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    L’Etat d’Israël dans l’Union européenne ?
    Ou quand Israël n’envisage... pas son adhésion à l’UE…

    par Ronan Blaise

    L’Etat d’Israël fête ses soixante ans. Et récemment - en tout cas au cours des euphoriques années du processus de paix d’Oslo, entre 1993 et 2000 - l’idée d’une possible future intégration d’Israël au sein de l’UE fut brandie à de nombreuses reprises [1]. Ne serait-ce que pour encourager, alors, les protagonistes du conflit israélo-palestinien dans leurs efforts de dialogue dans la perspective d’un futur traité de paix en bonne et due forme. Mais qu’en pensent - aujourd’hui - les principaux intéressés ?


    Car, après tout, pourquoi pas. Après tout l’Etat d’Israël (Etat disposant d’un statut de « membre observateur » au Conseil de l’Europe…) participe régulièrement à diverses manifestations européennes : du concours de l’Eurovision à certaines compétitions sportives (de football, basket, athlétisme, etc). Sans même parler du fait qu’une importante partie de sa population est effectivement issue d’une immigration récente provenant d’Europe…


    Mais, si on examine objectivement la situation, on peut constater qu’il s’agit là - aujourd’hui, dans la sphère publique et médiatique israélienne - d’un débat de très faible intensité : très peu d’articles dans la presse, peu de débats audiovisuels, une quasi-absence de publications et aucune référence appuyée lors des récentes campagnes électorales…

    Et cela est d’autant plus facile à évaluer que l’Etat d’Israël est un Etat pleinement démocratique et pluraliste disposant d’une vaste gamme de médias indépendants (ou diversement orientés…) permettant à sa population de librement s’exprimer sur tous ces sujets.
    Or, alors que la société israélienne est régulièrement traversée par de véritables grands débats de fond quant à son identité nationale (ex : sur l’équilibre entre laïcs et religieux) ou quant à la sécurité du pays (ex : à propos des frontières, des colonies, de la menace terroriste, de l’avancée dans le processus de paix, etc), on constatera que le débat sur une éventuelle perspective d’adhésion de l’Etat d’Israël à l’UE est aujourd’hui quasi inexistant.

    Europe / Israël : « Je t’aime / Moi non plus »


    De même, on notera que deux considérations récurrentes reflètent aujourd’hui un véritable rejet de l’opinion publique israélienne à l’encontre d’une éventuelle intégration de l’Etat d’Israël à l’UE : la nécessité de préserver l’indépendance stratégique de l’Etat d’Israël (donc le recours privilégié à l’alliance militaire et diplomatique avec les Etats-Unis) et la crainte d’une sympathie naturelle de l’Europe pour la seule cause palestinienne.

    Pire, dans le « désenchantement » qui suivi le déclenchement de la seconde intifada(en septembre 2000), il semble que l’Europe ait été de plus en plus perçue par l’opinion publique israélienne comme résolument « antisioniste » et de plus en plus « arabophile ».

    Ainsi, une majorité d’Israéliens perçoit aujourd’hui l’UE soit - au mieux - comme un agrégat d’Etats superficiellement amis (mais sans moyen véritable ni volonté politique claire…), soit - au pire - comme l’expression politique « pas toujours très neutre » d’un continent autrefois « massacreur de juifs » et qui - facteur agravant - serait aujourd’hui « vendu aux seuls intérêts arabes ».
    Autant donc dire alors que la perspective d’une éventuelle future « Europe puissance » - susceptible de véritablement peser dans le monde (et sur le règlement du conflit israélo-palestinien, notamment…) mais qui serait a priori hostile à l’égard de l’Etat d’Israël - inquiète sans doute l’opinion publique de l’Etat d’Israël beaucoup plus qu’elle ne le rassure…

    C’est pourquoi, nul dépôt de candidature de l’Etat d’Israël pour adhésion à l’UE ne semble de toute façon sur le point d’être officiellement déposée. Et toute relation de l’Etat d’Israël avec l’UE ne semble décidément pas pouvoir s’incarner dans autre chose que dans - au mieux - la négociation d’un partenariat privilégié avec l’UE.

    Quid du rêve « abrahamique » proche-oriental ?

    Il n’en reste pas moins que l’Etat d’Israël est aujourd’hui l’un des principaux partenaires économiques et politiques de l’UE dans l’espace méditerranéen : membre du processus de Barcelone, candidat à une participation à l’Union méditerranéenne, Etat également intimement lié à l’UE par des Traités de libre-échange commercial et de politique industrielle (et - bientôt - par un accord de coopération spatiale). Mais rien de plus. Et certainement pas une perspective d’adhésion…

    Cela dit, on admettra bien volontiers que les négociateurs du processus de paix israélo-palestinien dit « processus d’Oslo » n’avaient jamais sérieusement envisagé l’intégration de l’Etat d’Israël à l’UE. Et ce, même s’ils prenaient effectivement la réconciliation franco-allemande comme modèle (et la création d’un futur « Marché commun proche-oriental » - à l’exemple de l’ancienne CEE - comme objectif : pour la paix…).

    De ce « rêve européen » visiblement aujourd’hui si peu partagé dans l’opinion publique israélienne, il ne reste donc plus guère que sa transposition dans l’espace proche-oriental : le rêve d’un grand « Marché commun proche-oriental » - voire d’une Communauté politique « abrahamique » [1] - réunissant Juifs et Arabes.
    Un projet de paix « abrahamique » qui ne fait, actuellement, pourtant plus guère recette dans un Etat d’Israël aujourd’hui inquiet à l’idée d’une éventuelle intégration régionale (dans un environnement arabo-musulman présumé foncièrement hostile…) et plus que jamais tendu vers l’allié américain.
    Bref, dans un tel contexte international, il semble que l’ouverture d’un débat sur une éventuelle candidature pour adhésion de l’Etat d’Israël à l’UE semble - aujourd’hui - pour le moins prématurée.
    Même si l’accession récente à la présidence de l’Etat d’Israël (en juin-juillet 2007) d’un européen convaincu - et notoirement connu pour cela - comme le travailliste Shimon Peres pourrait sans nul doute faire évoluer bien des choses…
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