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RFA: Défaite historique pour le SPD

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  • RFA: Défaite historique pour le SPD

    La grande défaite subie par le parti social-démocrate allemand aux législatives de ce dimanche ne peut pas être considérée comme un accident de parcours, une bataille perdue dont on ne pourrait exclure qu’elle soit suivie par des victoires futures. Tout porte à penser qu’elle est au contraire historique, qu’elle constitue un tournant et que le SPD ne s’en remettra probablement jamais.

    Le SPD n’est pas un parti social-démocrate comme un autre en Europe et dans le reste du monde, c’est la formation la plus prestigieuse, la plus influente, celle qui a servi de modèle à toutes celles de son espèce, tant d’ailleurs par son programme que par son mode d’organisation. Son rayonnement a été tel qu’un parti de gauche ne pouvait être qualifié de social-démocrate que s’il présentait les mêmes traits que lui sous les deux angles. Le Parti socialiste français, par exemple, lui ressemble sans doute beaucoup quant au projet politique, néanmoins, il s’en démarque si nettement par d’autres aspects qu’il n’a pu être classé une bonne fois pour toutes comme un parti social-démocrate. Pour l’être sans conteste possible, il faut en particulier avoir le même rapport aux syndicats que le SPD.

    La défaite en question est particulièrement grave moins par son score que par les conditions dans lesquelles elle est intervenue. La vie politique ménage en effet des déconfitures comme des triomphes pour n’importe quelle pièce maîtresse de n’importe quelle démocratie. Et ce n’est d’ailleurs pas la première fois que le SPD se voit infliger une défaite cuisante. Il lui est même arrivé d’enregistrer un score aussi faible que celui de ce dimanche.

    Il n’est guère possible non plus de voir dans cette défaite la conséquence de quatre années d’un gouvernement partagé avec les chrétiens-démocrates. Ce qu’on appelle la Grande Coalition a déjà exercé le pouvoir sans que le SPD en sorte aussi laminé que cette fois-ci. Mais ce qui en revanche arrive pour la première fois, c’est le fait que le libéralisme soit si manifestement responsable de la plus grande crise économique depuis celle de 1929 sans que ses représentants politiques en Allemagne en aient eu à payer la note au plan électoral. Bien au contraire, ils ont remporté les premières législatives à être organisées, qui plus est dans un contexte encore dominé par la crise. Car la victoire des chrétiens-démocrates s’est accompagnée du retour des libéraux du FDP, ce qui constitue en soi une réfutation de l’idée que la victoire de la droite, c’est en réalité et avant tout celle du centre, représenté par l’union conservatrice CDU/CSU. Si, en effet, les électeurs allemands voulaient renouveler leur confiance au centre, dans l’idée qu’il est le meilleur garant de la stabilité par ces temps troublés, alors c’est la Grande Coalition qu’ils auraient voulue reconduire. Car le SPD est bien plus représentatif de ce centre que le FDP, dont les idées sont celles-là mêmes qui ont conduit à la crise actuelle.

    La défaite du SPD est historique parce qu’elle survient dans un contexte où seule une victoire écrasante est théoriquement possible et concevable dans son cas. Toutes les conditions sont réunies, comme jamais elles ne le seront à l’avenir, l’histoire ne repassant jamais les mêmes plats, pour que ce soit son principal adversaire qui connaisse une défaite éclatante, et cependant c’est tout le contraire qui arrive.

    C’est à tort qu’on invoquera les sondages qui tous donnaient gagnants aussi bien la CDU/CSU que les libéraux pour contester ce que nous disons là. Le fait que la défaite ait été annoncée, de plus à peu près dans les termes dont finalement elle se revêt, ne veut pas dire qu’elle est dans l’ordre des choses, qu’elle est logique, qu’elle correspond en tous points aux conditions dans lesquelles elle survient. Logiquement parlant, la victoire devait revenir au SPD, en tout cas d’abord à lui, étant entendu que l’autre formation de gauche, Die Linke, est nouvelle, encore que pour sa part elle n’a pas perdu ces élections, loin de là.

    Sûrement, beaucoup d’analyses seront faites pour rendre compte de ce qui peut sembler aussi une absurdité ou un effet de l’ironie insondable des choses. Le débat ne fait que commencer. Il reste que quand un parti perd alors qu’il devrait gagner, c’est qu’il est sans doute bien plus gravement atteint qu’il n’a tendance à le croire.

    Par Mohamed Habili
    Le Jour d'Algérie
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