Annonce

Réduire
Aucune annonce.

La migraine de l'enfant

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • La migraine de l'enfant

    Pendant longtemps lorsqu'un enfant se plaignait d'avoir mal à la tête, on pensait que ce n'était pas qu'un banal maux de tête. Il n'en est rien, l'enfant peut être sujet à de véritables migraines qui peuvent être très invalidante et qu'il faut traiter sans attendre.

    ===

    "Maman, j'ai mal à la tête." Si elle revient régulièrement, cette petite phrase ne doit pas être prise à la légère. La céphalée n'est pas seulement une maladie d'adultes. Longtemps ignorée, la migraine de l'enfant constitue une véritable pathologie qui toucherait entre 5 % et 10 % des moins de 15 ans. "La migraine de l'enfant est très mal repérée parce que les médecins ont été très peu formés à la reconnaître. On entend dire que c'est "psychologique", ce qui, en France, équivaut à "ce n'est rien"", regrette le docteur Daniel Annequin, responsable de l'unité douleur de l'hôpital Armand-Trousseau à Paris, où le premier Centre de la migraine de l'enfant a été créé en 2002.

    Céphalée primaire récurrente d'origine biologique, la migraine chez l'enfant est une maladie génétique bénigne, mais elle peut être "invalidante" et sérieusement perturber la vie scolaire, familiale et sociale. Le mal de tête intense dure parfois de deux à quarante-huit heures, avec une localisation plus souvent bilatérale que frontale.

    "La migraine évolue par crises stéréotypées", expliquent les spécialistes. Ces crises imprévisibles débutent souvent par une pâleur importante. Les yeux sont "creux" et cernés ; l'enfant s'allonge, interrompt ses activités, ne supporte pas le bruit ou la lumière.

    La survenue d'une migraine est liée à un ou plusieurs facteurs déclenchants. Habituellement, on évoque les stimulations sensorielles (bruit, chaleur, lumière), l'exercice physique intense, la faim (hypoglycémie) et le manque ou l'excès de sommeil. Cependant, les facteurs psychologiques (contrariété, émotion, stress) "sont très souvent au premier plan", indique Dr Annequin. Ainsi, les crises migraineuses sont plus fréquentes lors des périodes scolaires que durant les vacances.

    La migraine peut aussi s'accompagner de signes digestifs (nausées, vomissements), de douleurs abdominales ou de vertiges. Il est recommandé de tenir un "agenda des crises" afin d'aider l'enfant et sa famille à identifier les facteurs déclenchants et de permettre aux médecins d'apprécier la sévérité de la migraine et son retentissement sur la vie quotidienne (absentéisme scolaire par exemple). "Cette maladie est l'exemple typique de l'intrication entre le "biologique" et le "psychologique"", précise Dr Annequin.

    Pour soigner la migraine chez l'enfant, l'Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé (Anaes) recommande depuis 2003 l'utilisation des méthodes de relaxation et d'hypnose comme traitement de fond. "Les données de la littérature permettent de conclure à l'efficacité de la relaxation, du rétro-contrôle, des thérapies comportementales et cognitives dans la prévention de la migraine chez l'enfant et l'adolescent, où ces méthodes sont préférables en première intention aux traitements médicamenteux", indique l'Anaes dans son document de référence.

    UN FILM POUR SENSIBILISER

    Afin de sensibiliser les professionnels de santé mais aussi les parents concernés, le Centre de la migraine de l'enfant de l'hôpital Trousseau a réalisé un film sur la prise en charge non médicamenteuse, qu'il diffuse depuis le 13 décembre. "Grâce à l'hypnose et à la relaxation, nous enregistrons une diminution d'au moins 50 % du nombre de crises et une baisse de leur intensité", insiste Isabelle Célestin-Lhopiteau, psychologue-psychothérapeute à Trousseau. Allongés sur des matelas, guidés par la douce voix du psychologue, les enfants apprennent à se focaliser sur les sensations de leur corps pour se détendre et "lâcher prise". "Nous les aidons à trouver une autre manière de réagir face à ce qui leur pose problème, explique Mme Célestin-Lhopiteau. L'objectif est de mieux gérer les crises mais aussi de les prévenir afin que les enfants ne soient plus otages de leur douleur et qu'ils se sentent moins angoissés."

    Certains enfants ou adolescents peuvent difficilement accepter l'idée d'une relaxation. "Ils regardent leurs chaussures, on leur dit : essaie et après tu verras", raconte Dr Annequin. Certains jeunes patients ont juste besoin de trois séances, d'autres devront en suivre au moins six avant de devenir autonomes et de pouvoir reproduire, seuls, une séance de relaxation. "A terme, l'enfant qui s'est constitué sa propre "boîte à outils" peut devenir son propre thérapeuthe", expliquent les médecins.

    L'unité douleur de l'hôpital Trousseau, qui s'intéresse depuis 1996 à la prise en charge de la migraine de l'enfant et suit quelque 2 000 jeunes patients, est devenue "centre de référence" afin de développer la recherche clinique et de sensibiliser les professionnels de santé à cette pathologie via un réseau régional. "Le film permet de combler un vide car aucun support pédagogique n'existait pour expliquer la réalité de ces méthodes et montrer l'intérêt d'une prise en charge pluridisciplinaire", estime Dr Annequin. Pour l'instant, les équipes spécialisées dans la migraine de l'enfant restent très marginales. "De plus, se pose le problème du remboursement des séances d'hypnose ou de relaxation", regrette Mme Célestin-Lhopiteau.

    Diffusé gratuitement aux pédiatres, psychologues ou infirmières, le film — dans une version courte — est également proposé aux parents par l'association Sparadrap, qui aide les familles des enfants malades ou hospitalisés.


    Source: Le monde
Chargement...
X