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Eliot Spitzer: le shérif de Wall Street

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  • Eliot Spitzer: le shérif de Wall Street

    Procureur général de New York, Eliot Spitzer est redouté par les grandes compagnies de Wall Street pour ses méthodes offensives, lui qui a déclaré la guerre aux manipulateurs de chiffres. Si Wall Street est plus propre côté finances et si la confiance des investisseurs est de retour, c'est essentiellement grâce à lui. C'est un peu la revanche des pauvres, lui qui est né au Bronx, l'un des quartiers les plus pauvres de New York.

    Je rêve d'un jour où l'Algérie aura ses "Eliot Spitzer" qui partiront en guerre contre la corruption à Alger.

    - Son site : http://www.oag.state.ny.us/

    ===
    Dimanche 16 mars, Sanford (Sandy) Weill, alors président de Citigroup, la première banque du monde, organisait à Carnegie Hall un gala pour fêter son 70e anniversaire. Tout ce que New York compte de personnalités du monde de la finance et de la politique se bousculait ce soir-là en smoking et robe du soir : George Pataki, le gouverneur de l'Etat, Michael Bloomberg, le maire de la ville, Rudolph Giuliani, son prédécesseur, des dizaines de patrons... Seule exception notable : Eliot Spitzer.

    L'attorney général de l'Etat de New York, pourtant l'un des hommes les plus importants de la ville, n'était pas invité. Après l'avoir dédaigné, voire raillé pour son côté Don Quichotte, son goût prononcé de la publicité, son allure dégingandée et son sourire adolescent, Wall Street a appris à le craindre, voire à le haïr.

    Après les excès de la bulle, des "années fric" et de la folie Internet, il a contraint les établissements financiers à rendre des comptes, à reconnaître implicitement la corruption, à licencier leurs collaborateurs indélicats et à payer des amendes de centaines de millions de dollars. Sandy Weill lui-même, au faîte de sa gloire, a dû renoncer à diriger sa banque et a présenté des excuses publiques.

    Eliot Spitzer a fait la "une" de la presse, récoltant au passage une multitude de surnoms : "le shérif de Wall Street", "M. Propre", "Eliot Spitzer Ness", "Batman". Les sondages et les experts politiques lui prédisent, à 43 ans, un destin politique brillant. Il a été réélu haut la main attorney général - fonction équivalente à celle d'un ministre de la justice élu -, en 2002, et semble aujourd'hui le démocrate le mieux placé pour reconquérir en 2006 le poste de gouverneur de l'Etat de New York. "Il est sans doute le seul homme du pays à avoir été capable de tirer parti des scandales financiers, et il est le seul à réellement avoir fait quelque chose pour les combattre", résume Richard Schrader, consultant proche des démocrates.

    A condition que l'hostilité de l'industrie financière ne lui barre pas la route. A la fin des années 1990, les grands banquiers de Wall Street pouvaient à juste raison se considérer comme les "maîtres du monde", selon l'expression de l'auteur du Bûcher des vanités, Tom Wolfe. Eliot Spitzer les a fait tomber de leur piédestal, et ils ne sont pas près de le lui pardonner. Il a, disent-ils, affaibli une industrie qui avait déjà un genou à terre et contribué à faire perdre aux épargnants la foi en la Bourse de New York à seule fin de se ménager un avenir politique.

    Plus insupportable encore : Eliot Spitzer, produit de Princeton et de Harvard, est de leur monde. En sortant de l'université, il a travaillé sur les fusions et acquisitions pour le cabinet d'avocats Skadden Arps. Avec sa femme, Silda Wall, et ses trois filles, il vit, grâce à la fortune familiale, dans un luxueux immeuble de la Ve Avenue, à Manhattan, exactement comme les barons de la finance. La moitié de ses amis sont des banquiers, l'autre moitié des avocats travaillant pour des banquiers. Sa seule différence, de taille, est d'avoir été séduit très jeune par la politique. Son père, Bernard Spitzer, fils d'immigrés juifs d'Europe centrale arrivés à New York dans les années 1920, a fait fortune dans l'immobilier, tout en restant un libéral, c'est-à-dire un homme de gauche, au sens américain. A la table des Spitzer, les discussions politiques étaient fréquentes et animées.

    Voilà sans doute pourquoi, à l'âge de 35 ans, obscur procureur adjoint, sans appui particulier au Parti démocrate, avec le seul soutien financier de sa famille, Eliot se porte candidat en 1994 au poste d'attorney général de l'Etat de New York. Il perd, mais retient la leçon : quatre ans plus tard, il gagne.

    A la tête du parquet, il voit plus grand. New York devient le premier Etat à poursuivre des centrales électriques en vertu de la loi sur la pollution atmosphérique, le Clean Air Act. La procédure se conclut par un règlement sans précédent : deux géants de l'industrie électrique acceptent de payer 2,6 milliards de dollars - victoire symbolique, puisque l'administration Bush a suspendu le Clean Air Act.

    Eliot Spitzer a été également le premier à poursuivre des fabricants d'armes à feu en détournant une loi sur les nuisances publiques. Il a perdu en première instance et fait appel. Il s'est attaqué aux laboratoires pharmaceutiques qui limitent la vente de médicaments génériques, aux majors du disque pour entente sur les prix et à des établissements de crédit immobilier pour la même raison. Il a poursuivi General Electric pour pollution de l'Hudson - le fleuve qui baigne Manhattan - et a perdu... sans regrets. "Si vous gagnez tout le temps, c'est que vous choisissez des affaires trop faciles."

    - La suite : lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3230,36-334005@45-1,0.html
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