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Afrique/Amérique du Sud : les enjeux d’un rapprochement

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  • Afrique/Amérique du Sud : les enjeux d’un rapprochement

    Le Sud affiche sa détermination à unir ses forces pour s’affranchir de la dépendance des puissances riches du Nord.

    L’idée d’organiser un sommet Afrique-Amérique du Sud (ASA) a été proposée en avril 2005 par le président Obasanjo du Nigeria lors de la visite de Lula da Silva, le président du Brésil. L’initiative prend corps au moment où l’arrivée au pouvoir de la gauche au Brésil et au Venezuela imprime un changement de cap dans les relations avec l’Afrique. Le premier sommet ASA se tient fin 2006 à Abuja. Bien que potentiellement riches, les deux régions, libérées du joug colonial au 19e et 20e siècle, ont un autre dénominateur commun : elles sont lourdement endettées envers les pays occidentaux et les grandes institutions internationales.

    Pour renverser la tendance, le Sud affiche sa détermination à unir ses forces pour s’affranchir de la dépendance des puissances riches du Nord. Ensemble, les pays concernés voudraient additionner leurs poids pétroliers respectifs, ou encore créer une banque des pays du Sud, afin de se soustraire à l’influence du FMI et de la Banque mondiale.

    Après les déclarations d’intention, on est entré dans le vif du sujet le week-end dernier sur l'île de Margarita au Venezuela, où s’est tenu le deuxième sommet ASA. Concrètement, soixante pays africains et sud-américains se sont prononcés en faveur d'un nouveau système financier, fondé sur des institutions régionales et sur une logique de développement. Dans la déclaration finale, les participants insistent sur la nécessité de renforcer leur alliance Sud-Sud, pour mieux résister aux crises éclatant dans les pays industrialisés et parler d'une voix plus forte dans les organisations internationales. « Nous devons négocier un accord monétaire régional et bi-régional pour coordonner nos politiques et éviter que la crise ne s'approfondisse dans nos pays", a plaidé le président de l'Equateur, Rafael Correa, président en exercice de l'Unasur (Union des Nations sud-américaines). Avant lui, le président vénézuélien Hugo Chavez a proposé la création d'une banque bi-régionale pour financer les projets de coopération africano-sud-américains. Sans plus attendre, sept pays sud-américains ont fait un premier pas indispensable pour la réalisation du projet, en signant samedi dernier l'acte de naissance officiel de la Banque du Sud. « Nous devons chercher de nouveaux partenaires. Le XXIe siècle peut être le siècle de l'Afrique et de l'Amérique latine. Il faudra que nous dépendions plus de nos décisions que d'hypothétiques aides extérieures », a argumenté le président brésilien. Il a aussi appelé les deux blocs à oeuvrer ensemble pour obtenir "l'ouverture des marchés agricoles européens aux pays africains", dans le cadre des négociations au sein de l'OMC visant à conclure le cycle de Doha sur la libéralisation des échanges, entamé en 2001. Les deux régions se proposent aussi de multiplier les projets énergétiques communs ou de renforcer la coopération en matière de santé et d'agriculture. Pour assurer un meilleur suivi des projets lancés, un secrétariat de l'ASA sera installé au Venezuela et un groupe limité de pays se réunira régulièrement.

    M. Chavez a en outre multiplié les propositions. En matière énergétique, le président vénézuélien, premier exportateur latino-américain de brut, a notamment proposé de créer une compagnie publique plurinationale, chargée d'alimenter en carburant les deux régions, qu'il a baptisée "Petrosur".

    Il a aussi milité pour la construction de raffineries en Afrique, afin que les pays producteurs tirent un meilleur prix de leur pétrole, et a annoncé la signature d’accords ou de lettres d'intention pour plusieurs projets énergétiques et miniers avec des pays africains. La présidente de l’Argentine Cristina Kirchner, a quant à elle proposé de fournir la "technologie, l'expertise et les machines pour que l'Afrique (...) puisse produire elle-même ses aliments". Le prochain sommet ASA aura lieu en 2011 en Libye.

    Rousseau-Joël FOUTE

    © Copyright Cameroon-Tribune
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