se rappelle alors l’affaire de la vente de F-16 au Maroc voisin. L’apaisement des relations entre les Etats-Unis et la Russie ont beau être un axe majeur de la nouvelle politique étrangère américaine, les zones de conflit demeurent et la guerre économique fait rage. Cette déroute algérienne impliquant la crédibilité et le savoir-faire de la Russie n’augure en tout cas rien de bon pour le futur des ventes d’appareils russes dans le monde.
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