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La danse comme parade nuptiale

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  • La danse comme parade nuptiale

    Dans de nombreuses espèces animales, la danse a souvent été un très bon outil de séduction et signe de bonne santé. En es t'il de même chez les humains, c'est ce qu'ont voulus découvrir une équipe de chercheurs dirigée par William Brown en menant une étude à la Jamaïque et les résultats sont plutôt positifs.

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    La danse tient de la parade amoureuse. C'est le moment clé de la sélection sexuelle pour de nombreuses espèces animales. Chez les oiseaux, par exemple, plusieurs études ont montré qu'à cette occasion les mâles exhibent leurs plus beaux plumages. Pour Darwin et ses héritiers, ces beaux atours sont avant tout des signaux de bonne santé. Ils sont déterminants pour les femelles qui, avant de s'accoupler, cherchent des garanties pour pouvoir assurer la survie de leur future progéniture. Une équipe d'anthropologues et d'informaticiens américains a voulu savoir si, chez l'homme, cet enjeu sélectif joue aussi. Après plusieurs années de recherche, ils assurent avoir trouvé assez d'indices pour affirmer que oui (1). Pour eux, la danse n'est pas seulement une activité artistique, un rituel sociologique ou ethnologique. C'est autre chose.


    Mesurés sous toutes les coutures


    Il a fallu beaucoup de détours à l'équipe dirigée par William Brown, de l'université Rutgers (New Jersey), avant d'en arriver à cette conclusion. D'abord, ils ont filmé plus de 180 jeunes Jamaïquains, garçons et filles, en train de se trémousser seuls devant huit caméras. Tous avaient déjà été soigneusement mesurés sous toutes les coutures (notre encadré). Les chercheurs ont ensuite transposé leurs mouvements sur des mannequins virtuels articulés et complètement asexués. «Les vêtements et l'aspect physique nous empêchent souvent d'évaluer les performances réelles d'un danseur», justifient les auteurs de l'étude. Assurément, c'est une façon très inhabituelle de regarder des danseurs. Dans un deuxième temps, ils ont présenté les évolutions des mannequins sur écran à 150 autres jeunes Jamaïquains en leur demandant de choisir celles qu'ils préféraient.

    Bien sûr, l'exercice n'était pas proposé sans arrière-pensée. En effet, les performances les mieux notées comme les meilleures avaient toutes une caractéristique commune, que le traitement a révélée sans peine : les gestes du haut du corps étaient bien symétriques (la symétrie est perçue chez l'homme comme un signe positif). Sur le site de la revue Nature, on voit le mannequin bon danseur bien posé sur ses jambes, donnant l'impression de contrôler sans peine ses mouvements de bras. Au contraire, les mal notés font de grands gestes chaloupés avec les bras qui pendent. L'analyse des images a relevé dans ce cas-là une forte asymétrie des gestes.

    Mais les chercheurs ont eu aussi le plaisir de constater deux choses : les meilleurs danseurs étaient majoritairement de sexe masculin, et les spectateurs les plus sensibles à cette symétrie mesurée par l'ordinateur étaient plutôt de sexe féminin. Là encore, rien de surprenant. «Chez les espèces où les pères investissent moins d'énergie que les mères pour leur progéniture, les femelles sont normalement plus sélectives pour le choix de leur partenaire sexuel, et les mâles investissent plus lors de la parade sexuelle.» Reste maintenant à savoir si le fait d'être un bon danseur est le gage d'un succès reproducteur. «Nous allons étudier cette question sur le long terme avec la même population», annoncent les anthropologues.

    (1) Nature, 22-29 décembre 2005.

    Source: Le Figaro
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